tag:blogger.com,1999:blog-11781514646056680532024-03-13T18:54:35.245+01:00Un coup de vent.Réflexions aléatoires sur diverses choses arbitraires.Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.comBlogger17125tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-47860378087956588902015-01-26T10:03:00.000+01:002015-01-26T10:03:04.744+01:00Touba et Mbacké, quatre ans de métamorphoseLe Monde et Libération publient à 4 ans d'écart un reportage semblable sur Touba, la capitale sénégalaise des mourides, à l'occasion du Magal. Mbacké n'est plus un refuge, les cinémas y ont fermé, toutes les femmes ont fini par se voiler... Le contraste est saisissant.<br />
<br />
<b><a href="http://www.lemonde.fr/voyage/article/2010/12/13/touba-la-mecque-des-mourides_1452650_3546.html">Le Monde</a>, 13 décembre 2010:</b><br />
<blockquote>La nuit tombe sur Dakar. Mais la ville ne s'assoupit pas. Bien au contraire. Les “cars rapides”, de vieux mini-bus repeints en jaune et bleu sont pris d'assaut par des Sénégalais de tous les âges. Des enfants montent sur les toits. Des femmes avec leur bébé sur le dos s'accrochent à l'arrière des véhicules bringuebalants. Personne ne veut rester en rade. Ceux qui n'ont pas trouvé place sur les “cars rapides” marchent à côté des véhicules qui répandent une fumée noire et nauséabonde dans la nuit étoilée.<br />
<br />
Les marcheurs vont presque aussi vite que les véhicules, tellement la circulation est difficile. Ils suivent la noria de cars, de camions et de voitures. Tout le monde donne l'impression de quitter la ville en même temps. Et pourtant il ne peut s'agir d'une guerre. D'un exode. Bien au contraire, l'ambiance est joyeuse. Festive. Un joyeux bazar. Chaque année au moment du magal de Touba - la grande fête de la confrérie mouride - la même frénésie recommence.<br />
<br />
Les fidèles doivent suivre le commandement de leur marabout, de leur grand calife. Il faut se rendre, si leurs finances le permettent, dans leur ville sainte. Ils viennent du monde entier. De Paris, de New York, de Milan. Et bien sûr et surtout de Dakar. Pendant le magal de Touba, la capitale sénégalaise – peuplée d'ordinaire de deux à trois millions d'habitants – se vide.<br />
<br />
Tous les Sénégalais ne sont pas mourides. Cette confrérie représente 35 % de la population. Mais elle exerce une influence croissante sur le pays. “Leur poids économique est très important, notamment dans le domaine des transports. Quand les mourides ne travaillent pas, il n'y pas presque plus de transport au Sénégal”, souligne Mamadou Wane, un commerçant dakarois.<br />
<br />
Touba, la ville sainte des mourides, est située à deux heures de route de Dakar. Et cette cité fait de plus en plus figure de grande rivale de la capitale. Sa croissance est spectaculaire. Elle a vu le jour en pleine savane, dans une région très chaude, loin des côtes. Elle s'est développée autour d'une immense mosquée achevée en 1964. Aujourd'hui, Touba compte plus d'un million d'habitants contre 300 000 en 1993. Chrétiens ou musulmans, autres que des mourides, fréquentent peu cette ville. Même s'ils y sont les bienvenus.<br />
<br />
Touba ne ressemble en rien au reste du Sénégal, un pays où règne un climat d'assez grande permissivité. Ici, le visiteur doit s'arrêter à un barrage situé à l'entrée de la ville. Les calèches tirées par des ânes ou des chevaux font la course avec les voitures, de vieilles Peugeot poussives ou des Mercedes flambant neuves. À Touba, la plus grande richesse côtoie l'intense misère.<br />
<br />
À l'entrée de la ville, la police du calife des mourides vérifie le contenu des véhicules. Passées les portes, l'atmosphère austère règne. L'alcool est prohibé. De même pour les cinémas. La voix et la musique dansante du chanteur Yousou N'Dour, qui rythment la vie du reste du Sénégal, ne se font pas entendre. En lieu et place, on entend les chants religieux, diffusés par haut-parleurs.<br />
<br />
Spectacle si familier en Afrique, le football est ici interdit. Pour justifier cette décision, des habitants de Touba expliquent : “Ce sport a été inventé par des juifs qui jouaient avec la tête d'un descendant du Prophète.” Même la cigarette et les jupes ne font pas partie du paysage urbain.<br />
<br />
A Touba, toutes les femmes ne sont pas voilées, loin s'en faut. Au Sénégal, mouride ou pas, on ne plaisante pas avec les canons de la beauté. Dans ses mémoires, Nelson Mandela, grand amateur de beauté féminine, explique que les Sénégalaises sont les femmes les plus élégantes d'Afrique. Quoiqu'il en soit, elles mettent un point d'honneur à être à la hauteur de leur réputation. Même dans les pires bidonvilles du pays, des jeunes femmes déambulent dans des tenues impeccables, tels des mannequins venus d'ailleurs pour un défilé de mode improvisé.<br />
<br />
Touba n'est en rien une ville sage. La circulation est des plus chaotiques. Le code de la route est souvent ignoré : des calèches et des voitures roulent dans la file de gauche. En réalité, l'incivisme est d'autant plus grand que les représentants de l'État n'ont pas droit de cité dans la ville sainte. Les talibés (disciples) du calife sont chargés du service d'ordre. Pour répondre aux cas de force majeure, une gendarmerie a été installée en périphérie. À la question du nombre de gendarmes en poste, le commandant répond que “le chiffre est top secret”! En fait, elle compte à peine une trentaine d'hommes. Et aucune intervention à Touba ne peut se faire sans l'accord du calife. Chef religieux tout puissant devant lequel le chef de l'État lui-même se prosterne.<br />
<br />
Avant les élections, Abdoulaye Wade fait d'ailleurs bénir ses candidats par le “grand marabout” mouride. Interrogé sur les pouvoirs réels de la gendarmerie, un magistrat sénégalais affirme qu'ils sont minimes. “Si le commandant de la brigade spéciale déplaît au marabout, au grand calife, il est immédiatement révoqué. Ils le savent et se tiennent à carreau !” Un juge d'instruction dakarois souligne que des conflits, parfois violents, se multiplient à Touba. “Dans cette ville, il n'existe aucun titre foncier.<br />
<br />
Il suffit qu'un chef religieux donne une terre à un disciple pour que celui-ci se considère comme propriétaire. Parfois, des marabouts rivaux offrent la même propriété à plusieurs personnes.” Des Sénégalais qui n'appartiennent pas à cette confrérie trouvent qu'elle a trop de privilèges : “À Touba, les mourides ne paient aucun impôt. Ils font de l'import-export et ne sont soumis à aucune taxe. Ils pratiquent une concurrence déloyale tout en bénéficiant des infrastructures payées par tous les Sénégalais”, s'emporte Hassan, un habitant de la région qui n'appartient pas à cette confrérie.<br />
<br />
L'austérité de Touba ne convient pas à tous les mourides. Loin de là. “Bon nombre d'entre eux ont pris l'habitude de faire de temps à autre un tour à Mbacké, la ville voisine”, m'explique avec le sourire un habitant de Touba. À Mbacké, l'ambiance change du tout au tout. Des cinémas projettent des films d'un genre pas très religieux. Avec des fouets et des femmes très court vêtues. Les affiches sont visibles depuis la route. “Du moment que tout ça se passe hors de Touba, personne ne s'en offusque et puis c'est bon pour le commerce et la décompression”, m'explique un habitué des lieux.<br />
<br />
Nouveau venu dans la ville, un chauffeur de taxi, avoue sans ambages qu'il a rejoint la ville sainte pour s'enrichir : “Ici, je ne paie pas de patente. Et mon marabout m'a donné une terre. On ne paie même pas l'eau.” Seul bémol, les mourides doivent reverser une importante “dîme” à leurs chefs religieux.<br />
<br />
Mais le mouridisme fait d'autant plus d'adeptes que ses disciples savent que leur mouvement a le vent en poupe depuis l'accession au pouvoir de l'un des leurs, le président Abdoulaye Wade, en 2000. Moustapha Cissé Lo, l'un des chefs religieux en charge des finances de Touba, fait bien volontiers visiter aux journalistes la suite où le président Wade vient passer ses week-ends. “Depuis que Wade est au pouvoir, on se sent enfin compris”, précise-t-il.<br />
<br />
Pourtant, les relations étroites entre le président et sa confrérie irritent beaucoup de ses compatriotes. “Les autres Sénégalais ont l'impression d'être traités comme des citoyens de seconde zone. Et ils pensent que les principes de la laïcité sont remis en cause. Le président a tort de jouer cette carte confrérique. Les mourides sont puissants économiquement. Mais ils ne sont pas majoritaires au Sénégal. Le président ne doit pas l'oublier, s'il veut être réélu. Notre pays est une démocratie”, estime Souleymane, un magistrat en poste dans la région de Touba.<br />
<br />
À quelques kilomètres de là, les tidianes, l'autre grande confrérie du pays, possèdent eux aussi leur ville sainte. Mais à Tivaouane, le climat est différent. Au centre de la ville, le visiteur croise une gendarmerie et un Palais de justice.<br />
“Nous les tidianes nous sommes favorables au concept de laïcité. Pour nous, certaines prérogatives – telles que la justice et la police – doivent rester de la compétence de l'État.”<br />
<br />
Dans cette ville, l'on ressent beaucoup moins l'influence de la religion qu'à Touba. Les symboles de l'État sont bel et bien mis en évidence. Des écoles de la République, surnommée ici “écoles françaises”, car l'on y enseigne la langue française. Et aussi parce qu'elles sont perçues comme porteuses des valeurs de la culture occidentale.<br />
<br />
À Touba, c'est la langue wolof qui règne presque sans partage. Il n'est pas toujours aisé d'y trouver quelqu'un qui manie bien la langue de Molière. Même la construction d'"écoles françaises" a été refusée. Seules les écoles coraniques sont admises dans la ville.<br />
<br />
Le “climat” est différent à Tivaouane. “Plus ouvert, moins austère”, me dit un autre habitant de la ville. Pourtant, tout n'est pas permis à Tivaouane. Les chrétiens n'ont pas obtenu l'autorisation d'y construire une église dans la ville. Une autorisation refusée récemment. Alors même que 10 % des Sénégalais sont chrétiens.<br />
<br />
Une ambiance relativement décontractée règne jusque devant la grande mosquée de Tivaouane. Des hommes discutent tranquillement à l'ombre des frondaisons, à deux pas de leurs voitures, des Peugeot rutilantes. Tandis qu'une jeune élégante passe en marchant avec nonchalance et élégance devant la mosquée. La tête presque nue, tant son voile est discret, le port altier se déplace de façon à mettre en valeur ses chaussures à hauts talons et sa robe moulante. La belle se plaît à faire tourner les têtes. Fière d'être l'une des femmes les plus élégantes de la ville. Personne ne semble choqué par sa tenue vestimentaire “sexy”. À Tivaouane beaucoup de femmes ne portent pas le voile. Les jeans moulants et les tailles basses sont portés par les jeunes filles.<br />
<br />
Tout semble aller de soi dans cette ville tranquille au charme discret. A la sortie de la ville, le propriétaire d'une boutique qui diffuse les chants religieux “à fond” n'est pas un “fanatique” essayant de faire du prosélytisme. Il veut juste attirer l'attention sur ses marchandises. Il s'agit seulement d'une technique de marketing. Outre les cassettes de chant religieux, il propose une multitude de DVD. Les derniers James Bond et l'oeuvre presque complète de Sylvester Stallone. Même l'agent 007, Rambo et Terminator ont droit de cité dans la ville sainte. À deux pas des cassettes de chants religieux.<br />
<br />
Rien à voir avec le climat qui règne dans d'autres capitales religieuses du monde musulman. Un fidèle qui s'apprête à faire ses ablutions avant d'entrer dans la grande mosquée explique avec un regard malicieux : “Belle leçon de tolérance à la sénégalaise.”<br />
<br />
<i>Pierre Cherruau</i><br />
</blockquote><br />
<br />
<b><a href="http://www.liberation.fr/monde/2015/01/25/senegal-mbacke-et-touba-vice-et-versets_1188440">Libération</a>, le 25 janvier 2015</b> :<br />
<br />
<blockquote>Amoins de 200 km de Dakar, au Sénégal, deux villes cohabitent, contiguës et opposées : Mbacké l’impie et Touba la sainte, dite «La Mecque de l’islam noir». Un nom qui prend toute son ampleur lors du Grand Magal («célébration» en wolof), le 18 du mois Safar de l’hégire. Chaque année, au gré du calendrier lunaire, le Magal célèbre le départ en exil, en 1895, de cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la confrérie soufie des mourides, que le pouvoir colonial français a longtemps considéré comme une menace.<br />
<br />
Le dernier Magal a eu lieu le 11 décembre. Comme chaque année, Touba est passé de 700 000 à 3 ou 4 millions d’habitants. Une foule qui vient du monde entier, puisque les mourides, traditionnellement cultivateurs d’arachides, ont quitté leurs terres pour travailler dans les transports, la téléphonie et le commerce, y compris à l’étranger, aux Etats-Unis et en Europe. Aujourd’hui, la confrérie représenterait environ 35% des 13,5 millions de Sénégalais. Quand on sort de l’aéroport de Dakar, on emprunte d’abord 34 km d’une autoroute quasi déserte jusqu’à Diamniadio. Ensuite, c’est la nationale et les «cars rapides» - d’antiques minibus hauts sur roues - qui foncent dans le noir. Sur les carrosseries, des peintures et inscriptions porte-bonheur : «Alhamdoulilah», «Talibé, cheikh», «Serigne Ahmadou Bamba». L’un des préceptes phares de ce mystique musulman : «Travaille comme si tu ne devais jamais mourir, prie comme si tu devais mourir demain.» Ici, c’est plutôt : «Conduis comme si tu ne devais jamais mourir.» Des scooters dépassent des vélos, des charrettes tirées par des chevaux ou des ânes. Mais tous les chemins et tous les moyens de transport mènent à la grande mosquée de Touba, la plus imposante d’Afrique, après celle d’Al-Azhar au Caire, en Egypte.<br />
<br />
A l’entrée de la ville, une arche de béton peinte en vert marque l’amorce d’un bouchon monstre, et le début des interdits. Ici règne la loi des chefs religieux traditionnels, les marabouts. Chaque talibé (disciple) et sa famille choisissent de s’en remettre à un cheikh, qui les guidera dans leur vie quotidienne aussi bien que spirituelle. Au sommet de cette hiérarchie, le calife général des mourides, Sidy al-Mokhtar Mbacké depuis 2010. C’est l’un de ses prédécesseurs, Abdoul Ahad Mbacké, qui avait décrété, en 1980, dans une lettre au procureur de la République du tribunal d’instance de Diourbel, la prohibition sur son territoire «de l’ivresse, de la vente et de la consommation d’alcool, de tabac, de drogue, notamment le yamba [cannabis, ndlr], des jeux de hasard, de loterie, des vols et recels, des tam-tams, musiques de danse et manifestations folkloriques», ainsi que «tout ce qui est contraire à l’islam» - ce qui inclut de fait le cinéma, le football et le port du pantalon.<br />
<br />
Alors que le Sénégal s’est converti de longue date au skinny taille basse, durant le Magal, pas moyen de porter un jean à Touba, y compris pour l’Occidentale de passage. Jupe longue et voile requis ; épaules, bras et chevilles hors de vue. Dans la rue, des hommes appartenant au dahira («cercle») Safinatoul Aman, sorte de brigade des mœurs de la ville, alpaguent les femmes dont la tenue requiert selon eux ajustement. Les belles se donnent pourtant bien du mal pour contourner ce dress-code : boubous chatoyants et hyper moulants, hijabs transparents ou richement brodés, maquillage savant et ongles hautement picturaux. Le Magal a des airs de grand défilé en costume traditionnel, à mi-chemin entre le paseo espagnol et les circonvolutions autour de la Kabaa, à La Mecque.<br />
<br />
Tout reste pourtant bien plus pudique que le décolleté qu’exhibe Aby (1), la trentaine fatiguée, en ce samedi de janvier à Mbacké. Elle est assise dans un coin de l’hôtel Baol - le seul de la ville - à côté d’une autre femme. Toutes deux pianotent sur leur téléphone, au milieu de la nuit, dans cet endroit désert. Une bonne heure de palabre avec de potentiels clients, et la question du «cadeau» - 20 000 francs CFA la passe (30 euros) - finira par être abordée en wolof par la seconde femme, plus jeune et vêtue d’une jupe et d’un haut ajusté traditionnels.<br />
<br />
Aby vient de Gambie : «J’achète des vêtements là-bas et je viens les vendre au Sénégal. Je loue un local de quatre pièces, ici, à Mbacké.» Et elle sous-loue ensuite «à des hommes qui habitent Touba et travaillent dans le coin. Ça leur permet de venir se reposer». Si la location d’une garçonnière à quelques kilomètres du domicile conjugal est un luxe réservé aux nantis, les allers-retours entre Touba et Mbacké pour boire une bière ou fumer une cigarette sont une pratique assez répandue.<br />
<br />
Au Sénégal, le tabac est généralement vendu conditionné, dans des boutiques. Mais à Mbacké, les clopes s’achètent à l’unité sur un bout de trottoir. 50 francs CFA la Marlboro, 10 francs la «ficelle» de roulé. Durant le Magal, à deux pas de l’arche où est accroché un panneau «Touba la sainte, ville sans tabac», les marchandes ne chôment pas. Dans la cité mouride, se faire contrôler en possession d’un paquet de cigarettes constitue un délit. Les fumeurs viennent alors s’en griller une ou deux dans les rues de Mbacké, avant de repartir pour Touba.<br />
<br />
Pareil pour boire un coup, même si on est loin de l’image de ville de débauche que Mbacké avait il y a quelques années encore dans toute l’Afrique de l’Ouest. C’est après l’interdiction de 1980 qu’elle avait acquis cette réputation. Trente-cinq ans plus tard, ça a bien changé. Lors du Magal, il faut se laisser guider dans Mbacké par des jeunes jusqu’à une maison dont la cour est aménagée en bar clandestin. Quelques sièges en plastique, une petite table bancale, des filles en jean qui proposent de la vodka, du whisky ou de la Royal Dutch en 50 ml. Réclamer quelques cacahuètes à grignoter - au pays de l’arachide - passe pour un caprice de toubab («blanc»). Des hommes seuls boivent sans plaisir. De petits groupes sont aimantés par la télévision qui diffuse en boucle des khassaïdes - ces poèmes composés par Ahmadou Bamba à la gloire du Prophète -, déclamés vingt-quatre heures sur vingt-quatre en de longues intonations gutturales dans des cercles de chant.<br />
<br />
Ce samedi soir, le N’Galam, unique boîte de nuit de la ville, est fermé. Dans un autre bar, une poignée d’hommes se retrouvent, sous la lumière cireuse d’un néon. Des ordures se mêlent à la poussière. Du Don Garcia (un vin rosé tunisien en brique), des fioles en plastique de whisky et de vodka, de la bière à 8,5° : la carte low-cost est à l’image de la déco. «Je viens ici car, à Touba, c’est impossible, même pour une bière», dit l’un des clients. Cela dit, remarque-t-il, la prohibition s’étend aujourd’hui aussi à Mbacké. Les autres clients sont venus de Saint-Louis, ce sont des Baye Fall, du nom de cheikh Ibrahima Fall, l’un des disciples les plus influents d’Ahmadou Bamba, qui créa un ordre de moines errants. Autour du cou, ils ont des colliers d’énormes perles de bois, dont les pendentifs démesurés reproduisent une photo du prédicateur et une autre de son illustre lieutenant. Des images qu’on retrouve peintes dans la ville sainte sur les murs et les voitures, ou accrochées dans les échoppes, en écho au slogan «Bamba partout, Bamba merci».<br />
<br />
Seule perspective festive de cette soirée de janvier : une fête de Noël après l’heure, «donnée par des chrétiens» - il y a une église à Mbacké, quand Touba revendique 543 mosquées. Une dizaine de personnes dansent, femmes en minirobe et canettes de bière discrètement posées au pied des chaises.<br />
<br />
Retour au côté d’Aby, au Baol, où il est possible, pour les habitués, de louer une chambre pour deux heures. Mais où est passé l’esprit de la bringue ? En 2010, personne se semblait s’offusquer des affiches de cinéma SM placées en bord de route à Mbacké. «Il y a quelque temps, c’était permis, il y avait des débits de boisson, de la prostitution, mais les autorités mourides ont demandé de nettoyer la ville», explique un journaliste de la radio locale. Et si quelqu’un désobéit ? «Il sera amené au poste et aura une amende», répond, laconique, M. Dieng, agent de permanence au commissariat de Mbacké. A Touba, la police et la justice dépendent de comités de vigilance, placés sous l’autorité directe du calife général des mourides. Idem pour la gestion foncière : c’est Sidy al-Mokhtar Mbacké, 86 ans, qui détient le titre de propriété de la ville. Il distribue donc la terre à ceux qui la demandent, à condition qu’ils s’acquittent d’une dîme conséquente et œuvrent au développement de la communauté. Une consigne respectée, puisque le recensement officiel a dénombré 200 000 habitants supplémentaires à Touba entre 2002 et 2013.<br />
<br />
Le calife administre la ville à sa manière : dans la cité sainte, on ne paie ni impôts, ni taxes, ni factures d’eau, il n’y a pas de frais de patente pour les taxis. Pas non plus d’«école française» (mais uniquement des madrasas, les écoles coraniques), de restaurants, de cafés ou d’hôtels. Les visiteurs sont hébergés chez l’habitant. Durant le Magal, les familles riches peuvent accueillir plus d’une centaine d’invités, nourris de tiébouyap (riz, légumes et viande en sauce) et autres plats de cérémonie. Pour l’édition 2014, la sécurité publique a annoncé l’interpellation, entre le 2 et le 10 décembre, de 10 personnes pour détention, usage et trafic de «chanvre indien», ainsi que 19 cas d’ivresse publique manifeste. Une paille, compte tenu de l’affluence.<br />
<br />
A l’origine distantes de 7 kilomètres, Touba et Mbacké se touchent aujourd’hui. «Dans dix ou quinze ans, il est probable que Touba aura englobé Mbacké», estime le policier Dieng. Les mourides ne cachent pas leur ambition : rivaliser, un jour, avec Dakar. Mauvaise nouvelle pour les noctambules.<br />
<br />
(1) Le prénom a été changé.</blockquote>Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-1683813588048064342014-04-06T14:39:00.000+02:002014-04-29T18:54:04.088+02:00nuageun nuage qui s’avance<br />
dans le ciel d’azur.<br />
une dernière danse,<br />
et ma démesure.<br />
<br />
je vois un pied de géant,<br />
percé par une flèche<br />
qui disparait dans l’océan.<br />
et l’écume l’assèche<br />
<br />
mais arrive le mistral,<br />
et le colosse se déchire.<br />
il était fort et pâle...<br />
mort en un soupir.Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-14526095096743140872013-12-13T17:37:00.000+01:002014-04-29T19:00:52.260+02:00le marin<style type="text/css">P { margin-bottom: 0.21cm; }</style>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
les vagues chantent
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
ce beau refrain mais</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
la houle est monotone</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
le marin se languit</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
frète un canot galant</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
qui vogue bien</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
grisé par la route il</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
hume les embruns épars</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
l'art ou l'espoir</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
intrépide et nonchalant</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
trépigne et son chaland</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
l'attend</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
le cygne déploie ses ailes</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
le marin résiste puis cède</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
et ploie, sans elles</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
la diane des frimas</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
l'éveille et il rit</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
de l'océan prêcheur</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
fi des marées du chaland</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">lui va trouver</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
les cocagnes au loin</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-style: normal;">merveilleux</span>
mirements d'or</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
et de myrrhe menteurs</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
le vertige enjôle</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
traversée solitaire
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
hardi vers l'horizon</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
esseulé, s'y perd</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">dangereux écueils</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">remémorés et</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">cueille</span><span style="color: black;">
des joies enfouies</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
entre les gouttes</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
le vent cingle</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
il songe à la houle</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
héros des soupirs</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
érodé sous les impacts</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
de l'accablant ressac</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
mais les vagues bercent</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
l'heureux qui voit</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
le reflet des étoiles</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
déferlent les lames</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
le canot vacille</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">défaire les
larmes</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">rêves d'éden</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">mais la mer est
dépeuplée</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">implore la grève</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">qu'il va
retrouver</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">barrer pour
rejoindre</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">le cœur de ses
pénates</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">sillage
inconstant</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">soulage
l'inconscient</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">mais aussitôt
l'abime</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">s'agite et darde </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">un long poignard</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">d'écume et de
sel</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">abasourdi</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">le marin nage et
maudit</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">l'or et la houle</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">respire enfin,</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;">puis coule.</span></div>
Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-26125160861732532862013-10-14T12:46:00.001+02:002021-01-02T11:28:53.618+01:00La crise du français<style type="text/css">P { margin-bottom: 0.21cm; direction: ltr; text-align: left; }P.western { font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 12pt; }P.cjk { font-family: "WenQuanYi Micro Hei"; font-size: 12pt; }P.ctl { font-family: "Lohit Hindi"; font-size: 12pt; }</style> <br />
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Crise de mots, notre langue s'alanguit. Le français s'effrite en France, et le Québec est finalement le dernier bastion de la résistance. De notre côté de l'Atlantique, les anglicismes triomphent dans les médias, les conversations et même les cours magistraux, sans que personne n'y trouve à redire. C'est plus cool et plus hype d'employer des mots un peu trendy. On saurait le dire autrement mais après tout, pourquoi défendre cette langue qui décline sous les assauts de la mondialisation ? On la malmène avec ingratitude en l'espérant suffisamment solide pour résister aux coups de burins qu'on lui inflige jour après jour. Le législateur a abandonné sa protection depuis bien des années, la priorité est ailleurs, mais c'est le français qu'on assassine par négligence. Les slogans fleurissent en anglais tandis que leurs traductions sont camouflées à la verticale le long des astérisques, et personne ne s'offusque de voir un pan majeur de notre culture et de notre identité se faire progressivement engloutir par l'hégémonie mondialisée de la nouvelle langue commune.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
C'est inéluctable, clament les indifférents, seuls les réactionnaires font de la résistance ! Le français n'a plus grand sens à l'heure de l'omniprésence des échanges internationaux qui ne font aucun cas de son existence, d'ailleurs, seuls ces vieillards de l'Académie y tiennent encore.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Néanmoins, si le développement de l'anglais dans notre société − que plus personne ne refuse − est inéluctable, l'humain est polyglotte et rien n'exige la désagrégation d'une langue pour en parler une deuxième. Protéger la notre ne nécessite pas d'écarter la pratique, ailleurs et quand le contexte s'y prête, d'autres idiomes plus universels. Reconnaitre l'utilité et la légitimité de l'anglais ne peut se faire au détriment du français, constitutif de notre identité et incroyable héritage de notre histoire.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Le protéger ? C'est absurde, clament les mondialistes, une langue évolue et le français serait bien inspiré de faire de même plutôt que de tenter de se réfugier dans son Littré.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Mais évoluer en assimilant des mots anglais superfétatoires, c'est régresser. Évoluer en <i>dispatchant</i> alors que les francophones <i>répartissent</i> depuis des siècles n'apporte rien au discours mais sape méthodiquement la richesse de notre vocabulaire pour le seul bénéfice égoïste de paraitre, à tort, dans le vent. Refuser de parler de premier <i>job</i> en lieu et place du premier <i>emploi</i> n'est pas le marqueur d'un terrifiant fanatisme, et devrait au contraire rester une évidence tant l'usage de l'anglais dans ce contexte fait peu de sens. <i>Travail</i>, <i>métier</i>, <i>boulot</i>, <i>poste</i>, le français dispose de toutes les nuances nécessaires pour exprimer finement la notion, et pourtant les intervenants ne craignent plus de plonger avec enthousiasme dans l'océan des anglicismes surréalistes. Nous devons relever des <i>challenges</i> mais jamais de défi, organiser des <i>briefings</i> au lieu de réunions, dans lesquels on donnera des <i>pitchs</i> plutôt que des discours ou des résumés et qui verront la création de <i>taskforces</i> au lieu d'équipes, qui elles-mêmes fourniront des <i>feedbacks</i> car les retours n'ont plus la côte, avant de <i>checker</i> que tout a été vérifié et de rechercher des <i>sponsors</i> sans doute plus généreux que les parrains ou les mécènes. Les professeurs parlent de leurs <i>slides</i> en laissant planches et diapos dans le placard des mots que l'on n'ose plus prononcer sans bien savoir pourquoi, les commentateurs sportifs nous vantent les mérites de tel ou tel <i>coach</i> pas encore lassé d'entraîner son <i>team, </i><span style="font-style: normal;">les sites de vente à distance (sauf ceux qui vendent des <a href="https://www.lacartesensible.com/" target="_blank">belles cartes</a> ;-) nous invitent à parcourir leurs </span><i>shops </i><span style="font-style: normal;">bien achalandés</span><i>.</i> Peu s'émeuvent du ridicule de ces emprunts qui disposent tous d'équivalents parfaitement éprouvés, ni des dommages que cette intrusion du franglais dans notre quotidien provoque sur notre vocabulaire.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Un vocabulaire obsolète, clament les technophiles, le monde évolue et seul l'anglais suit la tendance.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Bien entendu, le bouleversement radical de nos modes de vie et du monde qui nous entoure se traduit par une révolution lexicale, source de nouveaux défis pour les langues qui doivent s'y adapter. Quelques académiciens tentent bien de proposer de nouvelles expressions, mais c'est un combat qui ne se mène pas seul. La fronde menée par les médias et les internautes contre les propositions de l'Académie − dont l'honnêteté nous pousse à reconnaitre qu'elle ne fut pas toujours très inspirée, cibles faciles de l'ironie mordante dont sont friands les citoyens du XXI<sup>e</sup> siècle, a réduit à néant des efforts pourtant valeureux. S'il est facile de tourner en ridicule l'apparition du « babillardage » pour évoquer les discussions instantanées, l'exemple emblématique de l'<i>ordinateur</i> (terme créé par IBM France en 1955) prouve que de nouveaux mots en apparence incongrus peuvent être adoptés, si la société accepte d'en faire l'effort et d'abandonner sa défiance instinctive à l'égard de la défense d'une de nos composantes culturelles. Or il devient difficile de faire reposer sur cette entité de plus en plus diversifiée une telle responsabilité, qui requiert une volonté commune et affirmée de préserver notre langue.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
En effet, la multiplication des publicités et des enseignes en anglais conduit à l'appauvrissement du français, étiqueté implicitement comme vernaculaire par des publicitaires avides de culture américanisée, et à la sape de son statut de joyau culturel. La ringardisation progressive de notre idiome est encouragée par l'œuvre méthodique des agences de communication qui ont fait de la recherche d'un slogan en anglais la condition sine qua non d'une campagne réussie, persuadées qu'il s'agira d'une recette imparable pour séduire le consommateur influençable. Quick loue l'effet « pepper » de son nouveau hamburger au poivre, Orange dépense des centaines de milliers d'euros pour répandre ses « open » sur fond noir, Nissan nous propose des voitures « urbanproof » et Samsung des téléphones « designed for humans », Philips vante son « sense and simplicity », Go Sport fidélise ses clients avec sa carte « FeelGood », la SCNF et Monoprix avec la carte « S'Miles », SFR commercialise des forfaits « Connect », « MyTF1 » permet de regarder la première chaine en <i>live</i> (pas en direct) tandis que M6 diffuse « The Voice » et que NRJ est la radio « hit music only ». L'ensemble de ces organismes nous invite à « liker » leur page Facebook bien que l'entreprise de Mark Zuckerberg l'ait transformé en « j'aime » il y a quelques années. La surenchère de l'anglicisme contamine la sphère publique en étant parfaitement déconnectée de toute réalité, si ce n'est la volonté acharnée de vouloir se positionner dans l'air du temps quitte à fixer la direction dans laquelle le vent souffle.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Comment demander à la société de défendre le français pendant que la vie publique − publicité, médias, enseignement, … − s'acharne à déconstruire méthodiquement son statut et organise, pas par pas, sa désacralisation ?</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Le législateur est à présent le dernier à pouvoir enrayer ce déclin. La loi Toubon de 1994, en partie censurée par le Conseil Constitutionnel suite à un recours politique plus qu'idéologique de l'opposition, défendait un certain nombre d'idées majeures pour protéger notre langue. Son esprit mériterait d'inspirer un nouveau texte plus à même de préserver efficacement l'utilisation du français, en imposant son usage lorsque les termes adéquats sont disponibles. Pas par « regret d’une France défunte, imposant sa langue par sa puissance coloniale, impériale, diplomatique, économique » comme le dénonçait avec virulence Edwy Plenel à l'époque, mais simplement parce que le français est une des clefs de voûte de notre culture et de notre patrimoine, qui doit être protégé au même titre.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
L'exemple de la loi 101 au Québec permet de jauger l'efficacité de telles mesures. Entre autres dispositions, elle a notamment permis de redonner un visage francophone à Montréal ces dernières décennies. Malgré des régressions récentes (qui ont poussé la nouvelle première ministre Pauline Marois à annoncer sa réforme), les villes québécoises ont retrouvé des devantures et des publicités en français, qui contribuent à préserver la place de notre langue dans l'espace public et dans la société. Les « cafés Starbucks » et autres « Poulet Frit Kentucky » font partie intégrante du paysage, sans que les enseignes ni les consommateurs ne soient lésés d'une quelconque façon. En revanche, la population est bien moins soumise à l'anglicisation de son milieu de vie et préserve de façon beaucoup plus naturelle l'utilisation du français.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
Il serait judicieux de se poser les mêmes questions au sein de nos frontières et de réfléchir aux réponses concrètes qui pourraient leur être apportées. La désagrégation de notre langue, qui finirait par devenir un appendice marginal de l'anglais alors qu'elle influença au moyen-âge près d'un tiers de son vocabulaire, n'est pas une fatalité.</div>
<div align="JUSTIFY" class="western" style="margin-bottom: 0cm;">
En attendant, il est aisé de peser ses mots, sans sombrer dans la caricature, plutôt que d'emprunter par commodité et banalité un vocabulaire anglais inapproprié. Les équivalents, nombreux, ne demandent qu'à être dépoussiérés par leur bon emploi. Entendez-les !</div>
Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-50934227409135129052012-12-19T14:22:00.000+01:002014-04-29T19:00:41.042+02:00Le 4e bataillon de l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr
<style type="text/css">P { margin-bottom: 0.21cm; }</style>
<br />
Un point crucial de mon
passage à la Courtine, qu'il me tient à cœur de mentionner, fut la
découverte du rendez-vous des couleurs. En effet, se rassembler pour
assister au lever du drapeau et chanter la Marseillaise était un
aspect de la vie régimentaire que j'ignorais mais qui me séduisit
immédiatement. En bravant le froid, la bise, nous étions toujours
fidèles au rendez-vous et cette constance me permit de comprendre
l'essence même de l'engagement militaire, perpétuel, ne souffrant
aucune dérogation. Je n'avais jamais assisté à une telle
manifestation de patriotisme et je m'émus immédiatement.
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
La veille de notre
départ, tous les élèves amenés à se rendre à Coëtquidan furent
rassemblés par sections pour se familiariser avec leurs nouveaux
cadres. Les sections de La Courtine étaient préservées − dans
l'esprit de cohésion qui caractérise si bien l'armée, et je me
retrouvai ainsi uni avec mes camarades pour franchir cette nouvelle
étape. On nous prodigua quelques conseils ainsi qu'une liste
d'objets à nous procurer pour préparer au mieux notre passage au 4<sup>e</sup>
bataillon.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Malheureusement, le
capitaine B. vint me trouver le soir-même pour m'annoncer ma
radiation de cette section et je me trouvai désemparé, car le
capitaine ne connaissait ni les raisons de cette décision ni ma
nouvelle affectation, mais savait que je serais désormais séparé
de mes amis et seul dans l'adversité.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Le dimanche soir, je me
retrouvai donc avec des inconnus. Je comptai au départ demander à
réintégrer ma section initiale, mais décidai finalement de me
dépasser en repartant de zéro dans un contexte hostile.
Commencèrent alors deux mois et demi uniques et inoubliables,
remplis d'aventures et de péripéties insondables que je n'aurais pu
imaginer quelques mois auparavant.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
J'ai rapidement noué des
liens avec mes nouveaux camarades que je n'ai pas regretté d'avoir
troqué contre ceux de ma section précédente, malgré mon
appréhension initiale. Ils se révélèrent effectivement plus
amicaux et plus investis dans leur passage aux écoles.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Notre formation commença
de manière étonnante avec des cours théoriques un peu nébuleux,
donnés par des formateurs manquant parfois légèrement de
méthodologie. La présence des saint-cyriens à nos côtés, épuisés
par leur bahutage intensif et leurs nuits humides, était pittoresque
mais n'incitait pas à l'attention puisqu'ils profitaient de ces
intermèdes pour récupérer de leurs trop courtes nuits en y
développant la pratique de la sieste. Néanmoins, dans l'ensemble,
les notions abordées étaient très clairement exposées et
nécessaires à notre apprentissage du commandement. En effet,
comment être crédible auprès des soldats du contingent sans être
familier avec les bases du métier et du droit ? Comment vouloir être
un chef sans être soi-même un modèle, et donc sans apprendre à le
devenir ? Les nombreux cours théoriques nous permirent de nous
forger une conscience militaire et de faire corps avec les
problématiques parfois saisissantes du métier. Le savoir-vivre, le
droit des conflits armés, le cadre législatif, autant d'éléments
indispensables pour acquérir une solide légitimité. Il était
absolument primordial de se familiariser en profondeur et en détails
avec le fonctionnement de l'armée, et je regrette que nombre des
autres élèves officiers n'ait pas eu la lucidité de comprendre cet
impératif. La présentation du parcours des EVAT et des
sous-officiers fut un exemple frappant : là où mes camarades et moi
prenions des notes pour ne rien manquer des subtilités de leurs
complexes carrières, d'autres se permettaient de bayer aux
corneilles.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Certaines matières
étaient moins adaptées que d'autres au public particulier que nous
formions. Il ne fut pas d'une extrême productivité de suivre un
cours technique sur le fonctionnement des appareils 4G alors que
l'instructeur ne semblait pas comprendre les principes de base d'une
communication radio, mais celui-ci fit de son mieux et nous prouva
par la même occasion qu'il était possible de devenir formateur en
partant de rien, formidable témoignage d'espoir sur les possibilités
de reconversion. La discipline des cours nous permit de prendre
conscience de la valeur du silence et de l'importance de l'écoute
pour témoigner du respect à l'intervenant.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
L'omniprésence du sport
à rythme soutenu m'a permis de me construire une musculature solide
et à l'épreuve des activités proposées. Je suis ainsi devenu, à
force de travail et d'entraînement, beaucoup plus à même de tirer
ma section vers le haut en devenant de fait « serre-file » à de
nombreuses occasions. Sans être un coureur né, j'ai réussi à me
dépasser et à atteindre mes limites, en améliorant mes
performances respiratoires et physiques. Je suis devenu plus à
l'aise en course et en grimper de corde, et sans parvenir à
atteindre les sommets de ma section, j'ai tout de même accompli des
progrès impressionnants qui m'ont donné grande satisfaction.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
D'autre part, la pratique
du sport au sein de la section, exigeante mais ludique, nous a permis
de renforcer nos liens et de souder notre camaraderie par le refus
inconditionnel d'abandonner ceux qui éprouvaient le plus de
difficultés. Cette solidarité indéfectible s'est confirmée au
cours d'une séance de sport « punitive ». Plusieurs d'entre-nous
se sont mis à pleurer de douleur dans l'effort, avant d'être
spontanément pris en charge par les autres afin de leur faire
comprendre qu'ils étaient capables d'aller plus loin, pour peu
qu'ils arrêtent de faire étalage de leur détresse et se
concentrent sur l'objectif.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Cet épisode marquant
nous a fait réfléchir sur nos capacités et sur l'importance
cruciale de la volonté. En effet, ceux qui ne réussirent pas à
tenir le rythme éprouvant de cette séance furent justement ceux qui
partaient vaincus, adoptaient un état d'esprit défaitiste et se
focalisaient sur leur malheur, au lieu de reprendre à leur compte
cette chance qui nous était donnée d'aller au bout de nous-mêmes
comme je l'ai fait. Car malgré la douleur physique, j'ai décidé de
profiter de cette séance pour améliorer encore un peu plus mes
capacités, et c'est ainsi que je n'en n'ai absolument pas souffert.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
L'importance du mental
s'est également révélée sur la piste d'audace, d'abord dans le
camp de Coëtquidan puis au Fort de Penthièvre. À l'inverse du
parcours d'obstacles axé sur la performance brute, la piste d'audace
n'est pas basée sur les capacités physiques. Quelques agrès
requièrent, il est vrai, une forme satisfaisante, mais les autres
sont plutôt des défis audacieux lancés à nos peurs les plus
primaires. Faire face à la hantise instinctive du vide fut ma
principale gageure. Non que je sois particulièrement lâche, en tout
cas pas plus que la moyenne, mais se lancer face au vide est
terriblement éprouvant pour celui qui n'a jamais essayé.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
L'instructeur de
Penthièvre nous assura que personne n'était jamais tombé en
effectuant le « saut de puce » et c'est ainsi que, me portant
volontaire malgré mon appréhension, je fus un des premiers à
m'élancer avant de chuter lourdement à la réception. Heureusement,
je me rattrapai à la plateforme et réussi à remonter à la force
de mes bras devant mes camarades inquiétés par cet incident
spectaculaire.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Le passage à l'«
asperge » ne fut pas moins pénible. Mes craintes étaient
irrationnelles mais il fut difficile de me raisonner face à la
sourde terreur qui m'envahit les tripes à l'idée de me jeter
énergiquement au dessus du vide. C'est néanmoins en prenant
conscience de la stupidité de mes inquiétudes que je me lançai,
cette fois sans anicroche. J'accomplis ensuite un sans-faute au
déroulé complet de la piste d'audace, fort de mon expérience
nouvellement acquise dans la gestion des situations de surplomb. Je
gagnai ainsi le respect de mon chef de section qui me savait peu à
l'aise avec la hauteur et qui jamais ne perdit foi en mes capacités.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Un autre enseignement du
stage au Fort de Penthièvre fut l'importance du travail en équipe.
La « piste jaune », paroxysme de la difficulté, point
culminant de notre séjour sur l'isthme menant à Quiberon, ne
s'affronte qu'à plusieurs en combinant intelligence de situation et
habileté hors norme. Dotés d'un chef de groupe aux qualités
humaines inébranlables, nous fîmes face à tous les agrès avec
autant de férocité que de succès. Je retiens particulièrement le
mur incliné, qui nous amena à repousser nos limites notamment au
niveau des épaules. Étant d'une nature très agile, je m'appuyai
sur mes camarades pour me hisser au sommet et les aider à me
rejoindre au son de nos fiévreuses clameurs.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Souvent, le collectif est
le seul recours et il faut alors faire appel à son prochain pour
construire une solution efficace qui utilise les compétences de
chacun, de sorte à annihiler nos faiblesses par l'émergence d'une
force commune. Cette piqûre de rappel me sembla spécialement
judicieuse pour que nous ne nous laissions pas enfermer dans nos
individualités, qui ont tendance à s'exacerber dans la préparation
du concours d'entrée à l'École.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Le dernier épisode
mémorable du stage d'initiation commando, décidément riche en
émotions, fut la mission que nous effectuâmes sous un orage
tonitruant. Nous devions évoluer sur plusieurs kilomètres en
ambiance discrétion, alors que le ciel déversait des torrents de
colère et que la foudre toujours plus redoutable se rapprochait
pernicieusement de nos équipements métalliques, comme pour nous
rappeler l'éphémérité de nos vies. La situation n'étant pas
suffisamment périlleuse, nous brancardions un camarade bien loin de
compter parmi les plus légers de notre section tandis que l'eau
noyait sa civière et lestait nos épaules, nous qui progressions
valeureusement contre l'adversité du terrain se jouant de nous et de
notre épouvante. Devant les pleurs de certains camarades dont les
larmes se mélangeaient avec la pluie poisseuse du Morbihan, je
décidai d'apporter un soutien moral décisif au groupe et
l'encourageai à persévérer ainsi qu'à refuser de se laisser
impressionner par la démonstration de force des <i>cumulonimbus
capillatus</i> fulminant leurs dards lumineux sur les traces de nos
pas. C'est ainsi qu'après de longues heures de marche éreintante,
nous parvînmes à achever l'épreuve la tête haute mais détrempée,
suscitant l'immense fierté de notre chef de section.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Mon passage aux écoles
me permit également de travailler ma rusticité dont j'ai déjà
expliqué qu'elle n'était, chez moi, pas innée. Ainsi, les séjours
sur le terrain dans des conditions difficiles furent efficaces pour
augmenter mon seuil de tolérance et me faire renouer avec la terre.
En effet, le bivouac symbolise à mon sens un certain retour aux
racines qu'il est important de protéger à l'époque de la
transformation la plus radicale de nos modes de vie. Tolérer un
quotidien plus rustique permet de se rapprocher de nos ancêtres et
de retrouver d'une certaine façon la simplicité originelle de la
vie. Les conditions climatiques furent par contre plus douces qu'à
Penthièvre et le froid moins mordant que nous l'espérions,
tempérant ainsi la difficulté.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Néanmoins, la
promiscuité et la vie en collectivité poussée à son paroxysme ont
été autant de points qui m'ont appris beaucoup sur moi-même et sur
la nature humaine. J'ai redécouvert certains de mes camarades dans
ces conditions de vie champêtres, et j'ai pu nouer des liens
différents avec certains d'entre eux. Après quelques jours de
bivouac, j'ai senti l'ampleur des progrès que j'avais accompli en si
peu de temps. Je n'étais plus gêné par la cohabitation et prenais
même goût à cette intimité partagée. Je fus ravis de découvrir
que l'ensemble de la section accomplissait les mêmes avancées et
que nous nous adaptions presque au même rythme à ce mode de vie
primitif. C'est à peine si je ressentais le froid, qui effleurait à
présent ma peau sans me mordre.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Le second terrain se
prépara donc dans la sérénité. Mon binôme et moi décidâmes
d'accroître la difficulté en troquant notre tente pour un simple
sur-toît, à l'inverse de la majorité de nos camarades plus
sensibles aux conditions climatiques. Nous étions cette fois-ci en
section et dûmes faire face à une terrible vague polaire qui épousa
sournoisement la forêt. Le premier soir, je décidai d'organiser la
recherche de bois sec afin d'allumer un feu pour réchauffer notre
moral un peu en berne et permettre à ceux chargés de veiller sur
le camp de survivre à la nuit sibérienne. Je me portai d'ailleurs
immédiatement volontaire pour assurer un tour de garde nocturne.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Cette séquence
éprouvante se conclut sur le « parcours Guyane », épopée
chevaleresque à travers la boue. L'excellente cohésion de la
section pendant l'épreuve nous galvanisa et nous vînmes à bout des
tranchées remplies de fange, en faisant l'effort de rester en mesure
de combattre. Notre chef de section avait scénarisé avec précision
diverses attaques sur le convoi qui nécessitèrent notre plus grande
vigilance, malgré la vase qui se faufilait insidieusement dans nos
vêtements et nos armes. J'aidai enfin notre adjudant à se départir
de la boue en dirigeant l'excavation de la tourbe qui le ceinturait,
suscitant sa profonde reconnaissance.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Ces épisodes ruraux
m'apprirent beaucoup sur moi-même et notamment sur mes grandes
capacités d'adaptation. Je pris goût à ce mode de vie et son
abandon fut un regret.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Le 4<sup>e</sup>
bataillon fut également invité à assister à la remise des sabres
et casoars de l'École Militaire Inter-Armes (EMIA) et de l'ESM. Je
ne pus malheureusement y assister, me portant volontaire pour faire
partie de l'Élément d'Intervention Unique ce jour-là afin de
laisser mes camarades profiter de cet événement. En effet, une
valeur cardinale de l'engagement que je pus découvrir et faire
mienne fut l'abnégation ; accepter de se sacrifier sans attendre de
contrepartie. Je décidai donc de participer à la sécurité du camp
et des familles invitées plutôt que d'assister à cette belle
cérémonie, extrêmement symbolique pour les élèves des Écoles.
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Enfin, le 2S, à savoir
la commémoration de la Bataille d'Austerlitz, fut un grand moment de
liesse collective qui nous permit de sympathiser avec les élèves
des écoles autour d'une bataille bon enfant empreinte du souvenir
des troupes napoléoniennes qui conduisirent la France à la
victoire. </div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
Le baptême de la
promotion me semble suffisamment emblématique pour clore avec
honneur le chapitre Coëtquidan. Cette cérémonie bouleversante
pendant laquelle nous nous fîmes adouber fut la consécration de
notre formation. Ne connaissant pas d'officier, je dus me résoudre à
être parrainé par un ancien. J'eus la grande joie de l'être par
une admirable aspirante qui avait fait montre de toutes ses qualités
humaines et militaires. Après tant d'épreuves, la sensation
poignante de devenir officier avec toutes les responsabilités
imposées par ce nouveau rôle brûla nos cœurs et nos genoux. Nous
chantâmes avec fierté notre magnifique ode en l'honneur de notre
parrain de promotion, provoquant des frémissements d'émotion dans
le public, avant de défiler magistralement sur la cour Rivoli en
suscitant la folle admiration de nos familles émerveillées. Le bal
qui suivit fut réjouissant et parfaitement à la hauteur de cette
cérémonie qui éblouit comme rarement les saint-cyriens, pourtant
peu susceptibles de complaisance.</div>
Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-89279681598307638242012-01-12T17:55:00.001+01:002012-01-12T19:21:50.762+01:00Les enfants de lesbiennes s'en sortent aussi bien que les autresOn apprenait l'année dernière <a href="http://www.newscientist.com/article/dn19014-children-of-lesbian-parents-do-better-than-their-peers.html">sur NewScientist</a> que « les enfants de lesbiennes surpassent les autres aux tests académiques et sociaux, selon les résultats de <a href="http://www.nllfs.org/publications/pdf/peds.2009-3153v1.pdf">la plus longue étude sur les familles homoparentales</a> », réalisée aux États-Unis et dont les résultats venaient d'être rendus publics.<br />
<br />
Les enfants, ayant été élevés par des couples de femmes, ont été interrogés à 10 et à 17 ans, et sont tous issus d'une insémination artificielle. L'étude a été publiée dans Pediatrics, qui d'après Wikipedia est « le journal le plus cité dans le domaine de la pédiatrie et possède le deuxième <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Facteur_d%27impact">facteur d'impact</a> le plus haut parmi tous les journaux pédiatriques », pour ceux qui seraient tentés de remettre en cause sa crédibilité.<br />
L'échantillon est réduit mais n'est pas négligeable, car c'est quand même 78 foyers qui ont été suivis par les scientifiques (avec un groupe de contrôle de 93 familles hétéroparentales de mêmes situations) depuis la naissance des bébés (entre 1986 et 1992). L'échantillon n'est pas hasardisé car les couples homoparentaux se cachaient encore quand l'étude a commencé : elle a donc du se baser sur le volontariat. 17 ans plus tard, les résultats permettent néanmoins de dégager des tendances.<br />
<br />
<a name='more'></a><br />
<br />
Un rapide coup d’œil à l'étude montre que la proportion d'enfants issus de familles homoparentales rencontrant des problèmes d'ordre social ou comportemental est d'environ <b>4 points inférieure</b> à celle des enfants issus de familles hétéroparentales, tandis que les compétences scolaires sont de <b>5 points supérieures</b>.<br />
<br />
D'autre part, le papier fait état de la situation des enfants selon les cas d'homophobie qu'ils ont rencontré au cours de leur enfance (signalés par leurs mères). Si la réussite académique est comparable, le taux de problèmes est de <b>10 points supérieur</b> chez les sujets qui ont du faire face à des comportements homophobes, un chiffre qui devrait nous alerter. Les auteurs de l'étude avancent deux hypothèses susceptibles de pondérer cette statistique : que les adolescents à problèmes aient plus tendance à évoquer ces incidents avec leurs mères ou que ceux qui ne le font pas soient plus résistants à ce type de provocations.<br />
Dans tous les cas, cette corrélation montre bien que le déficit d'ajustement est lié à l'environnement dans lequel la progéniture grandit : pour <b>le bien de l'enfant</b>, c'est à la société de mieux tolérer ces nouvelles situations familiales.<br />
<br />
Plus généralement, les chercheurs refusent d'aboutir à un effet positif de l'homoparentalité, justifiant les excellentes données des foyers homoparentaux par le contexte sociologique de l'étude et l'investissement des mères concernées.<br />
En revanche, ils peuvent conclure que les enfants qui ont été élevés depuis la naissance par des mères lesbiennes <b>font preuve d'un développement psychologique sain</b>, et qu'il n'y a par conséquent aucune justification dans la restriction des techniques reproductives ou de la garde selon l'orientation sexuelle des parents.<br />
C'est en effet un argument récurrent des défenseurs de la famille « traditionnelle » : l'équilibre psychique des enfants ne serait pas assuré. Cette étude prouve le contraire.Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-44216447910499104202012-01-07T15:58:00.001+01:002014-04-29T19:29:47.171+02:00Il n'y a pas que la bourse qui chute<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="http://www.youtube-nocookie.com/embed/xU1NpSQacqc?rel=0" width="480"></iframe>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
Il n'y a pas que la bourse qui chute...
<br />
Il n'y a pas que les capitaux qui fuient...
<br />
8 millions de pauvres en France.
<br />
55 millions de témoins.
<br />
Ne soyons pas complices.
<br />
2012 doit être l'année du changement.</blockquote>
Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-59848422742288558802012-01-07T13:57:00.004+01:002012-01-12T18:46:32.406+01:00La LigneJe me souviens si bien de ce mardi.<br />
Nous avions quitté la base navale d'Olavsvern depuis 8 jours. Les premières heures avaient été incroyables, alors que nous longions les côtes glacées du comté de Troms. Habitué que j'étais à la grisaille parisienne, je m'étais émerveillé devant le spectacle des montagnes enneigées se reflétant dans l'eau des petits ports de pêche qui parsemaient la région, vestiges d'un temps que je n'avais pas connu. Je les avais contemplés sagement, emmitouflé jusqu'aux oreilles dans mon accoutrement grotesque, qui s'était rapidement avéré être une source d'amusement inépuisable pour l'équipage. Je ne m'en étais pas offusqué, sachant pertinemment que je ressemblais à un bibendum orange sous amphétamines. Je ne quittais pas vraiment mon poste d'observation, d'abord parce que je n'avais pas grand chose d'autre à faire, mais également parce que j'avais compris que ma démarche évoquait à tous celle d'un manchot empereur sous l'emprise de l'alcool. J'avais donc profité de la beauté des massifs norvégiens sous une brise moins désagréable que dans mes prévisions, aux côtés d'un petit blond à la beauté particulière qui s'était assis à quelques mètres de moi quand nous avions levé l'ancre. Nous n'échangeâmes pas un mot - je n'aurais de toute façon pas pu car je ne connaissais rien au russe, mais il semblait un peu perdu, comme moi, et d'une manière assez inexplicable j'eus l'impression que nous nous réconfortions mutuellement. <br />
<a name='more'></a><br />
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">Malheureusement, notre frégate nous avait amené à proximité de la Ligne en quelques heures, et il avait fallu prendre le large dans la mer de Barents. La croisière avait soudainement perdu beaucoup de son charme, non seulement parce que la vitesse de sécurité qu'il fallait adopter aux abords de la Ligne me donnait l'impression d'être à bord d'une chaloupe, mais également parce que le paysage était d'une monotonie terrifiante. Je m'étais rapidement démoralisé, et la semaine qui venait de s'écouler avait été absolument interminable. La compagnie des militaires russes ne me plaisait guère, et je n'étais pas d'humeur à sympathiser avec mon traducteur.</div>Je savais néanmoins que ma mission me serait exposée à la moitié du voyage, et je m'étais réveillé avec bien plus d'énergie que les jours précédents dans la perspective de découvrir ce que je faisais ici. On m'avait expliqué qu'il s'agissait de la Ligne, et même si je n'avais pas compris comment ni pourquoi l'Empire Russe comptait impliquer un étranger dans son grand chef d'œuvre, j'avais tout de suite accepté.<br />
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">Je ne connaissais pas grand chose de l'Empire. Je savais qu'il avait été fondé après la défaite cuisante de la Fédération de Russie dans la Guerre de l'Ob, qui lui avait fait céder les trois quarts de son territoire à la Chine, et qu'il s'était évertué à édifier la Ligne pendant plus de deux générations pour se protéger d'une future agression. Je savais également que depuis la mise en place de cette dernière, l'Empire n'était plus qu'un mythe lointain, inaccessible objet d'innombrables fantasmes. L'espace aérien russe était devenu hermétique, les familles multinationales avaient été déchiré, les contacts avec le reste du monde avaient simplement cessé.<br />
<br />
J'avais également appris au lycée que la Ligne n'avait pas toujours été infranchissable. Les raisons de sa fermeture n'étaient pas bien connues, et les hypothèses de mon professeur un peu chauve et échevelé me semblaient toutes relever du romanesque. Un coup d'État aurait porté un nationaliste paranoïaque au pouvoir, ou la Chine aurait mené une offensive secrète qui avait conduit le gouvernement à déclarer l'isolement. J'avais toujours trouvé étrange qu'un pays se mette lui-même en état de siège pour se protéger, et cette mission était l'occasion rêvée de découvrir un des secrets les mieux gardés du Système. Je savais que je devrais certainement subir les conséquences de cette découverte toute ma vie, mais c'était le moyen rêvé de briser à jamais la routine qui rongeait mon moral et mes journées.</div><div style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Ce matin, je saluai donc le commandant de la frégate avec une chaleur qu'il ne me connaissait pas. J'avais rendez-vous après le déjeuner, et j'avais compris que les militaires non-gradés ne seraient pas de la partie, ce qui n'était pas pour déplaire à mon ego. À mesure que mon excitation grandissait, ma bonne humeur regagnait ma langue et colorait mes joues. J'en profitai pour discuter enfin avec mon interprète, qui s'avéra tout aussi impatient que moi de découvrir les raisons de notre périple nordique. Mon mépris pour les sous-fifres s'estompa rapidement quand j'appris qu'il faisait partie de l'armée française - ce que je n'aurais jamais soupçonné après 8 jours de cohabitation silencieuse, et nous déjeunâmes ensemble pour combattre notre empressement.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">À treize heures, nous allâmes trouver le commandant, qui vit à quel point j'avais du mal à contenir mon excitation. Je crois d'ailleurs qu'il eut une petite mimique de mépris en s'en rendant compte, et je moquai intérieurement son arrogance russe. Un deuxième personnage fit son apparition, et je reconnus le blond avec qui j'avais partagé le pont le premier jour. Nous nous saluâmes d'un geste de tête amical, même si nous ne nous étions pas revus depuis le départ. Il prit place à côté du commandant, qui nous invita alors à nous asseoir.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Ce dernier commença immédiatement à nous faire un bref historique de la Guerre de l'Ob, d'un ton fade et incolore qui signifiait clairement que la blessure de la défaite n'était pas refermée. Je sus à cet instant qu'il avait rejoint l'armée de l'Empire pour apaiser l'humiliation qu'il portait en lui, comme sans doute tous les russes de sa génération. Son exposé partisan m'agaça un peu, ce que je dissimulai par de petits hochements de tête réguliers.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Enfin, il se décida à parler de la Ligne et je me redressai sur mon siège inconfortable, comme si je craignais de rater quelque chose en étant avachi.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Après l'armistice, le nouvel Empire Russe avait décidé de se protéger de futures agressions voisines en mettant à profit tout ce qui lui restait d'ingénieurs et de militaires. Les élites du pays avaient jugé opportun de fédérer le peuple autour d'un projet colossal, et c'est ainsi qu'avait été décidée la création d'une frontière armée ceinturant l'ensemble du territoire.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Le projet tel que me l'expliquait le commandant semblait tellement démesuré que j'avais du mal à concevoir que l'Empire en soit effectivement venu à bout. Il y avait une pointe de fierté dans sa voix, et il mesurait avec suffisance l'effet qu'il faisait sur moi et l'interprète en nous expliquant comment la barrière avait été conçue pour protéger l'Empire de tout franchissement hostile. Le gouvernement avait choisi de ne pas couvrir toutes les côtes, fractales à la longueur potentiellement infinie, et un polygone avait été tracé après de mures réflexions arbitraires pour réduire le périmètre de la frontière. Des villes entières avaient été déplacées un peu plus au Sud pour se retrouver du bon côté de la Ligne, tandis que d'autres avaient été rasées de la carte pour lui donner les 50 kilomètres de profondeur qu'elle nécessitait tout le long de l'Empire. Des unités de défense avaient ensuite été implantées à intervalles réguliers, pour neutraliser tout type de menace : des batteries anti-drones, des mitrailleuses anti-infanterie, des obusiers anti-chars ; plus généralement, un anti-quelque-chose par type d'arme existant. Des centrales nucléaires avaient été construites pour que le système soit auto-suffisant, et des usines souterraines d'armement avaient été conçues pour approvisionner automatiquement les multiples équipements qui parsemaient la surface. Je ne pouvais m'empêcher de m'émerveiller devant la technicité mise en œuvre par cette nation défaite, et une fascination que je ne me connaissais pas commença à m'envahir. Les centrales et les usines automatisées existaient depuis longtemps, sans parler des armes intelligentes, mais leur association dans ces proportions n'en n'était pas moins impressionnante. Tout avait été conçu pour résister à n'importe quelle combinaison d'attaques ; le moindre interrupteur était protégé contre les impulsions électromagnétiques les plus puissantes, tandis que l'épaisseur de la Ligne donnait suffisamment de temps à ses équipements pour intercepter n'importe quel missile hypersonique. Des ordinateurs quantiques géraient les prises de décision, contrôlaient et synchronisaient les différents équipements. J'étais abasourdi d'apprendre seulement maintenant l'absence totale d'opérateur humain dans la Ligne, alors que c'était la clef de voute du système que l'Empire avait mis en place. Pas de soldat pour éviter la corruption et les erreurs humaines, et afin de ne pas mobiliser la moitié de la population. La Ligne devait protéger aveuglement le peuple russe et lui servir de rempart infaillible en cas d'offensive adverse, et je compris qu'elle remplissait parfaitement son rôle.</div><div style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Le petit blond était resté silencieux et immobile pendant tout l'exposé, et je me demandais quelle était la raison de sa présence. Il n'avait pas réagi au discours du gradé et ne semblait pas se reconnaître dans ses gasconnades, neutralité que j'avais l'impression d'avoir anticipé.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Une question germa alors dans mon esprit, et j'en fis part au commandant. Je ne comprenais pas pourquoi l'Empire avait choisi de s'isoler ainsi, alors que la Ligne semblait à même de le protéger sans nécessiter une fermeture absolue des frontières. Les ordinateurs quantiques étaient capables de processus décisionnels saisissants depuis plus d'un demi-siècle, et l'Empire les maitrisait déjà au moment de la conception de la Ligne. L'autarcie totale me semblait être d'une intransigeance incompréhensible, et je soupçonnais intérieurement le gouvernement russe d'avoir enfermé son peuple, car je ne voyais pas d'autre explication possible à l'abandon définitif des relations avec le monde extérieur que la Ligne avait entrainé.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Je le vis se rembrunir graduellement en écoutant mon interprète, et j'eus l'impression d'avoir ruiné son enchaînement narratif millimétré. Cette réaction sonna comme un aveu, et je me sentis profondément mal à l'aise, coincé que j'étais sur cette frégate militaire russe, envoyé par le gouvernement français pour aider l'Empire à séquestrer son peuple.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Le blond vit sans doute mon regard se décomposer, car il s'adressa à moi dans un français à l'accent presque indiscernable :</div><div style="margin-bottom: 0cm;">« - Vous vous trompez. »</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Ma surprise de le voir parler ma langue et comprendre ce que j'avais en tête lui arracha un sourire, puis il continua.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">« - Les milliers d'unités de la Ligne ont été construites indépendamment. En revanche, il fallut plus de temps pour les raccorder ensemble. L'État-major craignait cette perspective, car la Ligne aurait pu anéantir l'Empire en quelques heures si elle était tombée au contrôle de mains ennemies. Ils exigèrent des ingénieurs que le réseau soit rendu rigoureusement inviolable avant même qu'il ne permette de gérer les installations. Le seul moyen d'éviter le massacre en cas d'intrusion étant de détruire physiquement le réseau, des charges furent placées le long des fibres optiques qui parcouraient la Ligne, programmées pour détonner en cas de piratage ; c'était le dernier rempart contre les attaques cybernétiques. Ainsi, un agresseur ne pouvait simplement pas devenir maître des unités et les faire se retourner contre nous. Dans cette éventualité, il était prévu de placer immédiatement les armements en position de combat autonome et en alerte maximum, car une tentative de désactiver la Ligne aurait selon toutes probabilités été accompagnée d'un mouvement de troupes destiné à en tirer profit. L'élaboration fut douloureuse, mais après quelques années de travail, nos équipes réussirent enfin à finaliser cette procédure. »</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Le blond reprit sa respiration, et je sentis qu'il hésitait un peu à continuer. Je l'encourageai d'un sourire, en ignorant le commandant qui ne semblait pas surpris d'entendre son acolyte s'exprimer en français.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">« - Quelques semaines plus tard, un stagiaire chargé des tests unitaires déploya l'infrastructure expérimentale sur le réseau physique et lança par erreur les procédures de simulation directement sur la Ligne. Il était tard, et sa maladresse d'un instant plongea en quelques secondes l'Empire dans une prison inviolable. Les procédures destinées à reprendre le contrôle du réseau n'avaient pas été implémentées à ce stade, quant aux procédures de sécurité... à l'évidence, elles avaient été... négligé. »</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Immédiatement, les pièces s'assemblèrent à une vitesse vertigineuse dans ma tête. Il s'en rendit compte et me laissa quelques instants avant de poursuivre.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">« - Cette nuit-là, la Ligne fit 12855 victimes civiles. Des malheureux qui avaient eu le malheur de se trouver à sa proximité, ou pire, de vouloir franchir la frontière. Le gouvernement prit immédiatement un certain nombre de mesures pour protéger la population, et pour des raisons évidentes, il affirma que la décision d'activer la Ligne avait été prise pour le bien de l'Empire après de longues tergiversations menées par les autorités compétentes. Il fallut un peu d'autoritarisme pour faire passer la pilule, mais ils y parvinrent. En parallèle, la recherche d'un moyen de la désactiver fut secrètement désignée priorité absolue. Depuis lors, des milliers d'ingénieurs se succédèrent sans y parvenir. Seule la panne d'une des unités située au nord de Khal'mer-Yu, l'année dernière, permit à certains d'entre nous de quitter enfin le pays. À cette occasion, priorité fut donnée à la recherche de ceux qui réussiraient à désactiver la Ligne. Vous avez le profil, Lilo. »</div><div style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Oui, 23 ans après, je me souviens toujours parfaitement de ce mardi. Le visage du commandant est devenu un peu flou, le souvenir des montagnes norvégiennes s'est estompé, mais je pourrais le revivre inlassablement en fermant les yeux.</div><div style="margin-bottom: 0cm;">Et cette fois, je suis persuadé que je réussirai enfin à lever cette frontière invisible qui garde les russes prisonniers de leur propre pays depuis des décennies. Un clic... et tout basculera.</div>Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-63283882394189357022011-12-10T09:22:00.001+01:002011-12-10T18:52:11.255+01:00Jonah Mowry a un million de raisons d'être ici<iframe width="480" height="360" src="http://www.youtube-nocookie.com/embed/TdkNn3Ei-Lg?rel=0" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<br />
J'ai l'air heureux, non ?<br />
Eh bien je ne le suis pas. Ce que vous voyez n'est pas vraiment moi.<br />
...mais je suis le vrai Jonah Mowry. J'ai fait des choses...<br />
Des choses dont je ne suis PAS fier.<br />
Je me suis <u>coupé</u>... beaucoup.<br />
J'ai des CICATRICES.<br />
J'ai pensé au suicide. Souvent.<br />
...la première fois que je me suis coupé, c'était en CE1.<br />
Je me fais brimer tous les jours. Ça a commencé en CP.<br />
...et j'entre en 4e le mois prochain.<br />
Je ne suis pas prêt. Il me reste un ami proche.<br />
Les autres entrent au lycée.<br />
J'ai <u>peur</u>.<br />
D'y retourner.<br />
Beaucoup de gens me détestent.<br />
Je ne sais pas pourquoi...<br />
Mais je crois que je m'en doute.<br />
Car moi aussi je me déteste.<br />
Gay. Pédé. Tantouze. Homo. Enculé.<br />
La liste ne s'arrête pas là.<br />
Je n'en peux plus !!!<br />
Je suis fatigué d'être détruit.<br />
Et de me reconstruire uniquement pour ENCORE me faire détruire.<br />
Mais.........<br />
Je ne vais nulle part.<br />
Parce que je suis PLUS FORT que ça.<br />
Et que...<br />
J'ai un <u>million</u> de raisons d'être ici.</blockquote>Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-17542559836063114392011-12-01T18:18:00.001+01:002011-12-03T15:34:36.523+01:00De l'effet majeur, du centre de gravité, et de leur emploi<style type="text/css">
<!--
@page { margin: 2cm }
P.sdfootnote { margin-left: 0.5cm; text-indent: -0.5cm; margin-bottom: 0cm; font-size: 10pt }
P { margin-bottom: 0.21cm }
A.sdfootnoteanc { font-size: 57% }
-->
</style>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Dans l'armée française (et dans la
plupart des armées mondiales), un officier chargé d'une mission
transmet à ses subordonnés directs un «ordre initial» respectant
une ossature bien précise.<br />
<br />
Ce billet se concentrera sur l'effet majeur,
spécificité française de l'ordre initial.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
L'effet majeur est une condition suffisante
(mais non nécessaire) pour mener à bien la mission d'une unité,
définie par l'officier chargé de l'exécuter, et non par son
commanditaire. Il n'est pas forcément unique mais son accomplissement conduit
immanquablement (du moins en théorie) à l'achèvement de la
mission. C'est en quelque sorte une mission intermédiaire, objectif
temporaire sur lequel on se focalisera sachant que son exécution
nous assurera de compléter notre mission de départ.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<a name='more'></a><br />
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Un ordre initial découpe de manière
générale l'action en trois temps, répartition que l'on peut (et
doit) calquer sur l'effet majeur : le premier temps prépare son
exécution, le deuxième la concrétise, tandis que le dernier permet
d'accomplir la mission grâce au travail effectué au temps
précédent. L'effet majeur est donc la clé de voute de l'exécution
de la mission. Sa définition permet de centrer la préparation de
l'action sur le point qui nécessite le plus d'attention et d'éviter
de se focaliser sur la finalité d'une mission découlant en réalité
d'actions plus compliquées à mener.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Ce concept responsabilise l'officier
qui doit véritablement projeter sa mission pour en dégager l'effet
majeur, plutôt que d'appliquer des directives point par point.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
D'après un capitaine chargé du cours
de méthode de raisonnement tactique (MRT), l'armée américaine
fournit à ses cadres une liste d'actions à mener afin de remplir la
mission confiée. On peut s'interroger sur le bien-fondé de cette
démarche, en apparence plus infantilisante. En effet, il est
possible de la comprendre comme une minoration de la confiance faite
à l'officier puisqu'il est guidé de manière plus approfondie dans
l'exécution de sa tâche. Mais son supérieur, à l'origine de
l'ordre, n'est-il pas mieux placé pour comprendre la situation dans
son ensemble et appréhender les difficultés particulières que ses
subordonnés sont à même de rencontrer ? Au contraire, son
éloignement du terrain ne risque-t-il pas de lui faire prendre des
décisions inadaptées aux réalités du champ de bataille ?
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
La solution de l'armée française
constitue un juste milieu intéressant puisque le subordonné dispose
à la fois d'une trame précise pour l'établissement de son action
(il faut concrétiser l'effet majeur de son supérieur) et d'un degré
de liberté dans la façon d'accomplir sa tâche (définition de son
propre effet majeur à destination de ses sous-ordres).</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
La différence substantielle entre les
commandements américain et français se cache en réalité dans la
conception du but à atteindre. Il passe en France par l'effet majeur
décrit plus haut, tandis que les étasuniens privilégient
l'identification du «centre de gravité» de l'ennemi, «l'élément
dont les protagonistes ennemis tirent leur puissance»<a class="sdfootnoteanc" href="http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=1178151464605668053#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a>,
que l'on va ensuite s'efforcer de détruire en priorité. L'approche
américaine est plus directe puisqu'on cherche d'emblée à
neutraliser le point faible de l'adversaire, mais elle suppose
l'existence d'un tel élément. Sa définition est d'ailleurs sujette
à l'interprétation de l'État-Major (tout comme pour l'effet
majeur). Le travail d'un Lieutenant-Colonel américain cité par le
général Gambotti<a class="sdfootnoteanc" href="http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=1178151464605668053#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a>,
Echevarria, tend même à uniformiser les deux concepts. Il redéfinit
en effet le centre de gravité de la façon suivante : «[il
est] le lieu de la force agrégeant toutes les forces agissantes [de
l'entité ennemie] lui conférant, sa dynamique, son effet résultant,
voire sa synergie». Cibler l'action sur cet composant rejoint la
façon d'identifier et d'exploiter l'effet majeur dans l'armée
française. En effet, il s'agit désormais de détruire un élément
charnière de manière à déstabiliser profondément l'adversaire,
pour pouvoir dans lui porter dans un dernier temps un coup fatal (et
ainsi achever la mission).<br />
<br />
Ces façons d'appréhender la
transmission et l'exécution des ordres dans le monde militaire
constituent des éléments intéressants pour le monde civil.
Nonobstant l'aspect très formel de l'ordre initial, sa rigueur et sa
structure pourraient être des atouts pour descendre avec succès la
chaîne hiérarchique d'une association ou d'une entreprise.
Notamment, le concept de l'effet majeur permet d'identifier
précisément la tâche intermédiaire à accomplir pour s'assurer de
la réussite de la mission confiée et aiguille le subordonné dans
la bonne direction. Son identification, rapide, n'est pas une
difficulté pour le supérieur qui a conséquemment tout intérêt à
la réaliser pour établir un canevas de l'entreprise à mener.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
L'«ordre» en résultant doit en
revanche prendre en compte les susceptibilités des personnels,
contrainte qui n'existe pas dans le monde militaire car elles y sont
refoulées. Effectivement, le cadre d'action que constitue l'effet
majeur pourrait heurter la sensibilité d'un employé s'estimant à
même de remplir la mission en autonomie. Il est primordial de <span style="font-size: small;">ne
pas déresponsabiliser les subordonnés (comme en leur détaillant
point par point les différentes opérations à mener) et de faire de
cet effet majeur un point clé de la mission, repère cardinal et non
simple découpage de l'opération.</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">La notion de centre de
gravité − revisitée par Echevarria − permet similairement
d'identifier un élément nécessitant une concentration particulière
d'efforts, en vue d'accomplir la mission. C'est le facteur pouvant
servir de levier dans le but de concrétiser optimalement
(rapidement, efficacement, économiquement, etc., selon les cas) la tâche.</span><br />
<span style="font-size: small;">Moins envahissant que l'effet majeur puisqu'il s'agit ici de désigner un objectif et non de fixer une mission intermédiaire, il semble plus adapté quand la personne réceptrice de l'ordre est indubitablement à même de l'exécuter (confiance ou certitude vis-à-vis de ses compétences). Le centre de gravité n'est alors qu'un point de repère confirmant la bonne compréhension de la tâche assignée, voire un conseil pour sa réalisation.</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Ces concepts semblent en conséquence
intéressants à transposer au monde civil, en prenant garde à
l'écueil du systématisme qui ferait perdre de sa force à cette
méthode de commandement.</span><br />
<span style="font-size: small;">L'effet majeur peut s'avérer pertinent
dans le cas d'une mission non triviale, où il permettra de guider le
subordonné et impliquera le supérieur dans la planification de la
tâche qu'il délègue, lui permettant par ailleurs d'utiliser son
expertise.</span><br />
<span style="font-size: small;">Le centre de gravité est quant à lui un outil fructueux pour vérifier que le subordonné mènera à bien la mission confiée de la façon attendue.</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div id="sdfootnote1">
<div class="sdfootnote">
<span style="font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=1178151464605668053#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> <a href="http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/publications/Objdoc/objdoc40/article_fr/art16.pdf">http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/publications/Objdoc/objdoc40/article_fr/art16.pdf</a></span></div>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<div class="sdfootnote">
<span style="font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=1178151464605668053#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> <a href="http://www.paperblog.fr/885754/centre-de-gravite-et-effet-majeur/">http://www.paperblog.fr/885754/centre-de-gravite-et-effet-majeur/</a></span></div>
</div>Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-18757410664443441652011-07-12T00:08:00.001+02:002011-12-01T17:02:27.575+01:00Laïcité, par GRI&CO ICONE<div>
<object height="270" id="wat_89214" width="480"><param name="movie" value="http://www.wat.tv/swf2/186892nIc0K1189214">
<param name="allowFullScreen" value="true">
<param name="allowScriptAccess" value="always">
<embed src="http://www.wat.tv/swf2/186892nIc0K1189214" type="application/x-shockwave-flash" allowscriptaccess="always" allowfullscreen="true" height="270" width="480"></embed></object></div>
<br />
<i>De jolies paroles pour cette chanson de <a href="http://www.myspace.com/griecoicone" target="_blank">GRI&CO ICONE</a> :</i><br />
<br />
À la claire fontaine m'y allant promener,<br />
J'ai trouvé l'eau si claire que j'y m'y suis baigné,<br />
Elle avait l'air d'un ange, c'est que c'est étrange,<br />
Elle avait l'air d'un ange, c'est ce qui vous dérange,<br />
Des gars de la cité voulaient la faire tourner,<br />
Moi et Ahmed on s'y est opposés,<br />
Total respect, totale humilité,<br />
Moi j'aime pas les femmes quand elles sont apprivoisées.<br />
<br />
<a name='more'></a><br />
<br />
<span style="font-style: italic;">Refrain :</span><br />
Laïcité-cité, citez la laïcité dans la cité,<br />
Laïcité-cité-cité, citez la laïcité dans la cité.<br />
<br />
À la claire fontaine m'y allant promener,<br />
J'ai vu des skinheads en train de se raser,<br />
Ils étaient pas méchants, ils étaient pas vilains,<br />
C'était simplement des moines tibétains,<br />
Faut pas se fier aux apparences,<br />
Pas d'hypocrisie pas de remontrances,<br />
Entrez dans vos églises synagogues et mosquées,<br />
J'ne connais pas un Dieu qui ne prône pas la paix.<br />
<br />
<span style="font-style: italic;">Refrain</span>.<br />
<br />
À la claire fontaine m'y allant promener,<br />
J'ai vu des hommes en noir pas vraiment désirés,<br />
Faut dire qu'ils étaient venus nous gazer,<br />
Suite au bordel qu'on avait semé,<br />
Quand les hommes en rouge ont débarqué,<br />
Pour éteindre les feux amorcés,<br />
J'ai pas compris qu'on leur jette des pierres,<br />
J'ai pas compris qu'on leur fasse la guerre.<br />
<br />
<span style="font-style: italic;">Refrain</span>.<br />
<br />
À la claire fontaine m'y allant promener,<br />
J'ai vu la Margot un peu dépitée,<br />
Ni pute ni soumise veut pas [?] sont émises,<br />
Ni pute ni soumise veut pas dire qu'elle t'est promise,<br />
Si la laïcité rentrait dans la cité,<br />
On mangerait des makouds au petit déjeuner,<br />
On se ferait des spaghettis juste avant le mafé,<br />
Et quand les tchadors les souris pourraient danser.<br />
<br />
<span style="font-style: italic;">Refrain</span>.<br />
<br />
À la claire fontaine m'y allant promener,<br />
J'ai trouvé l'eau si claire que je m'y suis baigné,<br />
À la claire fontaine m'y allant promener,<br />
Moi c'est l'amour que j'y ai trouvé,<br />
Moi c'est l'amour que j'y ai trouvé.<br />
<br />
<span style="font-style: italic;">Refrain</span> [x 3]<br />
<br />
Citez la laïcité dans la cité. [x 2]Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-4397781061740078742011-06-19T13:06:00.004+02:002021-01-02T11:23:09.962+01:00Rentrer à l'École Polytechnique en venant de l'université : c'est possible !<p>Peu d'étudiants savent qu'on peut rentrer à l'École Polytechnique par la filière universitaire, sans avoir suivi de classe préparatoire, après la Licence. Et ceux qui le savent disposent d'assez peu d'informations sur le déroulement du concours et sur ses modalités.<br />
Venant de le passer, j'essaie de mettre cette expérience par écrit afin qu'elle profite aux prochains, car les retours sont rares sur le Web.</p><p><i>Attention : ce billet est ancien et les informations qu'il contient ne sont plus à jour. L'AST à l'X s'est démocratisée et la procédure n'est plus la même.</i><br />
</p><a name='more'></a><p><br />
<br />
L'intérêt de cette filière d'admission parallèle réside dans vos chances infiniment plus élevées d'intégrer une école prestigieuse qu'en passant par la voie classique, tant le niveau de recrutement y est moins élevé et la concurrence rare. Je ne vais pas rentrer dans le détail des raisons qui pourraient vous conduire à vouloir rejoindre une grande école, c'est à vous d'en avoir (ou d'en trouver !), mais vais essayer de décrire le déroulement du processus.<br />
<br />
L'inscription se déroule à partir de janvier sur le site ASTGrandesEcoles.fr. AST pour Admission Sur Titres, c'est-à-dire sur diplôme universitaire.<br />
Ce site propose une procédure d'admission commune pour — en 2011 en tout cas — 14 grandes écoles, dont la plupart sont membres du réseau ParisTech, destinée aux étudiants venant de l'Université (et aux internationaux).<br />
Le consortium regroupe un certain nombre de grands noms pour ceux qui les connaissent : les Mines, les Ponts, Télécom Paris, Télécom Bretagne, les Arts et Métiers, l'ENSTA... mais aussi l'École Polytechnique !<br />
<br />
À l'inscription sur ASTGrandesEcoles.fr, vous devrez remplir votre dossier : relevés de notes, adresses email de professeurs prêts à vous recommander, lettre de motivation. C'est l'occasion d'expliquer votre parcours, notamment si vous avez fait une première année de classe préparatoire (voire un bout de deuxième, mais vos chances seront relativement minces).<br />
Vous pourrez ensuite choisir à quelles écoles vous souhaitez postuler. Rien ne vous empêche de tout cocher, mais il me semble plus judicieux de ne sélectionner que celles qui correspondent à votre projet, pour ne pas avoir l'air de chercher bêtement à rentrer dans une école à tout prix. <br />
<br />
Les écoles feront alors une première présélection sur dossier : elles vérifieront l'adéquation de votre parcours avec la formation demandée, et bien entendu votre niveau. Pour l'École Polytechnique, c'est simple : vous ne passerez pas cette première étape si vous n'avez pas eu au moins 14 de moyenne en deuxième année de Licence. Radical mais efficace pour limiter le nombre de candidatures.<br />
Il est intéressant de noter qu'un certain nombre d'étudiants ayant fait une année de classe préparatoire ont <i>passé</i> ce filtre, bien que la procédure s'adresse en priorité aux étudiants purement universitaires. Seule une <b>cinquantaine</b> de personne a été (pour l'École Polytechnique) sélectionnée à ce niveau en 2011 (44 plus exactement), contre une trentaine en 2010.<br />
<br />
L'étape suivante est un questionnaire scientifique à choix multiples, que vous serez invités à passer en mai. Mathématiques IA, Mathématiques IB, Mathématiques II, Physique, Chimie, Informatique, l'objectif est simplement de répondre au plus de questions possibles. Pas besoin de paniquer si vous n'avez pas fait de physique depuis la terminale : vous devrez simplement vous rattraper ailleurs... par exemple en maths (au hasard).<br />
<br />
Rien de très compliqué en vue, du programme de L2 qui englobe un peu tous les domaines. Révisez vos cours, et surtout faites des exercices. En mathématiques, révisez vos dérivations, vos intégrations, vos combinaisons ; les questions sont simples, mais très variées. La notice propose quelques exemples en Mathématiques et en Physique pour vous familiariser avec le format du questionnaire. En Informatique, les questions sont principalement de la compréhension de code C très basique, et sont accessibles à presque tout le monde. Rajoutez-y un brin d'assembleur (vraiment un brin), et une ou deux questions de complexité.<br />
<br />
Le format QCM est un peu frustrant puisque vous ne pouvez pas expliquer votre raisonnement quand vous hésitez entre deux options, mais il permet parfois de répondre juste même sans vraiment comprendre la question. Par exemple, pour choisir la bonne décomposition en éléments simples d'une fraction rationnelle, il vous suffira d'évaluer les différentes propositions en 0 et en 1 pour vérifier que vous obtenez bien un résultat cohérent avec l'expression de départ.<br />
<br />
À compter également, une épreuve de français, à savoir un résumé et une dissertation. Dépêchez-vous, les deux heures passent vite, et le texte est loin d'être trivial (cette année en tout cas, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Virilio">Paul Virilio</a> parlant du progrès en a déstabilisé plus d'un).<br />
<br />
Prenez ensuite votre mal en patience avant les résultats, le mois suivant. Pour l'École Polytechnique, seul le total compte (que vous ayez ou non touché à toutes les matières) : vous serez convoqués aux oraux si votre note dépasse un seuil d'admissibilité fixé par le jury. Cette année : 13. Pas très impressionnant, mais seulement 24 étudiants l'ont atteint en 2011. Il est intéressant de noter que l'École Polytechnique offrant 10 places, vous avez à ce stade presque une chance sur deux d'intégrer... sans trop d'efforts : constitution du dossier et test scientifique stressant, mais pas infaisable.<br />
<br />
Viendra ensuite la semaine d'oraux, début juin (tirez un trait sur vos examens de licence s'il vous en reste... vous irez aux rattrapages). Après avoir lutté dans les transports (École Polytechnique, autre nom pour "bout du monde" dans le patois Essonnien), vous aurez le privilège de vous perdre dans une petite ville dans la ville recouverte de fresques estudiantines.<br />
Une fois rejoint le Hall du concours (différent du grand Hall, le Hall du concours se trouve dans les locaux de la Direction du concours, juste à côté des piscines), vous aurez le droit à une rapide présentation de l'X, puis à la projection d'une vidéo un peu ridicule dans laquelle des élèves font semblant d'être en prépa et de se poser des questions un peu bêtes qu'ils énoncent en articulant parfaitement au directeur de l'École, tout en jetant des regards fréquents au caméraman pour vérifier qu'ils font tout bien comme il faut.<br />
Après cet intermède rafraichissant, surprise (enfin, plus vraiment à ce stade si vous vous êtes un minimum renseignés avant) : du sport ! 50 mètres nage libre, puis en athlétisme du 100 et 1000 mètres. Attention, les barèmes sont <i>relevés</i> ! Entrainez-vous dès l'annonce de votre admissibilité. Les marges de progression en natation sont très importantes si vous n'avez jamais mis un pied dans l'eau, et travailler votre respiration peut vous aider à tenir sur le 1000 mètres, car le rythme pour avoir la moyenne est... très soutenu. Peut-être car je suis aussi sportif qu'un alpaga, mais je peux vous garantir que vous n'en sortirez pas indemne si vous n'avez pas pris la peine de courir un peu avant le grand jour.<br />
J'en profite pour rappeler que la note de 2 est potentiellement <i>éliminatoire</i>. Sans aucun entraînement, vous n'en serez peut-être pas loin. Notez également que la différence entre le 10e et le 11e (sur liste complémentaire) s'est faite cette année sur le sport, d'où l'intérêt d'y prêter attention.<br />
<br />
Viendront ensuite les épreuves orales à proprement dites.<br />
Une matière complémentaire (mathématiques si vous venez de physique, et physique pour les autres), qui ne porte que sur ce que vous avez étudié pendant votre licence (l'École vous aura demandé le programme détaillé de tous vos enseignements suivis en licence). Pour les mathématiciens qui n'ont pas fait de physique, ce sera tout simplement... de la Terminale. Si si. Du principe fondamental de la dynamique, un peu d'électromagnétisme.<br />
Pour les mathématiciens qui ont fait de la physique, ce sera... sensiblement la même chose. De quoi faire verdir ceux qui se sont coltinés de la physique théorique à côté pendant deux ans et qui ont un peu oublié comment jouer avec les fusées uniquement soumises à la force de gravité (avec un peu de frottements pour la forme). Révisez, ça vaut le coup. Rater l'admission sur un truc pareil, c'est un coup à flinguer un mammouth. De rage.<br />
<br />
Bien entendu, vous aurez aussi droit au plus gros coefficient : la matière principale, celle de votre mention de Licence. Prétendument sur votre programme de L3. J'écris <i>prétendument</i>, car je ne crois pas qu'un seul d'entre nous ait été interrogé ce qu'il avait fait cette année, à nos grands désarrois. De la L2 à moitié oubliée face à des examinateurs qui n'avaient pas l'air d'avoir survolé nos programmes, c'est un peu frustrant. Les grands gagnants furent clairement ceux qui avaient été bons l'année dernière, et qui avaient gardé le programme en tête. Ou qui l'avaient révisé, les coquins.<br />
Cette épreuve, comme la précédente, est un peu déstabilisante car les examinateurs sont relativement silencieux et n'hésitent pas à vous laisser vous enfouir dans des voies obscures avant de vous faire remarquer que vous venez perdre 10 minutes à faire un peu n'importe quoi. Tout en prenant compulsivement des notes. Les étudiants ayant séjourné un temps en prépa sont plus préparés à ce niveau puisque familiers des khôlles, mais on peut croire (ou espérer) que le jury d'admission en est conscient.<br />
<br />
Comptez également sur l'ADS, l'Analyse de Documents Scientifiques. Deux heures de préparation face à un document de plusieurs pages sur un sujet non étudié en cours, quelques transparents, et 15 minutes d'exposé, suivies de 25 minutes de questions et d'approfondissement. Un sujet par demi-journée, en physique ou en mathématiques. Dur de dresser des généralités tant le contenu a fluctué selon les jours : des physiciens sont tombés sur un mélange à tendances vaudou de chimie et de biologie qui ne les a pas vraiment servi, des mathématiciens sur la notion assez accessible de nombres transcendants, et d'autres sur des choses un peu plus complexes à appréhender. Cela dit, à cœur vaillant rien d'impossible ! La séance de questions qui suit nécessite en revanche un bon nombre de connaissances variées, pas forcément en adéquation avec votre cursus. Encore une fois, une bonne culture générale et une bonne connaissance du programme de L2 seront vos meilleurs alliés. Néanmoins, inutile de partir effrayé : l'examinateur est là pour vous aider à mettre en exergue vos capacités et vos savoirs, pas pour vous acculer. <br />
<br />
Le reste est plus reposant (peut-être à cause du petit coefficient) : les langues. En anglais, il s'agit d'un texte à commenter/analyser, apparemment tiré d'un journal de vulgarisation scientifique (<a href="http://www.newscientist.com/">New Scientist</a> par exemple), et de préférence assez chiant. Pas besoin d'être un expert en analyse lexicale, c'est surtout votre capacité à tenir une conversation qui sera jugée par l'examinateur.<br />
En français, le texte à portée philosophico-scientifique sera à résumer, puis à analyser. Là encore, nul besoin d'être le roi des commentaires composés pour s'en sortir, en revanche une bonne connaissance de l'actualité et une certaine culture générale sont chaudement recommandés pour assurer avec brio et volupté l'entretien d'ouverture qui s'ensuivra.<br />
J'attire votre attention sur l'importance de ces épreuves qui ne sont pas à prendre à la légère. L'X recrute avant tout des profils différents de ceux des étudiants de classes préparatoires, et les matières littéraires sont un excellent moyen de vous distinguer, de faire preuve d'esprit et de montrer aux examinateurs que vous n'êtes pas limités à votre programme de licence.<br />
<br />
Après ces épreuves, on souffle. Et on attend les résultats pour la mi-juillet... tout en sachant que les admis seront convoqués à la visite médicale à la fin du mois, ce qui donne déjà une bonne idée des personnes reçues (avec beaucoup de cruauté pour celui qui se trouvera sur liste d'attente, le fameux onzième, absent cette année).<br />
<br />
L'étape de la visite médicale est un peu épique pour ceux qui n'y sont pas préparés. Après avoir rempli un formulaire de 4 pages permettant par exemple d'indiquer au médecin si oui ou non vous avez fait pipi au lit après l'âge de 7 ans, vous devrez vous plier au test d'urine, à l'examen gynécologique pour les filles et à la palpation des testicules pour les garçons. Sans compter l’électrocardiogramme, l'audiogramme, et autres joyeusetés. Un conseil très sérieux : ne parlez pas d'un éventuel asthme. Ce n'est pas un obstacle au statut militaire, mais vous serez plus tard déclaré inapte à presque tout et quasiment sans aucune voie de recours.<br />
Mais contrairement aux élèves de prépa, vous savez que la convocation à la visite médicale sera presque synonyme d'admission, ce qui peut motiver les plus frileux à l'examen de l'appareil uro-génital.<br />
<br />
Avant de conclure cet article, voici une petite foire aux questions que j'éditerai si d'autres me parviennent.<br />
<br />
<b>C'est dur ?</b><br />
Moyennement. Si tu as travaillé tout le long de ta licence (et que tu es un (assez) bon étudiant), le concours ne présente pas de difficultés majeures. Mais il est toujours difficile de quantifier l'aléatoire de l'oral, où tu peux tomber sur le sujet que tu maitrises sur le bout des doigts comme sur des notions vues au S3 et complètement oubliées. D'autre part, il s'agit bien d'un concours : ton résultat dépend de tes prestations mais également de celles des autres candidats.<br />
<br />
<b>C'est sympa l'X ?</b><br />
Oui, plutôt. Le campus est très vaste, les bâtiments sont recouverts de fresques remplies de jeux de mots avec "Kès" (le nom du bureau des élèves) (Pirates des Kèsraïbes, Lucky Lukès, Blakès et Mortimer, Kès and the city, Spartakès, Kèsterpillar, Tecktonikès, etc.), la piste d'athlétisme est toute clinquante, le restaurant plutôt fourni, et ainsi de suite. Dur d'en dire plus en y ayant passé moins d'une semaine, mais ça a l'air sympa.</p><p><b>Quels sont les débouchés ?</b><br />Ils sont extrêmement vastes. Beaucoup d'étudiants poursuivent en thèses dans la plupart des disciplines scientifiques, mais il est également possible de créer son entreprise (par exemple de <a href="https://fasfox.com/" target="_blank">transformation numérique</a> ;-), de rejoindre des grands groupes (pour le côté ingénierie comme pour le côté management ou gestion de projets).<br />
<br />
<b>C'est pas compliqué de côtoyer des concurrents pendant une semaine ?</b><br />
Ta prestation aux oraux ne dépendra que de toi, pas des autres étudiants. L'ambiance entre les admissibles sur titre est très bonne car nous sommes tous dans le même bateau (certains meilleurs navigateurs que d'autres, mais c'est trop tard pour s'en offusquer). D'ailleurs, tout le monde ne passant pas les épreuves dans le même ordre, entretenir de bonnes relations avec les autres permet d'obtenir des retours sur le déroulement de leurs oraux.<br />
Tu peux aussi rester tout seul dans ton coin. Mais pas sûr que ça t'aide beaucoup à te démarquer au final.<br />
<br />
<b>Je veux rentrer à l'X. Dois-je absolument faire prépa ?</b><br />
Bonne question. Les étudiants venant de classe préparatoire ont un niveau académique global supérieur à celui des AST (du à l'ingurgitation méthodique et continue de connaissances pluridisciplinaires depuis 2 ou 3 ans), mais une simple considération probabiliste montre qu'un bon étudiant a plus de chances de rentrer en école en passant par l'université que par les classes préparatoires, dans lesquelles ils se heurtera à une concurrence bien plus farouche. Par ailleurs, la spécialisation de la licence permet de se constituer une certaine avance dans sa discipline, les élèves de prépas n'allant pas aussi loin que le programme de L3.<br />
Un étudiant studieux à l'université, <i>capable de travailler par lui-même</i> de manière régulière et de maitriser les concepts auxquels il est exposé a de bonnes chances d'arriver au stade des oraux.<br />
Face aux examinateurs, ce sera à lui de défendre ses capacités, mais il est clair qu'en arriver là est déjà un bon pas fait vers l'intégration. Atteindre le même stade en passant par la voie 1 (classes préparatoires) est quelque chose de plus hasardeux.<br />
À mon sens, un élève souhaitant intégrer l'École Polytechnique (ou toute autre grande école du réseau ParisTech type Mines, Ponts, Télécom) a intérêt à s'orienter vers l'université juste après son bac, et à y étudier sérieusement... s'il s'en juge capable. Il n'aura pas à rougir du niveau académique (passée la première année), s'épanouira sans doute plus qu'en prépa, et aura autant de possibilités d'intégrer par la suite.<br />
Les grandes universités parisiennes semblent pour cela plus adaptées que les universités de province, qui ne classent malheureusement que peu d'étudiants.<br />
<br />
<b>Dois-je forcément venir d'une Licence de Mathématiques ou de Physique ?</b><br />
Sur 24 admissibles, nous étions une quinzaine à venir de Mathématiques, 5 de Physique, le reste de Mécanique ou d'Informatique. Tous les parcours sont possibles, donc.<br />
<br />
<b>Existe-t-il d'autres moyens de se préparer aux oraux que de lire et relire ce billet tout à fait captivant ?</b><br />
La lecture des rapports des années précédentes est très instructive. Rendez-vous sur le <a href="http://gargantua.polytechnique.fr/siatel-web/explorer/">serveur Web de l'École</a>, et allez dans le dossier "Concours / Annales par matière". Les épreuves orales sont les mêmes que pour les classes prépas, familiarisez vous donc avec tous les documents qui regorgent de conseils et d'astuces, rédigés par les examinateurs eux-mêmes.</p>Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-21013180060816978392011-06-17T14:18:00.005+02:002011-12-02T20:31:18.241+01:00Petit Bateau : simplement du sexisme quotidien<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrD2CnwHccJ1OifaFVdG9ZmfFTlHbYJwolj_FQ_NRvZ_GJ2YyIHMB-21oZk3L-KkjddBAtWBAvOdaqoxLrdoA5ghzu7T39DkqSGa-HgFT-BDoXTlJHzM5ELbG3z972CaY3OOLjLXccFBA/s1600/petitbateausexiste.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="299" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrD2CnwHccJ1OifaFVdG9ZmfFTlHbYJwolj_FQ_NRvZ_GJ2YyIHMB-21oZk3L-KkjddBAtWBAvOdaqoxLrdoA5ghzu7T39DkqSGa-HgFT-BDoXTlJHzM5ELbG3z972CaY3OOLjLXccFBA/s400/petitbateausexiste.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
Selon Petit Bateau, un petit garçon en devenir sera courageux, fort, robuste, fier, vaillant, rusé, habile, déterminé, espiègle, cool.<br />
En revanche, les petites filles sont destinées à devenir jolies, têtues, rigolotes, douces, gourmandes, coquettes, amoureuses, mignonnes, élégantes, belles.<br />
<br />
Nulle intention de nuire, juste du sexisme de tous les jours, à la petite cuillère, une manière d'enfermer les filles dans des rôles de potiches ("belle, coquette, jolie, mignonne"), en laissant aux mâles le soin d'être intrépides ("fort, robuste, courageux"). Les femmes seront belles et se pavaneront ("élégante, amoureuse") devant les hommes qui gagneront le pain du foyer ("habile, déterminé").<br />
<br />
<a name='more'></a><br />
<br />
Inutile de revenir sur le choix des couleurs, mais une profonde lassitude de voir des grandes marques jouer sur les clichés les plus forts à propos de la différence des sexes, qui ont pour conséquence les inégalités entre hommes et femmes qu'on connait.<br />
C'est en serinant ces contre-vérités à longueur de temps (les garçons ne peuvent pas être "coquets", et une fille ne sera jamais "vaillante") que les enfants grandissent avec ces idées en tête.<br />
Et qu'ils les appliquent ensuite, puisqu'elles font alors partie de leur bagage culturel et sociétal.<br />
<br />
<i>Photo : <a href="http://twitpic.com/photos/morganabbou">Morgan Abbou</a></i>.Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-67051594360554220672011-06-16T20:34:00.001+02:002011-12-03T15:33:34.421+01:00La vraie lettre de Georges Marchais au recteur de la Mosquée de ParisUn certain nombre de sites à tendance réactionnaire ou nationaliste se complaisent à publier des extraits d'une lettre que Georges Marchais, alors candidat à la présidentielle du Parti Communiste Français (PCF), a adressé le 6 juin 1981 au recteur de la Mosquée de Paris. Ce dernier avait protesté contre la destruction d'un foyer de travailleurs maliens par le maire — communiste — de Vitry-sur-Seine, Paul Mercieca. Dans sa lettre, Georges Marchais prenait la défense de son camarade et dressait un réquisitoire contre l'immigration... mais pas de la façon suggérée par les sites en question, qui profitent malhonnêtement du double sens qu'on peut donner à des écrits tronqués.<br />
<br />
La lecture de la lettre originale, telle que publiée dans l'Humanité, permet de comprendre le propos de Georges Marchais et de se faire sa propre opinion à son égard.<br />
<a name='more'></a><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrS4DPVwYXhgt3CwPHPKbuPZ-Vq9Cw7_TArALnYZ6hDgZaIYte-pVGJpHMUpRnEH0FaYrzrDuVKNLU8r9Uzma5xPZ-uPOgT59pGyEVGCNCH2DHhDHsLRmaNNp2yXCLTiq57Xq5BDhC63U/s1600/lettre-marchais.png" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrS4DPVwYXhgt3CwPHPKbuPZ-Vq9Cw7_TArALnYZ6hDgZaIYte-pVGJpHMUpRnEH0FaYrzrDuVKNLU8r9Uzma5xPZ-uPOgT59pGyEVGCNCH2DHhDHsLRmaNNp2yXCLTiq57Xq5BDhC63U/s320/lettre-marchais.png" width="147" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Copie de l'article publié par l'Humanité</td></tr>
</tbody></table>
La voilà retranscrite d'après l'article, daté du 7 juin 1981. Les italiques ne sont <b>pas</b> d'origine, mais soulignent les extraits du texte qu'on peut trouver, hors contexte, sur le Web, afin de comprendre les implications de la sélection effectuée par les sites en question. <br />
<br />
<style type="text/css">
@page { margin: 2cm }
P { margin-bottom: 0.21cm }
blockquote div { margin-bottom: 0.21cm }
</style> <br />
<blockquote>
<div style="font-weight: normal;">
Monsieur le Recteur,</div>
<div style="font-weight: normal;">
Vous m'avez envoyé un télégramme me demandant de condamner le maire communiste de Vitry et mettant en cause la politique de mon parti sur l'immigration. Ce message a été rendu public avant même que j'aie pu en prendre connaissance. C'est pourquoi je vous adresse cette lettre ouverte.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Tenant compte de la charge que vous occupez, je tiens d'abord à vous confirmer ma position, celle de mon parti, sur la religion. Je respecte, nous respectons la religion musulmane à l'égal de toutes les autres. Je sais que des centaines de milliers de travailleurs de mon pays professent l'Islam, qui est d'une des branches vivantes sur l'arbre millénaire de la civilisation. </div>
<div style="font-weight: normal;">
Je me fais une règle de ne jamais intervenir dans des questions religieuses qui relèvent de la seule conscience des personnes ou des communautés. C'est donc seulement parce que vous avez adopté une position politique sur une question qui nous concerne que je prends la liberté de vous envoyer aujourd'hui, cette mise au point.</div>
<div style="font-weight: normal;">
L'idéal communiste est effectivement opposé, comme vous voulez bien le reconnaître, à toute discrimination raciale ou religieuse.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Nous pensons que tous les travailleurs sont frères, indépendamment du pays où ils sont nés, de la couleur de leur peau, des croyances, de la culture, des valeurs ou des coutumes auxquelles ils sont attachés. Qu'ils s'appellent Mohamed, Kemal ou Jacques, Moussa, Mody ou Pierre, tous ont un droit égal à la vie, à la dignité, à la liberté. Nous nous appliquons à nous-mêmes cette loi d'égalité. Tous les travailleurs immigrés, musulmans ou non, membres du Parti communiste français, ont dans ce parti les mêmes droits et mêmes devoirs que leurs camarades français. </div>
<div style="font-weight: normal;">
Nul plus que nous en France n'a combattu le colonialisme. Pour ne parler que du Maghreb, dès la fondation de notre parti, nous luttions contre la guerre du Rif. Et, plus récemment, nous avons milité pour la constitution du Maroc et de la Tunisise en États indépendants ; nous nous sommes opposés à la guerre menée contre le peulven algérien par les capitalistes français et leurs politiciens, avec la férocité de leurs tortures, de leurs camps, de leurs massacres, de leurs dévastations.<br />
Aujourd'hui, je m'honore d'entretenir de bonnes relations avec les dirigeants du mouvement de libération nationale. Je me suis rendu plusieurs fois en Algérie. J'ai parcouru l'Afrique. Et j'ai l'intention de développer encore cette action. Je me suis particulièrement réjoui d'avoir contribué, l'été dernier, au nom du Comité de défense des libertés et des droits de l'homme, à la libération d'Abderrazak Ghorbal, le dirigeant syndicaliste tunisien. Avec ce comité, j'espère bien finir par obtenir justice pour Moussa Konaté, travailleur malien persécuté par l'arbitraire policier de M. Giscard d'Estaing. En France même, c'est la CGT et nous qui combattons énergiquement la politique des patrons et du gouvernement, la surexploitation, les atteintes à la dignité, les brimades et les discriminations odieuses qui frappent les travailleurs immigrés. Nous le ferons toujours. C'est ce que j'ai réaffirmé, en juillet 1980, en m'adressant aux travailleurs immigrés de l'usine Renault à Flins. </div>
<div style="font-weight: normal;">
Au vu de ces réalités, puis-je vous rappeler cette belle parole : « le feu de l'hospitalité luit pour le voyageur qui distingue la flamme » ?</div>
<div style="font-weight: normal;">
Pour la clarté, sur le sujet dont parle votre télégramme, il me faut en premier lieu rétablir la vérité des événements. </div>
<div style="font-weight: normal;">
Votre message fait état d'une « décision précipitée et irréfléchie » que le maire communiste de Vitry aurait prise à l'encontre de travailleurs immigrés maliens. Voilà une condamnation bien hâtive. De fait, l'histoire réelle est inverse. C'est un dimanche, avant-veille de fête, au moment même où les communistes étaient réunis au Bourget pour le soixantième anniversaire de leur parti, qu'un autre maire — non pas communiste, mais giscardien celui-là — a déclenché l'affaire en prenant la révoltante décision de chasser les immigrés maliens de sa ville de Saint-Maur et de les refouler clandestinement sur Vitry. Pour parvenir à ses fins, cet individu n'a pas hésité à faire forcer — à l'insu du maire de Vitry et sans accord de la commission de sécurité — les issues murées d'un foyer au sujet duquel les négociations étaient officiellement engagées en vue d'y loger de jeunes travailleurs français.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Permettez-moi de vous le dire : comment se fait-il que vous n'ayez pas pris position contre le maire de Saint-Maur ? Je n'ose croire que c'est parce qu'il est un ami intime du président de la République française, qu'il a reçu deux fois en trois ans dans sa mairie. Il me faut bien constater toutefois, avec étonnement, que vous avez été plus prompt à organiser une manifestation contre un maire communiste qu'à prendre à partie les responsables des souffrances des immigrés en France, MM. Giscard d'Estaing, Stoléru ou le président du CNPF. Aux côtés de la droite et de l'extrême-droite, avec les dirigeants socialistes, la CFDT, la FEN et des groupuscules, vous vous trouvez, je le déplore, au cœur d'une opération politicienne anticommuniste qui prend les immigrés comme prétexte et ne peut en définitive que leur nuire.</div>
<div style="font-weight: normal;">
<i>Je vous déclare nettement : oui, la vérité des faits me conduit à approuver, sans réserve, la riposte de mon ami Paul Mercieca</i>, maire de Vitry, à l'agression raciste du maire giscardien de Saint-Maur. <i>Plus généralement, j'approuve son refuse de laisser s'accroître dans sa commune le nombre, déjà élevé, de travailleurs immigrés</i>.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Cette approbation ne contredit pas l'idéal communiste. Au contraire.</div>
<div style="font-weight: normal;">
<i>La présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l'immigration posent aujourd'hui de graves problèmes. Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables</i>. Ce qui nous guide, c'est la communauté d'intérêts, la solidarité des travailleurs français et des travailleurs immigrés. Tout le contraire de la haine et de la rupture.</div>
<span style="font-weight: normal;">Certains — qui défendent par ailleurs le droit de vivre au pays pour les Bretons ou les Occitans — prétendent que l'immigration massive de travailleurs est une nécessité, voire un bienfait du monde contemporain. Non, c'est une conséquence du régime capitaliste, de l'impérialisme. Des millions d'hommes sont contraints au cruel exil en terre étrangère, loin de leur ciel et de leur peuple, parce qu'ils n'ont pas de travail chez eux. Dans beaucoup de leurs pays la colonisation, le développement inégal propre au capitalisme ont laissé des traces profondes ; même dans ceux d'entre eux qui s'engagent sur la voie d'un développement socialiste elles peuvent subsister pendant de nombreuses années. Ou bien encore les capitalistes qui dominent certains pays exportateurs de main-d'œuvre ne veulent pas ou ne peuvent pas résoudre les problèmes économiques et sociaux de leurs peuples et préfèrent tirer des profits immédiats de l'immigration, tout en affaiblissant par ces départs la classe ouvrière ; ainsi au Portugal ou en Turquie, malgré la lutte des forces les plus conscientes. Quant aux patrons et au gouvernement français, ils recourent à l'immigration massive, comme on pratiquait autrefois la traite des Noirs, pour se procurer une main-d'œuvre d'esclaves modernes, surexploitée et sous-payée. Cette main d'œuvre leur permet de réaliser des profits plus gros et d'exercer une pression plus forte sur les salaires, les conditions de travail et de vie, les droits de l'ensemble des travailleurs de France, immigrés ou non. Cette politique est contraire tant aux intérêts des travailleurs immigrés et de la plupart de leurs nations d'origine qu'aux intérêts des travailleurs français et de la France. Dans la crise actuelle, elle constitue pour les patrons et le gouvernement un moyen d'aggraver le chômage, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, la répression contre tous les travailleurs, aussi bien immigrés que français.<i> </i></span><b><span style="font-weight: normal;"><i>C'est pourquoi nous disons : il faut arrêter l'immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage</i>.</span></b><span style="font-weight: normal;"> À cet égard MM. Giscard d'Estaing et Stoléru font le contraire de ce qu'ils disent : ils contribuent à l'entrée clandestine organisée de travailleurs dépourvus de droits et soumis à une exploitation honteuse et inhumaine. Je précise bien : il faut stopper l'immigration officielle et clandestine, mais non chasser par la force les travailleurs immigrés déjà présents en France, comme l'a fait le chancelier Helmut Schmidt en Allemagne fédérale.</span><br />
<div style="font-weight: normal;">
Nous disons également : il faut donner aux travailleurs immigrés les mêmes droits sociaux qu'à leurs camarades français. Nos propositions en ce sens sont les plus avancées qui soient. </div>
<div style="font-weight: normal;">
Et nous disons encore : il faut instituer un nouvel ordre économique et politique mondial. Il faut une coopération fondée non sur les exigences de profits des trusts et sur des conceptions colonialistes, mais sur des rapports équitables correspondant en priorité aux besoins d'emploi et de développement de la France et des peuples du tiers monde. Cette question, vous ne pouvez l'ignorer, me tient particulièrement à cœur.</div>
<div style="font-weight: normal;">
En même temps et dans le même esprit nous disons : <i>il faut résoudre d'importants problèmes posés dans la vie locale française par l'immigration</i>.</div>
<div style="font-weight: normal;">
En effet, M. Giscard d'Estaing et les patrons refusent les immigrés dans de nombreuses communes ou les en rejettent pour les concentrer dans certaines villes, et surtout dans les villes dirigées par les communistes. Ainsi <i>se trouvent entassés dans ce qu'il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés des divers pays. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français</i>.</div>
<div style="font-weight: normal;">
<i>Quand la concentration devient très importante</i> — ce qui n'a rien à voir, soit dit au passage, avec la notion non scientifique et raciste d'un prétendu « seuil de tolérance » dont nous ne parlons jamais — <i>la crise du logement s'aggrave ; les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles françaises ne peuvent y accéder</i>. <i>Les charges d'aide sociale nécessaire pour les familles immigrées plongées dans la misère deviennent insupportables pour les budgets des communes </i>peuplées d'ouvriers et d'employés. L'enseignement est incapable de faire face et les retards scolaires augmentent chez les enfants, tant immigrés que français. Les dépenses de santé s'élèvent.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Les élus communistes, dans le cadre de leurs droits et de leurs moyens, multiplient les efforts pour résoudre ces problèmes difficiles au bénéfice de tous. Mais <i>la cote d'alerte est atteinte</i> : il n'est plus possible de trouver des solutions suffisantes si on ne met pas fin à la situation intolérable que la politique raciste du patronat et du gouvernement a créée.</div>
<div style="font-weight: normal;">
C'est pourquoi nous exigeons une répartition équitable des travailleurs immigrés entre toutes les communes. </div>
<div style="font-weight: normal;">
Parler à ce propos d'électoralisme, c'est nous faire injure. Notre position ne date pas d'aujourd'hui. Dès octobre 1969, quand j'étais chargé de l'immigration à la direction du Parti communiste français, les maires communistes de la région parisienne et les élus communistes de Paris ont adopté, sur ma proposition, une déclaration dénonçant la concentration des travailleurs immigrés dans certaines villes et demandant une répartition équilibrée. Si elles avaient été appliquées par le pouvoir, ces mesures, pour lesquelles nous n'avons cessé de lutter, auraient permis d'éviter les difficultés actuelles.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Encore un mot sur le racisme. Rien ne nous est plus étranger que ce préjugé antiscientifique, inhumain, immoral. Non, il n'existe pas de races d'élite et de races inférieures.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Ne partagez-vous pas l'indignation qui me soulève quand je considère les activités malfaisantes des passeurs, des trafiquants, des marchands de sommeil qui entassent des immigrés dans des conditions violant toutes les règles d'hygiène, de sécurité, de voisinage et que M. Stoléru laisse agir sans entraves comme les négriers d'autrefois ? Ce sont des délinquants qu'il faut réprimer.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Et n'éprouvez-vous pas le même dégoût que moi à la lecture d'une « petite annonce » comme celle que le journal «Libération» publiait récemment sous le titre : « Immigrés sex service », et que la décence m'interdit de reproduire ? Comme j'aimerais que nous soyons, chacun au nom de notre idéal respectif, du même côté contre des gens capables de bassesses aussi abominables, et, j'ose le dire, d'une telle barbarie !</div>
<div style="font-weight: normal;">
Tout ce que la morale humaine réprouve avec force, l'inégalité, l'injustice, le mépris, la cruauté, nous le repoussons, nous le combattons. C'est pourquoi, dans les entreprises et les cités, nous invitons les travailleurs immigrés et français non pas à se combattre entre eux, mais à unir leurs forces contre leurs vrais ennemis communs, les exploiteurs et ceux qui les servent. Nous les appelons à tracer ensemble le sillon, à l'élargir sans cesse, pour libérer tous les hommes et toutes les femmes de la servitude et de la haine. C'est le sens de notre lutte pour la justice. De très nombreux prolétaires musulmans la comprennent et la soutiennent.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Veuillez agréer, Monsieur le Recteur, mes salutations.</div>
<div style="font-weight: normal;">
Georges Marchais.</div>
</blockquote>
Quoi qu'on puisse en penser sur le fond, ce propos est à mon sens fondamentalement différent de celui qui transparait des morceaux choisis par les sites réactionnaires. Ceci traduit une certaine malhonnêteté intellectuelle de la part de leurs rédacteurs (voire une malhonnêteté certaine), qui ne proposent pas de version intégrale de la tribune de Georges Marchais. <br />
<br />
<i>Source : service Documentation de l'Humanité.</i>Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-40260383509768983842010-05-31T13:58:00.000+02:002012-01-12T19:20:26.218+01:00Christian Vanneste, ou le mariage « différent et complémentaire »Dans le billet précédent, nous avons montré comment le député du Nord Christian Vanneste utilise des arguments fallacieux et trompeurs pour rapprocher l'homosexualité de l'éphébophilie, afin de stigmatiser les gays en les faisant passer pour des pédophiles.<br />
La fin de <a href="http://www.christianvanneste.fr/2010/04/30/quelques-reflexions-sur-leglise-et-la-pedophilie/">son article</a> concernait cependant le mariage, et mérite à elle seule un supplément de douceurs que nous vous livrons ici tant l'auteur persiste dans l'art de manipuler son lectorat.<br />
<br />
En effet, <b>l</b><b>e député essaie d'établir son incompatibilité avec les couples homosexuels</b>, en suivant un cheminement progressif pour diluer ses incohérences. En premier lieu, le mariage représenterait « l’accord de deux personnes différentes et complémentaires ». Dès le départ, Christian Vanneste essaie de de débarrasser des ménages de même sexe en introduisant la <i>différence</i> des deux parties, qu'on imagine pour lui se situer au niveau biologique, ce qu'il essaie d'ailleurs de faire croire insidieusement au lecteur par cette formulation ambigüe. C'est évidemment<b> totalement réducteur</b>, la <i>différence</i> et la complémentarité réelles de deux personnes se plaçant sur un plan intellectuel et affectif. La preuve est accessible : ces éléments sont également nécessaires à l'amitié, qu'on sait ne pas dépendre du sexe des individus mais des affinités entre les personnes, impossible à résumer ou identifier à leur physiologie. D'ailleurs, la frontière entre amour et amitié peut s'avérer tenue ; il serait absurde de vouloir les y opposer. Ce qui signifie bien que la différence biologique n'est pas un prérequis à la complémentarité.<br />
Ce point ne présente donc pas plus d'incompatibilité avec les couples homosexuels que le suivant, selon lequel le mariage serait un « accord pour la vie de 2 libertés qui veulent et veulent les conséquences de ce qu’elles veulent » (admirez la clarté du propos qui cache en outre une maxime des plus plates). Les personnes de même sexe souhaitant se marier acceptent en effet parfaitement à cette description.<br />
<br />
Enfin, le mariage doit également être « parfaitement conforme à l’intérêt présent et futur de la société ». Impossible de cacher notre étonnement de voir Christian Vanneste, député de la République Française, se targuer de connaitre les intérêts actuel et à venir de notre société, et mieux, de se sentir investi d'une mission visant à les défendre pieusement contre ses ennemis - à savoir les homosexuels. Mais les positions précédentes du personnage nous permettent de deviner qu'il fait ici référence à la reproduction. Car en effet, les gays ne font pas d'enfants.<br />
Mais en utilisant cet argument pour exclure du mariage les couples de même sexe, suppose-t-il que le mariage les rendrait encore moins fertiles ? Ou pense-t-il que cette opportunité ferait progresser leur nombre ?<br />
« <i>Papa, maman, j'ai décidé de devenir homosexuel, comme ça je pourrai me marier avec mon cousin Nicodem ! Je n'y avais pas songé avant car le Pacs ne me tentait pas vraiment, mais la possibilité de contracter une réelle union institutionnelle et de bénéficier ainsi d'une responsabilité accrue à l'égard de mon conjoint a levé toutes mes incertitudes !</i> »<br />
C'est dans les deux cas méconnaitre totalement la problématique concernée : l'homosexualité n'est pas contagieuse, et les gays sont déjà dans l'incapacité de procréer biologiquement. Le mariage ne changerait absolument rien aux questions soulevées par le député.<br />
Il ne s'agit clairement que d'un prétexte, qui masque en réalité un mode de pensée inquiétant : <b>vouloir conditionner l'union des gens à l'intérêt de la société</b> ! Quelle ingérence dans nos vies, et que de dérives potentielles cette idée introduit-elle. Il faut faire des enfants. Devrait-t-on conditionner le mariage à la création d'une progéniture en bonne santé, ou le refuser aux couples stériles ? Et à ceux dont le patrimoine génétique rend probable la naissance d'un handicapé, que l'État devra assister ? Ce raisonnement par l'absurde illustre simplement l'incohérence de cet argument. Le mariage est l'union de deux êtres, avant de servir l'« intérêt de la société ».<br />
Il va sans dire que s'il est vital pour notre pays que chacun assure sa descendance, <b>Christian Vanneste soutiendra avec ferveur l'adoption pour les couples de même sexe</b>, qui permettrait de faire remonter légèrement la moyenne nationale et ainsi de compenser la stérilité des unions homosexuelles...<br />
<br />
Plus sérieusement, il est improbable qu'un député de la république défende de tels points de vue liberticides ; on se situe bien dans le registre de la surenchère où les positions les plus extrêmes sont employées pour défendre des opinions qui ne peuvent l'être autrement. Tout cet argumentaire en faveur du mariage hétérosexuel n'a pas de fondement rationnel et ne repose que sur les dogmes de Christian Vanneste : si la situation est telle, c'est qu'elle est fondée ; toute tendance visant à la remettre en cause ou à faire évoluer certains prémices sur lesquels sont basés notre société est contraire à l'ordre des choses.<br />
<br />
Ce mode de pensée auquel les représentants de l'Église ont eu recours pendant le procès de Galilée ou quand la traite des noirs était en débat, et que le député reprend à son compte pour condamner l'homosexualité, a amplement prouvé ses limites par le passé.<br />
Tous les axiomes sur lesquels se basent notre société ne sont pas au dessus de toute remise en question, et c'est justement l'intelligence du politique que de ne pas les laisser brider leur réflexion.Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-77288930500031133262010-05-17T05:30:00.000+02:002012-01-12T18:45:40.794+01:00Quand Christian Vanneste réfléchit sur la pédophilie pour mieux condamner l'homosexualitéLe 30 avril 2010, Christian Vanneste, le fameux député du Nord, s'est fendu d'<a href="http://www.christianvanneste.fr/2010/04/30/quelques-reflexions-sur-leglise-et-la-pedophilie/">un billet à propos des déboires de l'Église Catholique</a>, embourbée dans un nombre important d'affaires de pédophilie (qui reste anecdotique par rapport à la masse du clergé).<br />
<br />
Il
utilise en fait cette problématique, comme l'on pouvait s'y attendre,
pour charger une fois de plus l'homosexualité, et ce dès la première
ligne de sa prose : « l’atelier sémantique gay a inventé la prise de
judo conceptuelle la plus efficace : la pédophilie est un crime.
L’homosexualité une vertu. » Présentée de manière anodine, cette
introduction est parfaitement sinistre. Car le député associe d'entrée
de jeu l'homosexualité à la pédophilie,<b> comme si leur nature était intrinsèquement identique</b>
et que seules des considérations linguistiques les séparaient,
inventées, de plus, par une certaine communauté homosexuelle désireuse
de mystifier la population. D'une audace stupéfiante de mépris et de
déconsidération ! Heureusement, ce postulat inexact remet d'entrée de
jeu en question l'argumentation à venir du député, d'une part car il
n'existe aucune statistique signifiant que les jeunes garçons sont plus
ciblés que les jeunes filles par les pédocriminels (à part les
affirmations de l'Église, sur lesquelles nous reviendrons par la suite),
et d'autre part car la physiologie d'un enfant est fondamentalement
différente de celle d'un adulte, et ne permet donc pas d'établir un lien
entre le sexe des enfants agressés et les préférences sexuelles des
agresseurs : l'attirance qu'ils éprouvent est ailleurs que dans la
masculinité ou féminité de leurs victimes, car elle n'est pas construite
à ces âges. Mais l'auteur lie homosexualité et pédophilie avant même
d'entrer dans le vif du sujet et d'essayer de démontrer leur proximité, <b>ce qui marque clairement son absence d'objectivité et invalide déjà la forme de son raisonnement</b> puisque qu'il présente d'abracadabrantes vérités comme établies avant de commencer.<br />
<br />
Mais
penchons-nous sur le fond. Il introduit la notion d'éphébophilie, «
l’attirance des hommes pour les adolescents pubères mais ambigus de
traits ». Mais il précise qu'elle « ne commence ni ne s’arrête à 15
ans », ne cachant guère que cette distinction sémantique n'est en fait
qu'un artifice pour parler à nouveau de pédophilie, puisque les enfants
de moins de 15 ans sont également concernés. Et d'après lui, <b>l'homosexualité y serait liée par essence</b>,
ce que prouverait la confusion permanente qui règne entre les deux.
C'est encore une fois une affirmation grossière, présentée comme une
vérité par son auteur alors que l'argument est parfaitement fallacieux :
l'«art et la littérature» le justifieraient, et le lecteur est prié d'y
croire sur parole. N'attendez pas de lui qu'il évoque Pierre de Ronsard
et son « Mignonne » dédié à Cassandre alors âgée de 13 ans, Vladimir
Nabokov et son « Lolita » dans lequel il décrit sa relation avec une
jeune fille de 12 ans, <b>Christian Vanneste se contente de généraliser des références qu'il ne prend pas la peine de citer</b>. Il manque malheureusement d'honnêteté intellectuelle tant l'argument pourrait être appliqué à l'<b>identique</b>
à l'hétérosexualité : aurait-il oublié que l'Église dont il se fait le
porte-parole et dont il défend la conception du mariage <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_au_Moyen_%C3%82ge#Le_mariage">autorisait celui-ci, au Moyen-Âge, <b>dès l'âge de 12 ans</b></a> ? Et on ne parle pas d'art ici, seulement d'Histoire.<br />
<br />
Revenons
sur l'argument de l'homosexualité des prêtres mis en causes dans les
affaires qui secouent actuellement l'Église. 90% des cas seraient des
attouchements sur des adolescents plutôt que sur des enfants, et <a href="http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-04-14/eglise-polemique-pedophilie-et-homosexualite-la-surprenante-mise-au/920/0/444171">60% de ces cas auraient été des actes perpétré sur des garçons</a>,
ce qui a naturellement permis à notre député et au cardinal Tarcisio
Bertone (n°2 du Vatican), de dresser immédiatement des conclusions <b>sur la nature éphébophile et donc perverse des homosexuels</b>, et par la même occasion de <b>détourner l'attention des prêtres fautifs sur les gays</b>
- tant qu'à faire, pourquoi ne pas jeter ses sombres squelettes sur les
autres afin de s'en débarrasser ? Pourtant, l'interprétation d'une
donnée brute sans considérer la situation dans son ensemble est
simplement invalide d'un point de vue statistique. Cet écueil de
méthode, particulièrement sournois et captieux, se glisse très
régulièrement dans les propos des opposants à l'homosexualité pour
faire office d'argument d'autorité sur le lecteur (<i>les Chiffres ne mentent pas</i>), alors même qu'il rend en réalité la preuve inepte.<br />
Par exemple, d'après les statistiques du Collectif Féministe contre le Viol, <b>le département du Nord dont vient Mr. Vanneste est après Paris le premier de France en nombre de viols</b>,
avec une avance importance sur la majorité des autres. Alors pourquoi
le député ne conclurait-t-il pas à la perversion intrinsèque des siens ?
Parce que ce serait négliger tout un contexte, à la fois
socio-économique et statistique.<br />
C'est la même chose ici : en ne
donnant aucune indication sur l'exposition des prêtres concernés aux
garçons et aux filles (les enfants de chœur ne comportent des filles que
depuis 1983, et sur autorisation), en taisant le refoulement dramatique
que l'Église a imposé à ceux d'entre eux qui se savaient homosexuels,
et en ne faisant pas la moindre allusion à leur célibat
particulièrement susceptible de créer des frustrations et de susciter
des comportements extrêmes, le député est malhonnête. Il ne présente
aucun de ces éléments car ils n'accréditent évidemment pas la thèse de
l'auteur, et qu'il serait regrettable de manquer une si bonne occasion
de dénoncer l'homosexualité à grands renforts de préjugés, quitte à
mettre son intégrité de côté.<br />
<br />
Car les chiffres fournis
par le Vatican ne sont absolument pas cohérents avec les seules
statistiques dont nous disposons en France,<a href="http://cfcv.asso.fr/public/files/CFCV-Bulletin-2008.pdf"> celles de la ligne SOS Viols Femmes Informations</a>, qui recueille également les témoignages des hommes. Car les statistiques sont explicites : en 2007, <b>sur 1575 cas de viols de mineurs de 0 à 14 ans, 145 concernaient des garçons, soit moins de 10%</b>. <b>Aucune sur-représentativité</b>,
d'autant plus que nous parlons ici d'enfants auprès desquels
l'orientation sexuelle n'a pas beaucoup de sens pour les raisons
énoncées plus haut : il serait douteux de vouloir rapprocher les
attirances qu'un agresseur peut avoir pour un enfant de moins de 14 ans
et pour un adulte. Mais parlons maintenant d'éphébophilie, car les
statistiques de l'association sont précises :<b> 340 viols signalés ont eu lieu sur des adolescents de 15 à 17 ans, dont 10 concernaient des garçons soit moins de... 3%</b>.
Où se cache l'« éphébophilie » des homosexuels ? La réalité est à des
années-lumières de ce que l'Église dit se passer dans le clergé, qui
devrait d'ailleurs s'inquiéter de sa troublante singularité.<br />
<br />
Mais
Christian Vanneste s'improvise sociologue et croit conclure en une
ligne sur un sujet qui pourrait faire l'objet d'une thèse, au renfort
d'un seul chiffre donné par le Vatican en totale contradiction avec les
données disponibles par ailleurs, et en faisant fi de toute analyse.
C'est somme toute assez révélateur de la droiture de sa position, car il
ne fait nulle doute que cet ex-professeur de philosophie connait parfaitement les nombreuses failles de son raisonnement ici mises en lumière, <b>qu'il choisit sciemment d'occulter</b> pour défendre son point de vue radical.<br />
<br />
Il
enfonce le clou quelques lignes plus tard, en répétant que la
distinction faite entre homosexualité et pédophilie n'est qu'une «
coupure sémantique à la fois grossière et hypocrite ». Mais cette
affirmation se basant sur des lemmes erronés, l'intégralité de la démonstration s'effondre. En effet, nous n'avons pas à prouver que l'homosexualité n'a rien à voir avec la pédophilie car <b>rien ne permet de le soupçonner</b>, s'agissant d'une idée façonnée par ses adversaires au nom de leurs croyances.<br />
C'est
donc l'inverse qu'il faudrait mettre en évidence, ce à quoi Christian
Vanneste s'essaye en manipulant les sophismes et la duperie avec talent.
Mais on ne façonne pas les vérités avec des arguments trompeurs et des
idées préconçues. Par contre, c'est de cette façon qu'on entretient les
préjugés et qu'on contribue à stigmatiser une catégorie de la
population, procédé aux antipodes des valeurs républicaines qu'il estime
défendre.Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1178151464605668053.post-2607895717123165902010-04-29T10:36:00.000+02:002014-04-29T18:49:06.647+02:00L'Église est-elle homophobe ? L'argumentaire de Riposte-catholiqueLe site Riposte-catholique, qui s'autoproclame site « de réinformation 2.0 », se partage entre nouvelles sur le catholicisme et militantisme chrétien.
Il a édité en février 2010 un document, "<a href="http://www.riposte-catholique.fr/wp-content//Munition-homophobie.pdf">Des munitions pour la riposte</a>", destiné à démonter les arguments de ceux qui accusent l'Église d'homophobie.<br />
<br />
Étudions-le point par point.
<br />
<blockquote>
1) Tout d’abord, il faut dire et redire que le mot « homophobie » est un mot absurde. En bonne logique, il devrait signifier « aversion à l’égard du semblable ». A notre connaissance, personne n’éprouve d’aversion à l’encontre de ceux qui lui ressemblent.</blockquote>
Sémantiquement, la construction du mot est étrange. Wikipédia l'explique <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Homophobie#Naissance_du_terme">ainsi</a> :
<br />
<blockquote>
Un <i>homo</i> désigne alors, familièrement, un homme homosexuel. De ce fait, le préfixe <i>homo-</i> prend une teinte masculine pour la formation de mots nouveaux. <i>Homophobie</i> ne signifie donc pas « peur du même, de son semblable », sur la base du préfixe <i>homo-</i> (« même ») mais bien « aversion, hostilité envers les homosexuels, l’homosexualité ».</blockquote>
C'est évidemment un point de détail, mais où se trouve l'intérêt de remettre en cause d'un terme désormais reconnu et évocateur d'une discrimination réelle ? Qu'il échappe à la logique étymologique grecque n'a pas beaucoup d'importance.
<br />
<blockquote>
2) Mais, derrière cette absurdité, le lobby gay, qui a imposé ce terme dans le débat public, veut imposer l’idée que les personnes défavorables à l’homosexualité (voire simplement celles qui sont indifférentes à l’homosexualité) éprouveraient de la haine ou du mépris pour les personnes homosexuelles. C’est là un sophisme grossier. Et spécialement grossier en ce qui concerne les catholiques.</blockquote>
Le document part de l'existence d'un « lobby gay », qui est un terme fantasmatique pour désigner (a priori) les associations de défense des droits, pour lui donner des intentions malveillantes : il voudrait <b>imposer</b> une idée, celle que désapprobation serait synonyme d'aversion.<br />
Le véritable sophisme est là, et il est l'œuvre de Riposte-catholique.<br />
Car lorsque certains protestent contre les raisonnements discriminatoires ou trompeurs, ils ne s'offusquent que lorsqu'on sort du débat contradictoire pour se réfugier derrière les préjugés et les propos insultants. Et quand seuls les arguments sont fallacieux, comme dans la suite du texte que nous étudions, la réfutation suffit à les déconstruire.<br />
Ce point tend à faire passer les homosexuels pour des paranoïaques liberticides, alors que la sensibilité bien réelle du sujet est due aux nombreux débordements imputables aux personnes « opposées à l'homosexualité », orientation sexuelle que l'Église qualifie par ailleurs de « désordonnée ».
Faut-il rappeler qu'en 1998, lorsque <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Matthew_Shepard">Matthew Shepard</a> est assassiné pour son homosexualité, des chrétiens s'invitent à son enterrement avec des pancartes « <b>Le SIDA guérit les pédés</b> », « <b>Dieu déteste les homos</b> », « <b>L'enfer existe, demandez à Matt</b> » ?
La tendance récurrente que certains ont à jouer avec les limites au nom de la religion induit de fait une certaine méfiance vis-à-vis de l'Église, qui reste un important vecteur de diffusion de ces messages.
<br />
<blockquote>
3) Comme catholiques, nous condamnons en effet les pratiques homosexuelles comme péché, mais nous n’avons aucune haine ni aucun mépris pour les pécheurs – d’autant moins que nous nous savons nous-mêmes pécheurs et que, par ailleurs, nous savons aussi que beaucoup d’homosexuels souffrent de leur homosexualité.</blockquote>
Nous reviendrons sur le péché dans le paragraphe suivant. Mais soit, tant mieux. Précisons que les souffrances évoquées sont inhérentes aux difficultés que peut rencontrer une partie des homosexuels pour se faire accepter en tant que telle, et pas à leur condition. En effet, le regard des autres peut s'avérer particulièrement destructeur dans certains milieux et être responsable d'une importante détresse psychologique. Ce n'est pas l'homosexualité qui crée la souffrance, mais bien le regard que les autres lui portent.
<br />
<blockquote>
4) Que l’homosexualité soit un péché, l’immense majorité des traditions religieuses le disent.
C’est en tout cas un enseignement sans équivoque de la Bible.
On le voit dès le livre de la Genèse (Gn XIX), avec le châtiment effrayant de la ville de Sodome.
La loi divine déclare laconiquement (Lv XVIII, 22) : « Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. »</blockquote>
Évidemment, on trouve dans ces ouvrages bi-millénaires une conception de la société <b>décrivant les mœurs de l'époque</b>. Or Riposte-catholique fait mine de les interpréter littéralement, ce qui n'a pas de sens et est d'une mauvaise foi confondante. Ils citent la Génèse, qui raconte par ailleurs comment <a href="http://www.info-bible.org/lsg/01.Genese.html#1">Dieu créa le monde en 6 jours</a>, comment <a href="http://www.info-bible.org/lsg/01.Genese.html#12">Abraham prostitua sa femme</a>, comment <a href="http://www.info-bible.org/lsg/01.Genese.html#25">Ismaël vécut jusqu'à 137 ans</a>, comment <a href="http://www.info-bible.org/lsg/01.Genese.html#22">Ésaü était polygame</a>. Puis c'est au tour du Lévitique, car ce livre condamne les actes homosexuels. Mais c'est sans compter qu'il <a href="http://www.info-bible.org/lsg/03.Levitique.html#19">interdit d'ensemencer un champ de deux espèces différentes et de porter un vêtement tissé de deux espèces de fil</a>, <a href="http://www.info-bible.org/lsg/03.Levitique.html#20">instaure la peine de mort pour punir l'adultère</a> et même <a href="http://www.info-bible.org/lsg/03.Levitique.html#24">le blasphème</a>, ou qu'il <a href="http://www.info-bible.org/lsg/03.Levitique.html#25">autorise l'esclavage</a> ! Le site catholique fait fi de ces éléments et estime donc que le rejet de l'homosexualité est un enseignement <b>« sans équivoque</b> » de la Bible. Au même titre que les passages que nous venons de citer, sans doute...<br />
Bien évidemment, la plupart des catholiques sait que la Bible n'est pas à interpréter littéralement (et le revendique) ; mais ces passages bien choisis devraient, par contre, être pris au pied de la lettre.
Ce <i>deux poids deux mesures</i> est attristant et montre bien que tous les moyens sont bons pour condamner l'homosexualité au nom de l'Église, quitte à perdre son honnêteté intellectuelle.
<br />
<blockquote>
De la même façon, saint Paul affirme, liant d’ailleurs l’homosexualité à l’idolâtrie (Rm I, 26-27) : « C'est pourquoi Dieu les a livrés [ceux qui ont adoré la créature au lieu du Créateur] à des passions infâmes: car leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature; [27] et de même les hommes, abandonnant l'usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement. »</blockquote>
Là encore, comment se servir de la vision de la société qu'un homme avait dans les années 50 après Jésus-Christ pour conclure sur un tel sujet ? Saint-Paul trouve « <a href="http://fr.wikisource.org/wiki/Premi%C3%A8re_%C3%A9p%C3%AEtre_aux_Corinthiens#1_Corinthiens_14">malséant</a> » que les femmes s'expriment dans des églises et leur ordonne de se taire dans les assemblées, sans oublier qu'il <a href="http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtre_%C3%A0_Tite#Chapitre_2">exhorte les esclaves à s'inféoder à leurs maitres</a>. Que faudrait-il en déduire ? Riposte-catholique<b> sélectionne les extraits qui l'arrangent</b> pour défendre son point de vue, mais prendre à la lettre de tels écrits a des implications nettement plus globales... que le site ne reprend pourtant pas à son compte.
<br />
<blockquote>
5) Cet accord général des grandes traditions religieuses n’est pas fortuit. Il tient essentiellement à ce que l’homosexualité est condamnée par la loi naturelle, inscrite dans le coeur de tout homme.</blockquote>
Les mots sont bien choisis : l'homosexualité serait <b>condamnée</b> par la loi naturelle. Présenté comme étant une évidence, c'est pourtant faux : pourquoi nos cœurs seraient-ils conditionnés à notre mode de procréation, et surtout, pourquoi mépriseraient-ils un amour dépassant notre instinct animal de reproduction ? En présentant un point de vue comme une vérité, le rédacteur abandonne dès lors l'objectivité nécessaire à toute démonstration rigoureuse.<br />
À propos de «<i> loi naturelle</i> », il est important de remarquer que l'homosexualité existe à tous les niveaux du règne animal, preuve ô combien symbolique de son caractère <i>naturel</i>. La page de l'exposition <a href="http://www.nhm.uio.no/besokende/skiftende-utstillinger/againstnature/index-eng.html">Against nature?</a> est très instructive à ce sujet : « nous savons aujourd'hui que l'homosexualité est un phénomène courant et répandu dans le monde animal. Pas seulement des relations sexuelles de courte-durée, mais également des couples durables ; couples qui peuvent durer toute une vie ».<br />
<blockquote>
Quel que soit notre état de vie, nous savons que l’homme a été créé homme et femme et que le plus grand bonheur humain (nous ne parlons pas ici du bonheur surnaturel auquel l’homme a été appelé par le baptême, mais bien du bonheur accessible à la seule nature) est de connaître cet amour et cette communion entre l’homme et la femme, qui donne, selon la Révélation elle-même, l’image la plus exacte de l’amour du Christ et de l’Eglise.</blockquote>
Comment comparer le « degré d'amour » et de bonheur entre une relation hétérosexuelle et une relation homosexuelle ? Ce point repose sur un « nous savons » qui traduit bien les limites de cette réflexion : la raison principale pour laquelle l'homosexualité est condamnable est que certains extrémistes pensent qu'elle l'est. Cet argument <i>ad populum</i> ne résiste pas à une analyse rapide : il est tenu par des personnes n'ayant pas connu de relation avec quelqu'un du même sexe. Comment, alors, s'estimer légitime pour les comparer ?<br />
D'autre part, la Révélation chrétienne célèbre avant tout l'Amour qu'il serait bien réducteur de limiter à des considérations biologiques.
<br />
<blockquote>
6) En particulier, l’amour est naturellement fécond et ne peut être centré exclusivement sur les amoureux, mais les invite à sortir d’eux-mêmes. De toute évidence, « l’amour » homosexuel ne connaît pas une telle fécondité.</blockquote>
De toute évidence, le besoin d'être parent s'exprime tout autant chez les homosexuels, dont l'« amour » n'est pas à mettre entre guillemets par déconsidération. Il se retrouve notamment à travers le désir d'adoption, dont on sait que c'est une importante revendication des associations homosexuelles.<br />
La parentalité ne saurait se limiter au processus physiologique de la grossesse, sans quoi Riposte-catholique questionnerait la légitimité des parents adoptifs.
<br />
<blockquote>
7) Il serait vain d’objecter que bien des couples homme-femme ne connaissent pas une fécondité charnelle. Ce cas ne fait qu’insister douloureusement sur le caractère naturellement fécond de l’amour humain : chacun sait que ces couples souffrent profondément de ne pas connaître cette fécondité. Preuve que celle-ci est tout aussi profondément inscrite dans la nature humaine.</blockquote>
Elle est même inscrite dans la nature animale, car elle régit la survie des espèces. La « fécondité » n'est rien de moins qu'un instinct primaire de reproduction.<br />
Il est à noter que les couples hétérosexuels stériles qui « souffrent profondément » de cet état de fait (ainsi que ceux qui ne souhaitent simplement pas d'enfants) ne sont pas moins amoureux que les couples féconds. Leur relation n'est pas inférieure.<br />
Réciproquement, la stérilité des couples homosexuels ne peut pas remettre pas en question leur degré d'amour. Au contraire, le fait que ces derniers souffrent tout autant que les hétérosexuels de ne pas pouvoir être parents (pour des raisons légales cette fois-ci) tend à prouver l'identité des situations.<br />
<blockquote>
8) Si parler d’homophobie est absurde, nous pouvons constater que, rejetant la communion avec un être différent (la femme pour l’homme et l’homme pour la femme), les homosexuels pourraient être dit, beaucoup plus justement, « hétérophobes », dans la mesure où ils rejettent l’altérité.</blockquote>
Ce n'est pas parce que Riposte-catholique estime que l'Église n'est pas homophobe ou que le terme est étymologiquement discutable que <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Homophobie#Violences">ce concept est absurde</a> !<br />
En revanche, l'invention de l'<i>hétérophobie</i> vaut son pesant d'or.<br />
Parce qu'une personne est attirée par ses prochains du même sexe, elle « rejette » les êtres de l'autre sexe ? Les préférences sexuelles ne forment pas un refus, au contraire. D'ailleurs, cet argument signifierait symétriquement que les hétérosexuels refusant de « communier » avec les homosexuels seraient homophobes. C'est considérer la chose à l'envers : l'homosexualité n'est pas une négation, c'est au contraire l'<b>affirmation</b> d'un amour différent.
<br />
<blockquote>
9) On objecte souvent le cas des homosexuels qui n’ont pas choisi leur état. Mais il faut distinguer deux choses : les penchants homosexuels et la pratique de l’homosexualité. Les penchants ne sont effectivement pas choisis, et ne peuvent donc pas constituer un péché (qui suppose un acte libre). En revanche, nous ne sommes pas des animaux qui se laissent guider par leur instinct : nous choisissons de succomber ou non à la tentation et nous sommes responsables de nos actes. C’est le mystère de notre liberté et de notre responsabilité.</blockquote>
Après avoir démontré que l'homme avait besoin d'amour, les rédacteurs estiment maintenant qu'il devrait y renoncer s'il a le malheur d'être homosexuel. Pour eux, le choix est simple : les homosexuels devraient vivre dans la frustration jusqu'à leur mort plutôt que de s'accepter tels qu'ils sont. C'est d'une grande tristesse, contradictoire avec le reste des « munitions pour la riposte » : si l'Amour est la pierre angulaire de nos vies, pourquoi ne pas l'accepter même quand il prend la forme d'une relation entre personnes du même sexe ? Comme on l'a montré, l'homosexualité est un phénomène naturel qu'il serait déraisonné de condamner aveuglement sur la base d'écrits bi-millénaires.
De plus, si « les penchants ne sont effectivement pas choisis » comme Riposte-catholique le reconnait, pourquoi Dieu imposerait-il à une telle part de l'humanité de vivre contre ses sentiments et passions, cruelle source de malheurs ?
<br />
<blockquote>
Prétendre que les personnes dotées de penchants homosexuels sont contraintes d’y succomber, c’est supposer que nous n’aurions aucun moyen de résister aux tentations que nous connaissons fréquemment dans notre envie. Ce qui reviendrait à nier notre liberté… et à faire de notre vie et de celle de nos proches un enfer !</blockquote>
Une orientation sexuelle n'est pas « une tentation », c'est une <b>caractéristique intrinsèque</b> de notre identité, puisqu'elle détermine la qualité des personnes avec qui l'on cheminera au cours de sa vie. On peut lutter contre, exactement comme choisissent de le faire les ecclésiastiques. Mais il est déraisonnable de blâmer ceux qui préfèrent s'assumer tels que la nature (ou Dieu) les a fait, et de demander à toute une frange de la population d'abandonner l'ambition de fonder une famille parce qu'ils ont la <i>malchance</i> d'être homosexuels. <br />
<blockquote>
10) En revanche, il est bien évident que nous ne sommes pas tous aussi coupables de succomber à telle tentation, ni aussi méritants d’accomplir telle bonne oeuvre. Et nous n’avons aucune prétention à juger de la responsabilité de tel homosexuel. Dieu seul est capable de juger de cela.
Pour nous, nous nous contentons de dire que l’homosexualité est un péché ; nous prions pour les homosexuels ; et nous nions vigoureusement que cela fasse de nous des « homophobes » !</blockquote>
La démonstration de la nature pécheresse de l'homosexualité est à peu près aussi convaincante que l'argumentaire anti-Galilée de l'Église (la Bible contredisait la thèse héliocentrique : le psaume 93 disait « tu as fixé la terre, immobile et ferme », <a href="http://www.info-bible.org/lsg/06.Josue.html#10">Josué X</a> 12-14 faisait état de l'arrêt de la course de la Lune et du Soleil) et relève bien plus des <i>a priori</i> de ses auteurs, dont l'opposition dogmatique transparait tout au long du document : « lobby gay », amour homosexuel mis entre guillemets, déconsidération de l'attirance pour les personnes de même sexe (<i>Amour</i> hétérosexuel mais <i>penchants</i> homosexuels).<br />
<br />
L'Église condamne des actes par tradition et par inertie, alors qu'une remise à plat est nécessaire pour aborder de manière intelligente et actuelle le problème.
En criant haro sur l'homosexualité, l'Église est responsable des dérives de ses fidèles et de bien des blessures psychologiques infligées aux homosexuels.<br />
<br />
Il y a en effet toute une gamme de nuances entre l'absence de soutien à l'homosexualité (qu'on peut comprendre) et sa condamnation explicite comme étant un « <a href="http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19920724_homosexual-persons_fr.html" target="_blank">désordre moral [qui] entrave la réalisation et la satisfaction personnelle</a> ». Et ce sont bien les mots de l'Église, via la congrégation pour la doctrine de la foi dont Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI, était à l'époque le préfet.<br />
L'argumentaire de Riposte-catholique sonne alors bien creux...Éolehttp://www.blogger.com/profile/15420851748814955196noreply@blogger.com0