Dans le billet précédent, nous avons montré comment le député du Nord Christian Vanneste utilise des arguments fallacieux et trompeurs pour rapprocher l'homosexualité de l'éphébophilie, afin de stigmatiser les gays en les faisant passer pour des pédophiles.
La fin de son article concernait cependant le mariage, et mérite à elle seule un supplément de douceurs que nous vous livrons ici tant l'auteur persiste dans l'art de manipuler son lectorat.
En effet, le député essaie d'établir son incompatibilité avec les couples homosexuels, en suivant un cheminement progressif pour diluer ses incohérences. En premier lieu, le mariage représenterait « l’accord de deux personnes différentes et complémentaires ». Dès le départ, Christian Vanneste essaie de de débarrasser des ménages de même sexe en introduisant la différence des deux parties, qu'on imagine pour lui se situer au niveau biologique, ce qu'il essaie d'ailleurs de faire croire insidieusement au lecteur par cette formulation ambigüe. C'est évidemment totalement réducteur, la différence et la complémentarité réelles de deux personnes se plaçant sur un plan intellectuel et affectif. La preuve est accessible : ces éléments sont également nécessaires à l'amitié, qu'on sait ne pas dépendre du sexe des individus mais des affinités entre les personnes, impossible à résumer ou identifier à leur physiologie. D'ailleurs, la frontière entre amour et amitié peut s'avérer tenue ; il serait absurde de vouloir les y opposer. Ce qui signifie bien que la différence biologique n'est pas un prérequis à la complémentarité.
Ce point ne présente donc pas plus d'incompatibilité avec les couples homosexuels que le suivant, selon lequel le mariage serait un « accord pour la vie de 2 libertés qui veulent et veulent les conséquences de ce qu’elles veulent » (admirez la clarté du propos qui cache en outre une maxime des plus plates). Les personnes de même sexe souhaitant se marier acceptent en effet parfaitement à cette description.
Enfin, le mariage doit également être « parfaitement conforme à l’intérêt présent et futur de la société ». Impossible de cacher notre étonnement de voir Christian Vanneste, député de la République Française, se targuer de connaitre les intérêts actuel et à venir de notre société, et mieux, de se sentir investi d'une mission visant à les défendre pieusement contre ses ennemis - à savoir les homosexuels. Mais les positions précédentes du personnage nous permettent de deviner qu'il fait ici référence à la reproduction. Car en effet, les gays ne font pas d'enfants.
Mais en utilisant cet argument pour exclure du mariage les couples de même sexe, suppose-t-il que le mariage les rendrait encore moins fertiles ? Ou pense-t-il que cette opportunité ferait progresser leur nombre ?
« Papa, maman, j'ai décidé de devenir homosexuel, comme ça je pourrai me marier avec mon cousin Nicodem ! Je n'y avais pas songé avant car le Pacs ne me tentait pas vraiment, mais la possibilité de contracter une réelle union institutionnelle et de bénéficier ainsi d'une responsabilité accrue à l'égard de mon conjoint a levé toutes mes incertitudes ! »
C'est dans les deux cas méconnaitre totalement la problématique concernée : l'homosexualité n'est pas contagieuse, et les gays sont déjà dans l'incapacité de procréer biologiquement. Le mariage ne changerait absolument rien aux questions soulevées par le député.
Il ne s'agit clairement que d'un prétexte, qui masque en réalité un mode de pensée inquiétant : vouloir conditionner l'union des gens à l'intérêt de la société ! Quelle ingérence dans nos vies, et que de dérives potentielles cette idée introduit-elle. Il faut faire des enfants. Devrait-t-on conditionner le mariage à la création d'une progéniture en bonne santé, ou le refuser aux couples stériles ? Et à ceux dont le patrimoine génétique rend probable la naissance d'un handicapé, que l'État devra assister ? Ce raisonnement par l'absurde illustre simplement l'incohérence de cet argument. Le mariage est l'union de deux êtres, avant de servir l'« intérêt de la société ».
Il va sans dire que s'il est vital pour notre pays que chacun assure sa descendance, Christian Vanneste soutiendra avec ferveur l'adoption pour les couples de même sexe, qui permettrait de faire remonter légèrement la moyenne nationale et ainsi de compenser la stérilité des unions homosexuelles...
Plus sérieusement, il est improbable qu'un député de la république défende de tels points de vue liberticides ; on se situe bien dans le registre de la surenchère où les positions les plus extrêmes sont employées pour défendre des opinions qui ne peuvent l'être autrement. Tout cet argumentaire en faveur du mariage hétérosexuel n'a pas de fondement rationnel et ne repose que sur les dogmes de Christian Vanneste : si la situation est telle, c'est qu'elle est fondée ; toute tendance visant à la remettre en cause ou à faire évoluer certains prémices sur lesquels sont basés notre société est contraire à l'ordre des choses.
Ce mode de pensée auquel les représentants de l'Église ont eu recours pendant le procès de Galilée ou quand la traite des noirs était en débat, et que le député reprend à son compte pour condamner l'homosexualité, a amplement prouvé ses limites par le passé.
Tous les axiomes sur lesquels se basent notre société ne sont pas au dessus de toute remise en question, et c'est justement l'intelligence du politique que de ne pas les laisser brider leur réflexion.
lundi 31 mai 2010
lundi 17 mai 2010
Quand Christian Vanneste réfléchit sur la pédophilie pour mieux condamner l'homosexualité
Le 30 avril 2010, Christian Vanneste, le fameux député du Nord, s'est fendu d'un billet à propos des déboires de l'Église Catholique, embourbée dans un nombre important d'affaires de pédophilie (qui reste anecdotique par rapport à la masse du clergé).
Il utilise en fait cette problématique, comme l'on pouvait s'y attendre, pour charger une fois de plus l'homosexualité, et ce dès la première ligne de sa prose : « l’atelier sémantique gay a inventé la prise de judo conceptuelle la plus efficace : la pédophilie est un crime. L’homosexualité une vertu. » Présentée de manière anodine, cette introduction est parfaitement sinistre. Car le député associe d'entrée de jeu l'homosexualité à la pédophilie, comme si leur nature était intrinsèquement identique et que seules des considérations linguistiques les séparaient, inventées, de plus, par une certaine communauté homosexuelle désireuse de mystifier la population. D'une audace stupéfiante de mépris et de déconsidération ! Heureusement, ce postulat inexact remet d'entrée de jeu en question l'argumentation à venir du député, d'une part car il n'existe aucune statistique signifiant que les jeunes garçons sont plus ciblés que les jeunes filles par les pédocriminels (à part les affirmations de l'Église, sur lesquelles nous reviendrons par la suite), et d'autre part car la physiologie d'un enfant est fondamentalement différente de celle d'un adulte, et ne permet donc pas d'établir un lien entre le sexe des enfants agressés et les préférences sexuelles des agresseurs : l'attirance qu'ils éprouvent est ailleurs que dans la masculinité ou féminité de leurs victimes, car elle n'est pas construite à ces âges. Mais l'auteur lie homosexualité et pédophilie avant même d'entrer dans le vif du sujet et d'essayer de démontrer leur proximité, ce qui marque clairement son absence d'objectivité et invalide déjà la forme de son raisonnement puisque qu'il présente d'abracadabrantes vérités comme établies avant de commencer.
Mais penchons-nous sur le fond. Il introduit la notion d'éphébophilie, « l’attirance des hommes pour les adolescents pubères mais ambigus de traits ». Mais il précise qu'elle « ne commence ni ne s’arrête à 15 ans », ne cachant guère que cette distinction sémantique n'est en fait qu'un artifice pour parler à nouveau de pédophilie, puisque les enfants de moins de 15 ans sont également concernés. Et d'après lui, l'homosexualité y serait liée par essence, ce que prouverait la confusion permanente qui règne entre les deux. C'est encore une fois une affirmation grossière, présentée comme une vérité par son auteur alors que l'argument est parfaitement fallacieux : l'«art et la littérature» le justifieraient, et le lecteur est prié d'y croire sur parole. N'attendez pas de lui qu'il évoque Pierre de Ronsard et son « Mignonne » dédié à Cassandre alors âgée de 13 ans, Vladimir Nabokov et son « Lolita » dans lequel il décrit sa relation avec une jeune fille de 12 ans, Christian Vanneste se contente de généraliser des références qu'il ne prend pas la peine de citer. Il manque malheureusement d'honnêteté intellectuelle tant l'argument pourrait être appliqué à l'identique à l'hétérosexualité : aurait-il oublié que l'Église dont il se fait le porte-parole et dont il défend la conception du mariage autorisait celui-ci, au Moyen-Âge, dès l'âge de 12 ans ? Et on ne parle pas d'art ici, seulement d'Histoire.
Revenons sur l'argument de l'homosexualité des prêtres mis en causes dans les affaires qui secouent actuellement l'Église. 90% des cas seraient des attouchements sur des adolescents plutôt que sur des enfants, et 60% de ces cas auraient été des actes perpétré sur des garçons, ce qui a naturellement permis à notre député et au cardinal Tarcisio Bertone (n°2 du Vatican), de dresser immédiatement des conclusions sur la nature éphébophile et donc perverse des homosexuels, et par la même occasion de détourner l'attention des prêtres fautifs sur les gays - tant qu'à faire, pourquoi ne pas jeter ses sombres squelettes sur les autres afin de s'en débarrasser ? Pourtant, l'interprétation d'une donnée brute sans considérer la situation dans son ensemble est simplement invalide d'un point de vue statistique. Cet écueil de méthode, particulièrement sournois et captieux, se glisse très régulièrement dans les propos des opposants à l'homosexualité pour faire office d'argument d'autorité sur le lecteur (les Chiffres ne mentent pas), alors même qu'il rend en réalité la preuve inepte.
Par exemple, d'après les statistiques du Collectif Féministe contre le Viol, le département du Nord dont vient Mr. Vanneste est après Paris le premier de France en nombre de viols, avec une avance importance sur la majorité des autres. Alors pourquoi le député ne conclurait-t-il pas à la perversion intrinsèque des siens ? Parce que ce serait négliger tout un contexte, à la fois socio-économique et statistique.
C'est la même chose ici : en ne donnant aucune indication sur l'exposition des prêtres concernés aux garçons et aux filles (les enfants de chœur ne comportent des filles que depuis 1983, et sur autorisation), en taisant le refoulement dramatique que l'Église a imposé à ceux d'entre eux qui se savaient homosexuels, et en ne faisant pas la moindre allusion à leur célibat particulièrement susceptible de créer des frustrations et de susciter des comportements extrêmes, le député est malhonnête. Il ne présente aucun de ces éléments car ils n'accréditent évidemment pas la thèse de l'auteur, et qu'il serait regrettable de manquer une si bonne occasion de dénoncer l'homosexualité à grands renforts de préjugés, quitte à mettre son intégrité de côté.
Car les chiffres fournis par le Vatican ne sont absolument pas cohérents avec les seules statistiques dont nous disposons en France, celles de la ligne SOS Viols Femmes Informations, qui recueille également les témoignages des hommes. Car les statistiques sont explicites : en 2007, sur 1575 cas de viols de mineurs de 0 à 14 ans, 145 concernaient des garçons, soit moins de 10%. Aucune sur-représentativité, d'autant plus que nous parlons ici d'enfants auprès desquels l'orientation sexuelle n'a pas beaucoup de sens pour les raisons énoncées plus haut : il serait douteux de vouloir rapprocher les attirances qu'un agresseur peut avoir pour un enfant de moins de 14 ans et pour un adulte. Mais parlons maintenant d'éphébophilie, car les statistiques de l'association sont précises : 340 viols signalés ont eu lieu sur des adolescents de 15 à 17 ans, dont 10 concernaient des garçons soit moins de... 3%. Où se cache l'« éphébophilie » des homosexuels ? La réalité est à des années-lumières de ce que l'Église dit se passer dans le clergé, qui devrait d'ailleurs s'inquiéter de sa troublante singularité.
Mais Christian Vanneste s'improvise sociologue et croit conclure en une ligne sur un sujet qui pourrait faire l'objet d'une thèse, au renfort d'un seul chiffre donné par le Vatican en totale contradiction avec les données disponibles par ailleurs, et en faisant fi de toute analyse. C'est somme toute assez révélateur de la droiture de sa position, car il ne fait nulle doute que cet ex-professeur de philosophie connait parfaitement les nombreuses failles de son raisonnement ici mises en lumière, qu'il choisit sciemment d'occulter pour défendre son point de vue radical.
Il enfonce le clou quelques lignes plus tard, en répétant que la distinction faite entre homosexualité et pédophilie n'est qu'une « coupure sémantique à la fois grossière et hypocrite ». Mais cette affirmation se basant sur des lemmes erronés, l'intégralité de la démonstration s'effondre. En effet, nous n'avons pas à prouver que l'homosexualité n'a rien à voir avec la pédophilie car rien ne permet de le soupçonner, s'agissant d'une idée façonnée par ses adversaires au nom de leurs croyances.
C'est donc l'inverse qu'il faudrait mettre en évidence, ce à quoi Christian Vanneste s'essaye en manipulant les sophismes et la duperie avec talent. Mais on ne façonne pas les vérités avec des arguments trompeurs et des idées préconçues. Par contre, c'est de cette façon qu'on entretient les préjugés et qu'on contribue à stigmatiser une catégorie de la population, procédé aux antipodes des valeurs républicaines qu'il estime défendre.
Il utilise en fait cette problématique, comme l'on pouvait s'y attendre, pour charger une fois de plus l'homosexualité, et ce dès la première ligne de sa prose : « l’atelier sémantique gay a inventé la prise de judo conceptuelle la plus efficace : la pédophilie est un crime. L’homosexualité une vertu. » Présentée de manière anodine, cette introduction est parfaitement sinistre. Car le député associe d'entrée de jeu l'homosexualité à la pédophilie, comme si leur nature était intrinsèquement identique et que seules des considérations linguistiques les séparaient, inventées, de plus, par une certaine communauté homosexuelle désireuse de mystifier la population. D'une audace stupéfiante de mépris et de déconsidération ! Heureusement, ce postulat inexact remet d'entrée de jeu en question l'argumentation à venir du député, d'une part car il n'existe aucune statistique signifiant que les jeunes garçons sont plus ciblés que les jeunes filles par les pédocriminels (à part les affirmations de l'Église, sur lesquelles nous reviendrons par la suite), et d'autre part car la physiologie d'un enfant est fondamentalement différente de celle d'un adulte, et ne permet donc pas d'établir un lien entre le sexe des enfants agressés et les préférences sexuelles des agresseurs : l'attirance qu'ils éprouvent est ailleurs que dans la masculinité ou féminité de leurs victimes, car elle n'est pas construite à ces âges. Mais l'auteur lie homosexualité et pédophilie avant même d'entrer dans le vif du sujet et d'essayer de démontrer leur proximité, ce qui marque clairement son absence d'objectivité et invalide déjà la forme de son raisonnement puisque qu'il présente d'abracadabrantes vérités comme établies avant de commencer.
Mais penchons-nous sur le fond. Il introduit la notion d'éphébophilie, « l’attirance des hommes pour les adolescents pubères mais ambigus de traits ». Mais il précise qu'elle « ne commence ni ne s’arrête à 15 ans », ne cachant guère que cette distinction sémantique n'est en fait qu'un artifice pour parler à nouveau de pédophilie, puisque les enfants de moins de 15 ans sont également concernés. Et d'après lui, l'homosexualité y serait liée par essence, ce que prouverait la confusion permanente qui règne entre les deux. C'est encore une fois une affirmation grossière, présentée comme une vérité par son auteur alors que l'argument est parfaitement fallacieux : l'«art et la littérature» le justifieraient, et le lecteur est prié d'y croire sur parole. N'attendez pas de lui qu'il évoque Pierre de Ronsard et son « Mignonne » dédié à Cassandre alors âgée de 13 ans, Vladimir Nabokov et son « Lolita » dans lequel il décrit sa relation avec une jeune fille de 12 ans, Christian Vanneste se contente de généraliser des références qu'il ne prend pas la peine de citer. Il manque malheureusement d'honnêteté intellectuelle tant l'argument pourrait être appliqué à l'identique à l'hétérosexualité : aurait-il oublié que l'Église dont il se fait le porte-parole et dont il défend la conception du mariage autorisait celui-ci, au Moyen-Âge, dès l'âge de 12 ans ? Et on ne parle pas d'art ici, seulement d'Histoire.
Revenons sur l'argument de l'homosexualité des prêtres mis en causes dans les affaires qui secouent actuellement l'Église. 90% des cas seraient des attouchements sur des adolescents plutôt que sur des enfants, et 60% de ces cas auraient été des actes perpétré sur des garçons, ce qui a naturellement permis à notre député et au cardinal Tarcisio Bertone (n°2 du Vatican), de dresser immédiatement des conclusions sur la nature éphébophile et donc perverse des homosexuels, et par la même occasion de détourner l'attention des prêtres fautifs sur les gays - tant qu'à faire, pourquoi ne pas jeter ses sombres squelettes sur les autres afin de s'en débarrasser ? Pourtant, l'interprétation d'une donnée brute sans considérer la situation dans son ensemble est simplement invalide d'un point de vue statistique. Cet écueil de méthode, particulièrement sournois et captieux, se glisse très régulièrement dans les propos des opposants à l'homosexualité pour faire office d'argument d'autorité sur le lecteur (les Chiffres ne mentent pas), alors même qu'il rend en réalité la preuve inepte.
Par exemple, d'après les statistiques du Collectif Féministe contre le Viol, le département du Nord dont vient Mr. Vanneste est après Paris le premier de France en nombre de viols, avec une avance importance sur la majorité des autres. Alors pourquoi le député ne conclurait-t-il pas à la perversion intrinsèque des siens ? Parce que ce serait négliger tout un contexte, à la fois socio-économique et statistique.
C'est la même chose ici : en ne donnant aucune indication sur l'exposition des prêtres concernés aux garçons et aux filles (les enfants de chœur ne comportent des filles que depuis 1983, et sur autorisation), en taisant le refoulement dramatique que l'Église a imposé à ceux d'entre eux qui se savaient homosexuels, et en ne faisant pas la moindre allusion à leur célibat particulièrement susceptible de créer des frustrations et de susciter des comportements extrêmes, le député est malhonnête. Il ne présente aucun de ces éléments car ils n'accréditent évidemment pas la thèse de l'auteur, et qu'il serait regrettable de manquer une si bonne occasion de dénoncer l'homosexualité à grands renforts de préjugés, quitte à mettre son intégrité de côté.
Car les chiffres fournis par le Vatican ne sont absolument pas cohérents avec les seules statistiques dont nous disposons en France, celles de la ligne SOS Viols Femmes Informations, qui recueille également les témoignages des hommes. Car les statistiques sont explicites : en 2007, sur 1575 cas de viols de mineurs de 0 à 14 ans, 145 concernaient des garçons, soit moins de 10%. Aucune sur-représentativité, d'autant plus que nous parlons ici d'enfants auprès desquels l'orientation sexuelle n'a pas beaucoup de sens pour les raisons énoncées plus haut : il serait douteux de vouloir rapprocher les attirances qu'un agresseur peut avoir pour un enfant de moins de 14 ans et pour un adulte. Mais parlons maintenant d'éphébophilie, car les statistiques de l'association sont précises : 340 viols signalés ont eu lieu sur des adolescents de 15 à 17 ans, dont 10 concernaient des garçons soit moins de... 3%. Où se cache l'« éphébophilie » des homosexuels ? La réalité est à des années-lumières de ce que l'Église dit se passer dans le clergé, qui devrait d'ailleurs s'inquiéter de sa troublante singularité.
Mais Christian Vanneste s'improvise sociologue et croit conclure en une ligne sur un sujet qui pourrait faire l'objet d'une thèse, au renfort d'un seul chiffre donné par le Vatican en totale contradiction avec les données disponibles par ailleurs, et en faisant fi de toute analyse. C'est somme toute assez révélateur de la droiture de sa position, car il ne fait nulle doute que cet ex-professeur de philosophie connait parfaitement les nombreuses failles de son raisonnement ici mises en lumière, qu'il choisit sciemment d'occulter pour défendre son point de vue radical.
Il enfonce le clou quelques lignes plus tard, en répétant que la distinction faite entre homosexualité et pédophilie n'est qu'une « coupure sémantique à la fois grossière et hypocrite ». Mais cette affirmation se basant sur des lemmes erronés, l'intégralité de la démonstration s'effondre. En effet, nous n'avons pas à prouver que l'homosexualité n'a rien à voir avec la pédophilie car rien ne permet de le soupçonner, s'agissant d'une idée façonnée par ses adversaires au nom de leurs croyances.
C'est donc l'inverse qu'il faudrait mettre en évidence, ce à quoi Christian Vanneste s'essaye en manipulant les sophismes et la duperie avec talent. Mais on ne façonne pas les vérités avec des arguments trompeurs et des idées préconçues. Par contre, c'est de cette façon qu'on entretient les préjugés et qu'on contribue à stigmatiser une catégorie de la population, procédé aux antipodes des valeurs républicaines qu'il estime défendre.
jeudi 29 avril 2010
L'Église est-elle homophobe ? L'argumentaire de Riposte-catholique
Le site Riposte-catholique, qui s'autoproclame site « de réinformation 2.0 », se partage entre nouvelles sur le catholicisme et militantisme chrétien.
Il a édité en février 2010 un document, "Des munitions pour la riposte", destiné à démonter les arguments de ceux qui accusent l'Église d'homophobie.
Étudions-le point par point.
Le véritable sophisme est là, et il est l'œuvre de Riposte-catholique.
Car lorsque certains protestent contre les raisonnements discriminatoires ou trompeurs, ils ne s'offusquent que lorsqu'on sort du débat contradictoire pour se réfugier derrière les préjugés et les propos insultants. Et quand seuls les arguments sont fallacieux, comme dans la suite du texte que nous étudions, la réfutation suffit à les déconstruire.
Ce point tend à faire passer les homosexuels pour des paranoïaques liberticides, alors que la sensibilité bien réelle du sujet est due aux nombreux débordements imputables aux personnes « opposées à l'homosexualité », orientation sexuelle que l'Église qualifie par ailleurs de « désordonnée ». Faut-il rappeler qu'en 1998, lorsque Matthew Shepard est assassiné pour son homosexualité, des chrétiens s'invitent à son enterrement avec des pancartes « Le SIDA guérit les pédés », « Dieu déteste les homos », « L'enfer existe, demandez à Matt » ? La tendance récurrente que certains ont à jouer avec les limites au nom de la religion induit de fait une certaine méfiance vis-à-vis de l'Église, qui reste un important vecteur de diffusion de ces messages.
Bien évidemment, la plupart des catholiques sait que la Bible n'est pas à interpréter littéralement (et le revendique) ; mais ces passages bien choisis devraient, par contre, être pris au pied de la lettre. Ce deux poids deux mesures est attristant et montre bien que tous les moyens sont bons pour condamner l'homosexualité au nom de l'Église, quitte à perdre son honnêteté intellectuelle.
À propos de « loi naturelle », il est important de remarquer que l'homosexualité existe à tous les niveaux du règne animal, preuve ô combien symbolique de son caractère naturel. La page de l'exposition Against nature? est très instructive à ce sujet : « nous savons aujourd'hui que l'homosexualité est un phénomène courant et répandu dans le monde animal. Pas seulement des relations sexuelles de courte-durée, mais également des couples durables ; couples qui peuvent durer toute une vie ».
D'autre part, la Révélation chrétienne célèbre avant tout l'Amour qu'il serait bien réducteur de limiter à des considérations biologiques.
La parentalité ne saurait se limiter au processus physiologique de la grossesse, sans quoi Riposte-catholique questionnerait la légitimité des parents adoptifs.
Il est à noter que les couples hétérosexuels stériles qui « souffrent profondément » de cet état de fait (ainsi que ceux qui ne souhaitent simplement pas d'enfants) ne sont pas moins amoureux que les couples féconds. Leur relation n'est pas inférieure.
Réciproquement, la stérilité des couples homosexuels ne peut pas remettre pas en question leur degré d'amour. Au contraire, le fait que ces derniers souffrent tout autant que les hétérosexuels de ne pas pouvoir être parents (pour des raisons légales cette fois-ci) tend à prouver l'identité des situations.
En revanche, l'invention de l'hétérophobie vaut son pesant d'or.
Parce qu'une personne est attirée par ses prochains du même sexe, elle « rejette » les êtres de l'autre sexe ? Les préférences sexuelles ne forment pas un refus, au contraire. D'ailleurs, cet argument signifierait symétriquement que les hétérosexuels refusant de « communier » avec les homosexuels seraient homophobes. C'est considérer la chose à l'envers : l'homosexualité n'est pas une négation, c'est au contraire l'affirmation d'un amour différent.
L'Église condamne des actes par tradition et par inertie, alors qu'une remise à plat est nécessaire pour aborder de manière intelligente et actuelle le problème. En criant haro sur l'homosexualité, l'Église est responsable des dérives de ses fidèles et de bien des blessures psychologiques infligées aux homosexuels.
Il y a en effet toute une gamme de nuances entre l'absence de soutien à l'homosexualité (qu'on peut comprendre) et sa condamnation explicite comme étant un « désordre moral [qui] entrave la réalisation et la satisfaction personnelle ». Et ce sont bien les mots de l'Église, via la congrégation pour la doctrine de la foi dont Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI, était à l'époque le préfet.
L'argumentaire de Riposte-catholique sonne alors bien creux...
Étudions-le point par point.
1) Tout d’abord, il faut dire et redire que le mot « homophobie » est un mot absurde. En bonne logique, il devrait signifier « aversion à l’égard du semblable ». A notre connaissance, personne n’éprouve d’aversion à l’encontre de ceux qui lui ressemblent.Sémantiquement, la construction du mot est étrange. Wikipédia l'explique ainsi :
Un homo désigne alors, familièrement, un homme homosexuel. De ce fait, le préfixe homo- prend une teinte masculine pour la formation de mots nouveaux. Homophobie ne signifie donc pas « peur du même, de son semblable », sur la base du préfixe homo- (« même ») mais bien « aversion, hostilité envers les homosexuels, l’homosexualité ».C'est évidemment un point de détail, mais où se trouve l'intérêt de remettre en cause d'un terme désormais reconnu et évocateur d'une discrimination réelle ? Qu'il échappe à la logique étymologique grecque n'a pas beaucoup d'importance.
2) Mais, derrière cette absurdité, le lobby gay, qui a imposé ce terme dans le débat public, veut imposer l’idée que les personnes défavorables à l’homosexualité (voire simplement celles qui sont indifférentes à l’homosexualité) éprouveraient de la haine ou du mépris pour les personnes homosexuelles. C’est là un sophisme grossier. Et spécialement grossier en ce qui concerne les catholiques.Le document part de l'existence d'un « lobby gay », qui est un terme fantasmatique pour désigner (a priori) les associations de défense des droits, pour lui donner des intentions malveillantes : il voudrait imposer une idée, celle que désapprobation serait synonyme d'aversion.
Le véritable sophisme est là, et il est l'œuvre de Riposte-catholique.
Car lorsque certains protestent contre les raisonnements discriminatoires ou trompeurs, ils ne s'offusquent que lorsqu'on sort du débat contradictoire pour se réfugier derrière les préjugés et les propos insultants. Et quand seuls les arguments sont fallacieux, comme dans la suite du texte que nous étudions, la réfutation suffit à les déconstruire.
Ce point tend à faire passer les homosexuels pour des paranoïaques liberticides, alors que la sensibilité bien réelle du sujet est due aux nombreux débordements imputables aux personnes « opposées à l'homosexualité », orientation sexuelle que l'Église qualifie par ailleurs de « désordonnée ». Faut-il rappeler qu'en 1998, lorsque Matthew Shepard est assassiné pour son homosexualité, des chrétiens s'invitent à son enterrement avec des pancartes « Le SIDA guérit les pédés », « Dieu déteste les homos », « L'enfer existe, demandez à Matt » ? La tendance récurrente que certains ont à jouer avec les limites au nom de la religion induit de fait une certaine méfiance vis-à-vis de l'Église, qui reste un important vecteur de diffusion de ces messages.
3) Comme catholiques, nous condamnons en effet les pratiques homosexuelles comme péché, mais nous n’avons aucune haine ni aucun mépris pour les pécheurs – d’autant moins que nous nous savons nous-mêmes pécheurs et que, par ailleurs, nous savons aussi que beaucoup d’homosexuels souffrent de leur homosexualité.Nous reviendrons sur le péché dans le paragraphe suivant. Mais soit, tant mieux. Précisons que les souffrances évoquées sont inhérentes aux difficultés que peut rencontrer une partie des homosexuels pour se faire accepter en tant que telle, et pas à leur condition. En effet, le regard des autres peut s'avérer particulièrement destructeur dans certains milieux et être responsable d'une importante détresse psychologique. Ce n'est pas l'homosexualité qui crée la souffrance, mais bien le regard que les autres lui portent.
4) Que l’homosexualité soit un péché, l’immense majorité des traditions religieuses le disent. C’est en tout cas un enseignement sans équivoque de la Bible. On le voit dès le livre de la Genèse (Gn XIX), avec le châtiment effrayant de la ville de Sodome. La loi divine déclare laconiquement (Lv XVIII, 22) : « Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. »Évidemment, on trouve dans ces ouvrages bi-millénaires une conception de la société décrivant les mœurs de l'époque. Or Riposte-catholique fait mine de les interpréter littéralement, ce qui n'a pas de sens et est d'une mauvaise foi confondante. Ils citent la Génèse, qui raconte par ailleurs comment Dieu créa le monde en 6 jours, comment Abraham prostitua sa femme, comment Ismaël vécut jusqu'à 137 ans, comment Ésaü était polygame. Puis c'est au tour du Lévitique, car ce livre condamne les actes homosexuels. Mais c'est sans compter qu'il interdit d'ensemencer un champ de deux espèces différentes et de porter un vêtement tissé de deux espèces de fil, instaure la peine de mort pour punir l'adultère et même le blasphème, ou qu'il autorise l'esclavage ! Le site catholique fait fi de ces éléments et estime donc que le rejet de l'homosexualité est un enseignement « sans équivoque » de la Bible. Au même titre que les passages que nous venons de citer, sans doute...
Bien évidemment, la plupart des catholiques sait que la Bible n'est pas à interpréter littéralement (et le revendique) ; mais ces passages bien choisis devraient, par contre, être pris au pied de la lettre. Ce deux poids deux mesures est attristant et montre bien que tous les moyens sont bons pour condamner l'homosexualité au nom de l'Église, quitte à perdre son honnêteté intellectuelle.
De la même façon, saint Paul affirme, liant d’ailleurs l’homosexualité à l’idolâtrie (Rm I, 26-27) : « C'est pourquoi Dieu les a livrés [ceux qui ont adoré la créature au lieu du Créateur] à des passions infâmes: car leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature; [27] et de même les hommes, abandonnant l'usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement. »Là encore, comment se servir de la vision de la société qu'un homme avait dans les années 50 après Jésus-Christ pour conclure sur un tel sujet ? Saint-Paul trouve « malséant » que les femmes s'expriment dans des églises et leur ordonne de se taire dans les assemblées, sans oublier qu'il exhorte les esclaves à s'inféoder à leurs maitres. Que faudrait-il en déduire ? Riposte-catholique sélectionne les extraits qui l'arrangent pour défendre son point de vue, mais prendre à la lettre de tels écrits a des implications nettement plus globales... que le site ne reprend pourtant pas à son compte.
5) Cet accord général des grandes traditions religieuses n’est pas fortuit. Il tient essentiellement à ce que l’homosexualité est condamnée par la loi naturelle, inscrite dans le coeur de tout homme.Les mots sont bien choisis : l'homosexualité serait condamnée par la loi naturelle. Présenté comme étant une évidence, c'est pourtant faux : pourquoi nos cœurs seraient-ils conditionnés à notre mode de procréation, et surtout, pourquoi mépriseraient-ils un amour dépassant notre instinct animal de reproduction ? En présentant un point de vue comme une vérité, le rédacteur abandonne dès lors l'objectivité nécessaire à toute démonstration rigoureuse.
À propos de « loi naturelle », il est important de remarquer que l'homosexualité existe à tous les niveaux du règne animal, preuve ô combien symbolique de son caractère naturel. La page de l'exposition Against nature? est très instructive à ce sujet : « nous savons aujourd'hui que l'homosexualité est un phénomène courant et répandu dans le monde animal. Pas seulement des relations sexuelles de courte-durée, mais également des couples durables ; couples qui peuvent durer toute une vie ».
Quel que soit notre état de vie, nous savons que l’homme a été créé homme et femme et que le plus grand bonheur humain (nous ne parlons pas ici du bonheur surnaturel auquel l’homme a été appelé par le baptême, mais bien du bonheur accessible à la seule nature) est de connaître cet amour et cette communion entre l’homme et la femme, qui donne, selon la Révélation elle-même, l’image la plus exacte de l’amour du Christ et de l’Eglise.Comment comparer le « degré d'amour » et de bonheur entre une relation hétérosexuelle et une relation homosexuelle ? Ce point repose sur un « nous savons » qui traduit bien les limites de cette réflexion : la raison principale pour laquelle l'homosexualité est condamnable est que certains extrémistes pensent qu'elle l'est. Cet argument ad populum ne résiste pas à une analyse rapide : il est tenu par des personnes n'ayant pas connu de relation avec quelqu'un du même sexe. Comment, alors, s'estimer légitime pour les comparer ?
D'autre part, la Révélation chrétienne célèbre avant tout l'Amour qu'il serait bien réducteur de limiter à des considérations biologiques.
6) En particulier, l’amour est naturellement fécond et ne peut être centré exclusivement sur les amoureux, mais les invite à sortir d’eux-mêmes. De toute évidence, « l’amour » homosexuel ne connaît pas une telle fécondité.De toute évidence, le besoin d'être parent s'exprime tout autant chez les homosexuels, dont l'« amour » n'est pas à mettre entre guillemets par déconsidération. Il se retrouve notamment à travers le désir d'adoption, dont on sait que c'est une importante revendication des associations homosexuelles.
La parentalité ne saurait se limiter au processus physiologique de la grossesse, sans quoi Riposte-catholique questionnerait la légitimité des parents adoptifs.
7) Il serait vain d’objecter que bien des couples homme-femme ne connaissent pas une fécondité charnelle. Ce cas ne fait qu’insister douloureusement sur le caractère naturellement fécond de l’amour humain : chacun sait que ces couples souffrent profondément de ne pas connaître cette fécondité. Preuve que celle-ci est tout aussi profondément inscrite dans la nature humaine.Elle est même inscrite dans la nature animale, car elle régit la survie des espèces. La « fécondité » n'est rien de moins qu'un instinct primaire de reproduction.
Il est à noter que les couples hétérosexuels stériles qui « souffrent profondément » de cet état de fait (ainsi que ceux qui ne souhaitent simplement pas d'enfants) ne sont pas moins amoureux que les couples féconds. Leur relation n'est pas inférieure.
Réciproquement, la stérilité des couples homosexuels ne peut pas remettre pas en question leur degré d'amour. Au contraire, le fait que ces derniers souffrent tout autant que les hétérosexuels de ne pas pouvoir être parents (pour des raisons légales cette fois-ci) tend à prouver l'identité des situations.
8) Si parler d’homophobie est absurde, nous pouvons constater que, rejetant la communion avec un être différent (la femme pour l’homme et l’homme pour la femme), les homosexuels pourraient être dit, beaucoup plus justement, « hétérophobes », dans la mesure où ils rejettent l’altérité.Ce n'est pas parce que Riposte-catholique estime que l'Église n'est pas homophobe ou que le terme est étymologiquement discutable que ce concept est absurde !
En revanche, l'invention de l'hétérophobie vaut son pesant d'or.
Parce qu'une personne est attirée par ses prochains du même sexe, elle « rejette » les êtres de l'autre sexe ? Les préférences sexuelles ne forment pas un refus, au contraire. D'ailleurs, cet argument signifierait symétriquement que les hétérosexuels refusant de « communier » avec les homosexuels seraient homophobes. C'est considérer la chose à l'envers : l'homosexualité n'est pas une négation, c'est au contraire l'affirmation d'un amour différent.
9) On objecte souvent le cas des homosexuels qui n’ont pas choisi leur état. Mais il faut distinguer deux choses : les penchants homosexuels et la pratique de l’homosexualité. Les penchants ne sont effectivement pas choisis, et ne peuvent donc pas constituer un péché (qui suppose un acte libre). En revanche, nous ne sommes pas des animaux qui se laissent guider par leur instinct : nous choisissons de succomber ou non à la tentation et nous sommes responsables de nos actes. C’est le mystère de notre liberté et de notre responsabilité.Après avoir démontré que l'homme avait besoin d'amour, les rédacteurs estiment maintenant qu'il devrait y renoncer s'il a le malheur d'être homosexuel. Pour eux, le choix est simple : les homosexuels devraient vivre dans la frustration jusqu'à leur mort plutôt que de s'accepter tels qu'ils sont. C'est d'une grande tristesse, contradictoire avec le reste des « munitions pour la riposte » : si l'Amour est la pierre angulaire de nos vies, pourquoi ne pas l'accepter même quand il prend la forme d'une relation entre personnes du même sexe ? Comme on l'a montré, l'homosexualité est un phénomène naturel qu'il serait déraisonné de condamner aveuglement sur la base d'écrits bi-millénaires. De plus, si « les penchants ne sont effectivement pas choisis » comme Riposte-catholique le reconnait, pourquoi Dieu imposerait-il à une telle part de l'humanité de vivre contre ses sentiments et passions, cruelle source de malheurs ?
Prétendre que les personnes dotées de penchants homosexuels sont contraintes d’y succomber, c’est supposer que nous n’aurions aucun moyen de résister aux tentations que nous connaissons fréquemment dans notre envie. Ce qui reviendrait à nier notre liberté… et à faire de notre vie et de celle de nos proches un enfer !Une orientation sexuelle n'est pas « une tentation », c'est une caractéristique intrinsèque de notre identité, puisqu'elle détermine la qualité des personnes avec qui l'on cheminera au cours de sa vie. On peut lutter contre, exactement comme choisissent de le faire les ecclésiastiques. Mais il est déraisonnable de blâmer ceux qui préfèrent s'assumer tels que la nature (ou Dieu) les a fait, et de demander à toute une frange de la population d'abandonner l'ambition de fonder une famille parce qu'ils ont la malchance d'être homosexuels.
10) En revanche, il est bien évident que nous ne sommes pas tous aussi coupables de succomber à telle tentation, ni aussi méritants d’accomplir telle bonne oeuvre. Et nous n’avons aucune prétention à juger de la responsabilité de tel homosexuel. Dieu seul est capable de juger de cela. Pour nous, nous nous contentons de dire que l’homosexualité est un péché ; nous prions pour les homosexuels ; et nous nions vigoureusement que cela fasse de nous des « homophobes » !La démonstration de la nature pécheresse de l'homosexualité est à peu près aussi convaincante que l'argumentaire anti-Galilée de l'Église (la Bible contredisait la thèse héliocentrique : le psaume 93 disait « tu as fixé la terre, immobile et ferme », Josué X 12-14 faisait état de l'arrêt de la course de la Lune et du Soleil) et relève bien plus des a priori de ses auteurs, dont l'opposition dogmatique transparait tout au long du document : « lobby gay », amour homosexuel mis entre guillemets, déconsidération de l'attirance pour les personnes de même sexe (Amour hétérosexuel mais penchants homosexuels).
L'Église condamne des actes par tradition et par inertie, alors qu'une remise à plat est nécessaire pour aborder de manière intelligente et actuelle le problème. En criant haro sur l'homosexualité, l'Église est responsable des dérives de ses fidèles et de bien des blessures psychologiques infligées aux homosexuels.
Il y a en effet toute une gamme de nuances entre l'absence de soutien à l'homosexualité (qu'on peut comprendre) et sa condamnation explicite comme étant un « désordre moral [qui] entrave la réalisation et la satisfaction personnelle ». Et ce sont bien les mots de l'Église, via la congrégation pour la doctrine de la foi dont Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI, était à l'époque le préfet.
L'argumentaire de Riposte-catholique sonne alors bien creux...
Inscription à :
Articles (Atom)