Dans le billet précédent, nous avons montré comment le député du Nord Christian Vanneste utilise des arguments fallacieux et trompeurs pour rapprocher l'homosexualité de l'éphébophilie, afin de stigmatiser les gays en les faisant passer pour des pédophiles.
La fin de son article concernait cependant le mariage, et mérite à elle seule un supplément de douceurs que nous vous livrons ici tant l'auteur persiste dans l'art de manipuler son lectorat.
En effet, le député essaie d'établir son incompatibilité avec les couples homosexuels, en suivant un cheminement progressif pour diluer ses incohérences. En premier lieu, le mariage représenterait « l’accord de deux personnes différentes et complémentaires ». Dès le départ, Christian Vanneste essaie de de débarrasser des ménages de même sexe en introduisant la différence des deux parties, qu'on imagine pour lui se situer au niveau biologique, ce qu'il essaie d'ailleurs de faire croire insidieusement au lecteur par cette formulation ambigüe. C'est évidemment totalement réducteur, la différence et la complémentarité réelles de deux personnes se plaçant sur un plan intellectuel et affectif. La preuve est accessible : ces éléments sont également nécessaires à l'amitié, qu'on sait ne pas dépendre du sexe des individus mais des affinités entre les personnes, impossible à résumer ou identifier à leur physiologie. D'ailleurs, la frontière entre amour et amitié peut s'avérer tenue ; il serait absurde de vouloir les y opposer. Ce qui signifie bien que la différence biologique n'est pas un prérequis à la complémentarité.
Ce point ne présente donc pas plus d'incompatibilité avec les couples homosexuels que le suivant, selon lequel le mariage serait un « accord pour la vie de 2 libertés qui veulent et veulent les conséquences de ce qu’elles veulent » (admirez la clarté du propos qui cache en outre une maxime des plus plates). Les personnes de même sexe souhaitant se marier acceptent en effet parfaitement à cette description.
Enfin, le mariage doit également être « parfaitement conforme à l’intérêt présent et futur de la société ». Impossible de cacher notre étonnement de voir Christian Vanneste, député de la République Française, se targuer de connaitre les intérêts actuel et à venir de notre société, et mieux, de se sentir investi d'une mission visant à les défendre pieusement contre ses ennemis - à savoir les homosexuels. Mais les positions précédentes du personnage nous permettent de deviner qu'il fait ici référence à la reproduction. Car en effet, les gays ne font pas d'enfants.
Mais en utilisant cet argument pour exclure du mariage les couples de même sexe, suppose-t-il que le mariage les rendrait encore moins fertiles ? Ou pense-t-il que cette opportunité ferait progresser leur nombre ?
« Papa, maman, j'ai décidé de devenir homosexuel, comme ça je pourrai me marier avec mon cousin Nicodem ! Je n'y avais pas songé avant car le Pacs ne me tentait pas vraiment, mais la possibilité de contracter une réelle union institutionnelle et de bénéficier ainsi d'une responsabilité accrue à l'égard de mon conjoint a levé toutes mes incertitudes ! »
C'est dans les deux cas méconnaitre totalement la problématique concernée : l'homosexualité n'est pas contagieuse, et les gays sont déjà dans l'incapacité de procréer biologiquement. Le mariage ne changerait absolument rien aux questions soulevées par le député.
Il ne s'agit clairement que d'un prétexte, qui masque en réalité un mode de pensée inquiétant : vouloir conditionner l'union des gens à l'intérêt de la société ! Quelle ingérence dans nos vies, et que de dérives potentielles cette idée introduit-elle. Il faut faire des enfants. Devrait-t-on conditionner le mariage à la création d'une progéniture en bonne santé, ou le refuser aux couples stériles ? Et à ceux dont le patrimoine génétique rend probable la naissance d'un handicapé, que l'État devra assister ? Ce raisonnement par l'absurde illustre simplement l'incohérence de cet argument. Le mariage est l'union de deux êtres, avant de servir l'« intérêt de la société ».
Il va sans dire que s'il est vital pour notre pays que chacun assure sa descendance, Christian Vanneste soutiendra avec ferveur l'adoption pour les couples de même sexe, qui permettrait de faire remonter légèrement la moyenne nationale et ainsi de compenser la stérilité des unions homosexuelles...
Plus sérieusement, il est improbable qu'un député de la république défende de tels points de vue liberticides ; on se situe bien dans le registre de la surenchère où les positions les plus extrêmes sont employées pour défendre des opinions qui ne peuvent l'être autrement. Tout cet argumentaire en faveur du mariage hétérosexuel n'a pas de fondement rationnel et ne repose que sur les dogmes de Christian Vanneste : si la situation est telle, c'est qu'elle est fondée ; toute tendance visant à la remettre en cause ou à faire évoluer certains prémices sur lesquels sont basés notre société est contraire à l'ordre des choses.
Ce mode de pensée auquel les représentants de l'Église ont eu recours pendant le procès de Galilée ou quand la traite des noirs était en débat, et que le député reprend à son compte pour condamner l'homosexualité, a amplement prouvé ses limites par le passé.
Tous les axiomes sur lesquels se basent notre société ne sont pas au dessus de toute remise en question, et c'est justement l'intelligence du politique que de ne pas les laisser brider leur réflexion.
lundi 31 mai 2010
lundi 17 mai 2010
Quand Christian Vanneste réfléchit sur la pédophilie pour mieux condamner l'homosexualité
Le 30 avril 2010, Christian Vanneste, le fameux député du Nord, s'est fendu d'un billet à propos des déboires de l'Église Catholique, embourbée dans un nombre important d'affaires de pédophilie (qui reste anecdotique par rapport à la masse du clergé).
Il utilise en fait cette problématique, comme l'on pouvait s'y attendre, pour charger une fois de plus l'homosexualité, et ce dès la première ligne de sa prose : « l’atelier sémantique gay a inventé la prise de judo conceptuelle la plus efficace : la pédophilie est un crime. L’homosexualité une vertu. » Présentée de manière anodine, cette introduction est parfaitement sinistre. Car le député associe d'entrée de jeu l'homosexualité à la pédophilie, comme si leur nature était intrinsèquement identique et que seules des considérations linguistiques les séparaient, inventées, de plus, par une certaine communauté homosexuelle désireuse de mystifier la population. D'une audace stupéfiante de mépris et de déconsidération ! Heureusement, ce postulat inexact remet d'entrée de jeu en question l'argumentation à venir du député, d'une part car il n'existe aucune statistique signifiant que les jeunes garçons sont plus ciblés que les jeunes filles par les pédocriminels (à part les affirmations de l'Église, sur lesquelles nous reviendrons par la suite), et d'autre part car la physiologie d'un enfant est fondamentalement différente de celle d'un adulte, et ne permet donc pas d'établir un lien entre le sexe des enfants agressés et les préférences sexuelles des agresseurs : l'attirance qu'ils éprouvent est ailleurs que dans la masculinité ou féminité de leurs victimes, car elle n'est pas construite à ces âges. Mais l'auteur lie homosexualité et pédophilie avant même d'entrer dans le vif du sujet et d'essayer de démontrer leur proximité, ce qui marque clairement son absence d'objectivité et invalide déjà la forme de son raisonnement puisque qu'il présente d'abracadabrantes vérités comme établies avant de commencer.
Mais penchons-nous sur le fond. Il introduit la notion d'éphébophilie, « l’attirance des hommes pour les adolescents pubères mais ambigus de traits ». Mais il précise qu'elle « ne commence ni ne s’arrête à 15 ans », ne cachant guère que cette distinction sémantique n'est en fait qu'un artifice pour parler à nouveau de pédophilie, puisque les enfants de moins de 15 ans sont également concernés. Et d'après lui, l'homosexualité y serait liée par essence, ce que prouverait la confusion permanente qui règne entre les deux. C'est encore une fois une affirmation grossière, présentée comme une vérité par son auteur alors que l'argument est parfaitement fallacieux : l'«art et la littérature» le justifieraient, et le lecteur est prié d'y croire sur parole. N'attendez pas de lui qu'il évoque Pierre de Ronsard et son « Mignonne » dédié à Cassandre alors âgée de 13 ans, Vladimir Nabokov et son « Lolita » dans lequel il décrit sa relation avec une jeune fille de 12 ans, Christian Vanneste se contente de généraliser des références qu'il ne prend pas la peine de citer. Il manque malheureusement d'honnêteté intellectuelle tant l'argument pourrait être appliqué à l'identique à l'hétérosexualité : aurait-il oublié que l'Église dont il se fait le porte-parole et dont il défend la conception du mariage autorisait celui-ci, au Moyen-Âge, dès l'âge de 12 ans ? Et on ne parle pas d'art ici, seulement d'Histoire.
Revenons sur l'argument de l'homosexualité des prêtres mis en causes dans les affaires qui secouent actuellement l'Église. 90% des cas seraient des attouchements sur des adolescents plutôt que sur des enfants, et 60% de ces cas auraient été des actes perpétré sur des garçons, ce qui a naturellement permis à notre député et au cardinal Tarcisio Bertone (n°2 du Vatican), de dresser immédiatement des conclusions sur la nature éphébophile et donc perverse des homosexuels, et par la même occasion de détourner l'attention des prêtres fautifs sur les gays - tant qu'à faire, pourquoi ne pas jeter ses sombres squelettes sur les autres afin de s'en débarrasser ? Pourtant, l'interprétation d'une donnée brute sans considérer la situation dans son ensemble est simplement invalide d'un point de vue statistique. Cet écueil de méthode, particulièrement sournois et captieux, se glisse très régulièrement dans les propos des opposants à l'homosexualité pour faire office d'argument d'autorité sur le lecteur (les Chiffres ne mentent pas), alors même qu'il rend en réalité la preuve inepte.
Par exemple, d'après les statistiques du Collectif Féministe contre le Viol, le département du Nord dont vient Mr. Vanneste est après Paris le premier de France en nombre de viols, avec une avance importance sur la majorité des autres. Alors pourquoi le député ne conclurait-t-il pas à la perversion intrinsèque des siens ? Parce que ce serait négliger tout un contexte, à la fois socio-économique et statistique.
C'est la même chose ici : en ne donnant aucune indication sur l'exposition des prêtres concernés aux garçons et aux filles (les enfants de chœur ne comportent des filles que depuis 1983, et sur autorisation), en taisant le refoulement dramatique que l'Église a imposé à ceux d'entre eux qui se savaient homosexuels, et en ne faisant pas la moindre allusion à leur célibat particulièrement susceptible de créer des frustrations et de susciter des comportements extrêmes, le député est malhonnête. Il ne présente aucun de ces éléments car ils n'accréditent évidemment pas la thèse de l'auteur, et qu'il serait regrettable de manquer une si bonne occasion de dénoncer l'homosexualité à grands renforts de préjugés, quitte à mettre son intégrité de côté.
Car les chiffres fournis par le Vatican ne sont absolument pas cohérents avec les seules statistiques dont nous disposons en France, celles de la ligne SOS Viols Femmes Informations, qui recueille également les témoignages des hommes. Car les statistiques sont explicites : en 2007, sur 1575 cas de viols de mineurs de 0 à 14 ans, 145 concernaient des garçons, soit moins de 10%. Aucune sur-représentativité, d'autant plus que nous parlons ici d'enfants auprès desquels l'orientation sexuelle n'a pas beaucoup de sens pour les raisons énoncées plus haut : il serait douteux de vouloir rapprocher les attirances qu'un agresseur peut avoir pour un enfant de moins de 14 ans et pour un adulte. Mais parlons maintenant d'éphébophilie, car les statistiques de l'association sont précises : 340 viols signalés ont eu lieu sur des adolescents de 15 à 17 ans, dont 10 concernaient des garçons soit moins de... 3%. Où se cache l'« éphébophilie » des homosexuels ? La réalité est à des années-lumières de ce que l'Église dit se passer dans le clergé, qui devrait d'ailleurs s'inquiéter de sa troublante singularité.
Mais Christian Vanneste s'improvise sociologue et croit conclure en une ligne sur un sujet qui pourrait faire l'objet d'une thèse, au renfort d'un seul chiffre donné par le Vatican en totale contradiction avec les données disponibles par ailleurs, et en faisant fi de toute analyse. C'est somme toute assez révélateur de la droiture de sa position, car il ne fait nulle doute que cet ex-professeur de philosophie connait parfaitement les nombreuses failles de son raisonnement ici mises en lumière, qu'il choisit sciemment d'occulter pour défendre son point de vue radical.
Il enfonce le clou quelques lignes plus tard, en répétant que la distinction faite entre homosexualité et pédophilie n'est qu'une « coupure sémantique à la fois grossière et hypocrite ». Mais cette affirmation se basant sur des lemmes erronés, l'intégralité de la démonstration s'effondre. En effet, nous n'avons pas à prouver que l'homosexualité n'a rien à voir avec la pédophilie car rien ne permet de le soupçonner, s'agissant d'une idée façonnée par ses adversaires au nom de leurs croyances.
C'est donc l'inverse qu'il faudrait mettre en évidence, ce à quoi Christian Vanneste s'essaye en manipulant les sophismes et la duperie avec talent. Mais on ne façonne pas les vérités avec des arguments trompeurs et des idées préconçues. Par contre, c'est de cette façon qu'on entretient les préjugés et qu'on contribue à stigmatiser une catégorie de la population, procédé aux antipodes des valeurs républicaines qu'il estime défendre.
Il utilise en fait cette problématique, comme l'on pouvait s'y attendre, pour charger une fois de plus l'homosexualité, et ce dès la première ligne de sa prose : « l’atelier sémantique gay a inventé la prise de judo conceptuelle la plus efficace : la pédophilie est un crime. L’homosexualité une vertu. » Présentée de manière anodine, cette introduction est parfaitement sinistre. Car le député associe d'entrée de jeu l'homosexualité à la pédophilie, comme si leur nature était intrinsèquement identique et que seules des considérations linguistiques les séparaient, inventées, de plus, par une certaine communauté homosexuelle désireuse de mystifier la population. D'une audace stupéfiante de mépris et de déconsidération ! Heureusement, ce postulat inexact remet d'entrée de jeu en question l'argumentation à venir du député, d'une part car il n'existe aucune statistique signifiant que les jeunes garçons sont plus ciblés que les jeunes filles par les pédocriminels (à part les affirmations de l'Église, sur lesquelles nous reviendrons par la suite), et d'autre part car la physiologie d'un enfant est fondamentalement différente de celle d'un adulte, et ne permet donc pas d'établir un lien entre le sexe des enfants agressés et les préférences sexuelles des agresseurs : l'attirance qu'ils éprouvent est ailleurs que dans la masculinité ou féminité de leurs victimes, car elle n'est pas construite à ces âges. Mais l'auteur lie homosexualité et pédophilie avant même d'entrer dans le vif du sujet et d'essayer de démontrer leur proximité, ce qui marque clairement son absence d'objectivité et invalide déjà la forme de son raisonnement puisque qu'il présente d'abracadabrantes vérités comme établies avant de commencer.
Mais penchons-nous sur le fond. Il introduit la notion d'éphébophilie, « l’attirance des hommes pour les adolescents pubères mais ambigus de traits ». Mais il précise qu'elle « ne commence ni ne s’arrête à 15 ans », ne cachant guère que cette distinction sémantique n'est en fait qu'un artifice pour parler à nouveau de pédophilie, puisque les enfants de moins de 15 ans sont également concernés. Et d'après lui, l'homosexualité y serait liée par essence, ce que prouverait la confusion permanente qui règne entre les deux. C'est encore une fois une affirmation grossière, présentée comme une vérité par son auteur alors que l'argument est parfaitement fallacieux : l'«art et la littérature» le justifieraient, et le lecteur est prié d'y croire sur parole. N'attendez pas de lui qu'il évoque Pierre de Ronsard et son « Mignonne » dédié à Cassandre alors âgée de 13 ans, Vladimir Nabokov et son « Lolita » dans lequel il décrit sa relation avec une jeune fille de 12 ans, Christian Vanneste se contente de généraliser des références qu'il ne prend pas la peine de citer. Il manque malheureusement d'honnêteté intellectuelle tant l'argument pourrait être appliqué à l'identique à l'hétérosexualité : aurait-il oublié que l'Église dont il se fait le porte-parole et dont il défend la conception du mariage autorisait celui-ci, au Moyen-Âge, dès l'âge de 12 ans ? Et on ne parle pas d'art ici, seulement d'Histoire.
Revenons sur l'argument de l'homosexualité des prêtres mis en causes dans les affaires qui secouent actuellement l'Église. 90% des cas seraient des attouchements sur des adolescents plutôt que sur des enfants, et 60% de ces cas auraient été des actes perpétré sur des garçons, ce qui a naturellement permis à notre député et au cardinal Tarcisio Bertone (n°2 du Vatican), de dresser immédiatement des conclusions sur la nature éphébophile et donc perverse des homosexuels, et par la même occasion de détourner l'attention des prêtres fautifs sur les gays - tant qu'à faire, pourquoi ne pas jeter ses sombres squelettes sur les autres afin de s'en débarrasser ? Pourtant, l'interprétation d'une donnée brute sans considérer la situation dans son ensemble est simplement invalide d'un point de vue statistique. Cet écueil de méthode, particulièrement sournois et captieux, se glisse très régulièrement dans les propos des opposants à l'homosexualité pour faire office d'argument d'autorité sur le lecteur (les Chiffres ne mentent pas), alors même qu'il rend en réalité la preuve inepte.
Par exemple, d'après les statistiques du Collectif Féministe contre le Viol, le département du Nord dont vient Mr. Vanneste est après Paris le premier de France en nombre de viols, avec une avance importance sur la majorité des autres. Alors pourquoi le député ne conclurait-t-il pas à la perversion intrinsèque des siens ? Parce que ce serait négliger tout un contexte, à la fois socio-économique et statistique.
C'est la même chose ici : en ne donnant aucune indication sur l'exposition des prêtres concernés aux garçons et aux filles (les enfants de chœur ne comportent des filles que depuis 1983, et sur autorisation), en taisant le refoulement dramatique que l'Église a imposé à ceux d'entre eux qui se savaient homosexuels, et en ne faisant pas la moindre allusion à leur célibat particulièrement susceptible de créer des frustrations et de susciter des comportements extrêmes, le député est malhonnête. Il ne présente aucun de ces éléments car ils n'accréditent évidemment pas la thèse de l'auteur, et qu'il serait regrettable de manquer une si bonne occasion de dénoncer l'homosexualité à grands renforts de préjugés, quitte à mettre son intégrité de côté.
Car les chiffres fournis par le Vatican ne sont absolument pas cohérents avec les seules statistiques dont nous disposons en France, celles de la ligne SOS Viols Femmes Informations, qui recueille également les témoignages des hommes. Car les statistiques sont explicites : en 2007, sur 1575 cas de viols de mineurs de 0 à 14 ans, 145 concernaient des garçons, soit moins de 10%. Aucune sur-représentativité, d'autant plus que nous parlons ici d'enfants auprès desquels l'orientation sexuelle n'a pas beaucoup de sens pour les raisons énoncées plus haut : il serait douteux de vouloir rapprocher les attirances qu'un agresseur peut avoir pour un enfant de moins de 14 ans et pour un adulte. Mais parlons maintenant d'éphébophilie, car les statistiques de l'association sont précises : 340 viols signalés ont eu lieu sur des adolescents de 15 à 17 ans, dont 10 concernaient des garçons soit moins de... 3%. Où se cache l'« éphébophilie » des homosexuels ? La réalité est à des années-lumières de ce que l'Église dit se passer dans le clergé, qui devrait d'ailleurs s'inquiéter de sa troublante singularité.
Mais Christian Vanneste s'improvise sociologue et croit conclure en une ligne sur un sujet qui pourrait faire l'objet d'une thèse, au renfort d'un seul chiffre donné par le Vatican en totale contradiction avec les données disponibles par ailleurs, et en faisant fi de toute analyse. C'est somme toute assez révélateur de la droiture de sa position, car il ne fait nulle doute que cet ex-professeur de philosophie connait parfaitement les nombreuses failles de son raisonnement ici mises en lumière, qu'il choisit sciemment d'occulter pour défendre son point de vue radical.
Il enfonce le clou quelques lignes plus tard, en répétant que la distinction faite entre homosexualité et pédophilie n'est qu'une « coupure sémantique à la fois grossière et hypocrite ». Mais cette affirmation se basant sur des lemmes erronés, l'intégralité de la démonstration s'effondre. En effet, nous n'avons pas à prouver que l'homosexualité n'a rien à voir avec la pédophilie car rien ne permet de le soupçonner, s'agissant d'une idée façonnée par ses adversaires au nom de leurs croyances.
C'est donc l'inverse qu'il faudrait mettre en évidence, ce à quoi Christian Vanneste s'essaye en manipulant les sophismes et la duperie avec talent. Mais on ne façonne pas les vérités avec des arguments trompeurs et des idées préconçues. Par contre, c'est de cette façon qu'on entretient les préjugés et qu'on contribue à stigmatiser une catégorie de la population, procédé aux antipodes des valeurs républicaines qu'il estime défendre.
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